En
prenant pour nom le titre d’un morceau des Tindersticks, le groupe
espagnol el diablo en el ojo affichait ouvertement ses références
et ses ambitions. Son premier album nit, sorti en
2001, chanté principalement en anglais, avait retenu notre attention
notamment du fait de l‘émergence de la scène indé
ibérique et de la voix très prégnante et polymorphe de
Jordi Maranges.
Leur second album DIABLOMAR était donc attendu
d’autant qu’il était annoncé comme ambitieux avec
la revendication des origines ethniques et la création d’un style
vocal précurseur en Espagne.
Effectivement, les textes alternent anglais et espagnol et même catalan,
et il est patent que le groupe s’émancipe de ses premières
influences – on est bien loin des Tindersticks, de Nick Cave
ou Morrissey – pour tendre vers des mélodies plutôt
pop comme dans "Italian princess" où l'on retrouve
le coté pop anglaise façon Gene (grands imitateurs des Smiths
devant l'éternel).
Seule constante, la voix de Jordi Maranges qui n’a peut être pas
encore trouvé son point d’équilibre. Ainsi, si elle épouse
parfaitement les rythmes hispanisants de , "Ritmo partido"
et "Jonas y sueno", elle adopte quelques intonations à
la Sigur Ros sur "Jupiter", morceau très
pop, voire même un peu american folk qui n’est pas sans rappeler
Grant Lee Buffalo.
Le cœur de l’album navigue dans les mélodies lentes avec
"La tardor" et "El mar" dans lesquels
la voix est mise en retrait au profit d'une ambiance faite de piano et de roulement
de cymbales, qui n'est pas sans rappeler Radiohead période The
bends en plus dépouillé, "Parece invierno"
teinté de jazz au texte en espagnol, susurré plus que chanté
et Nightlife aux accents de crooner manière Jay Jay Johanson.
Seul "Nuevos juegos, nuevos vertigos", variante de "Justine"
figurant dans le premier album, qui donne dans le ton cabaret façon Kurt
Weill (dixit la bio) mais à la mode espagnole renoue avec le côté
cirque triste ou chanson néo réaliste joyeuse, au choix.
Au final, un peu de déception car il est difficile de savoir vers quelle
direction artistique se dirige ce groupe qui manifestement semble encore chercher
sa propre identité musicale. |