Vous aimez les ouvrages dérangeants qui s’amusent à tester les limites du lecteur ? Ne cherchez plus ! Les éditions Sonatine viennent de le publier en cette fin de septembre avec Chasse à l’homme, un nouvel ouvrage que l’on a beaucoup de mal à quitter une fois plongé dedans.
On est ici dans le roman d’horreur dans toute sa splendeur, avec du gore, du très gore même qui ne néglige pas l’écriture pour autant en nous proposant des personnages travaillés, particulièrement intéressants.
Chasse à l’homme, c’est le premier roman de Gretchen Felker-Martin, une autrice américaine qui est aussi critique de cinéma. Dans cet ouvrage, une épidémie a transformé les êtres humains à haut niveau de testostérone en des créatures uniquement mues par leurs besoins les plus primaires : se nourrir, violer, tuer. Tous les individus masculins sont ainsi devenus de dangereux zombies. Beth et Fran, deux femmes trans, sont chasseuses d’hommes : elles ont en effet besoin d’absorber les œstrogènes contenus dans leurs testicules pour éviter la contagion. Bientôt, elles vont devoir affronter des ennemis plus impitoyables encore : une armée de féministes radicales, qui haïssent les femmes trans encore davantage que les hommes.
A première vue, je ne suis pas un grand amateur des romans post-apocalyptiques d’horreur, gore et trash. Les thrillers et autres polars sont plutôt mes lectures favorites mais la réception de cet ouvrage m’a permis de modifier mon point de vue sur ce genre de littérature. Je ne suis pas trop fan non plus des films gore et des films d’horreur.
Alors ici, avec cet ouvrage, on peut dire que l’on est servi pour ce qui est du trash et du gore autour de quatre personnages principaux qui sont transgenres : les crimes, la torture bien crade, l’extrême violence qui va avec, les viols, la pornographie. L’auteure prend un malin plaisir à nous embarquer dans cette ambiance nauséabonde et interdite qui ne peut laisser insensible personne.
Mais en même temps que le livre cherche à nous déranger, ce qui est totalement réussi, il n’en oublie pas aussi de nous faire réfléchir sur des thématiques sociétales d’actualité autour du féminisme et du pouvoir. Ici, on est bien loin des gentilles féministes qui cherchent à obtenir l’égalité avec les hommes et on se rend bien compte de ses dérives qui mènent à l’extrémisme. Un extrémisme que l’on retrouve aussi au niveau du pouvoir politique, le livre nous montrant aussi comment on peut tomber rapidement dans un pouvoir autoritaire militarisé.
C’est un ouvrage que l’on pourra ranger dans la catégorie des livres clivants car je pense que son côté extrêmement trash et cru devrait lui faire perdre des lecteurs qui ne supporteraient pas les passages très explicites sur la violence et la sexualité. Les autres, le supportant volontiers (certains adorent même ça) avaleront les chapitres les uns après les autres, portés par des rebondissements multiples et l’envie de savoir où se terminera cet ensemble si malsain.
Chasse à l’homme fait donc partie de ces ouvrages qui ne ressemblent à aucun autre, de ces livres que l’on peut abandonner très rapidement (cela serait une erreur à mon avis) devant l’excès d’hémoglobine et de violence mais que l’on peut aussi adorer. A vous de vous faire votre idée, en espérant que vous n’ayez pas trop l’estomac retourné. |