Interview
(Studio Little, Paris) samedi 16 décembre 2023
Lors de l'enregistrement de la session de Casagrande et de Fabien Martin, au studio Little, nous avons rencontré Nicolas Contant, âme et unique membre du groupe qui ne porte pas son nom, Casagrande. Il a présenté son album Villes Sauvages, aux influences diverses et classieuses, au Café de la Danse, le 9 janvier, en première partie de Fabien Martin, qui est aussi le producteur de l'album.
Tu as commencé ta carrière musicale au sein d'un groupe Pendanstàn (NDLR : ça se prononce "Pendant ce temps". Ne faîtes pas comme moi à chercher une pronociation hispanisante). Comment en êtes-vous venu à sortir un disque solo ?
Nicolas Contant : En fait, j'étais le seul qui voulait vraiment sortir un disque. D'accord, les autres avaient plus de talent que moi, mais moins envie de mettre les mains dans le cambouis de la machine. Et puis on n'avait pas forcément le budget non plus. Pendanstàn s'est séparé en 2015 et moi, j'ai attendu quelques années. J'ai rencontré Fabien sur Facebook et je me suis dit : "je ne peux pas avancer forcément comme je veux avec les autres, donc il faut que j'y aille tout seul".
Tu as habité à La Rochelle, à Tours, à Paris et maintenant tu vis à Dijon. Est-ce que tu dirais qu'on retrouve un côté troubadour sur ton album ?
Nicolas Contant : J'ai habité à La Rochelle, quand j'étais petit et ado. À Paris, quand j'étais grand. Et donc, maintenant que je suis vieux, je suis à Dijon. Je ne sais pas si on retrouve dans mes chansons le goût du voyage. Mais en tout cas, ces chansons ne sont pas attachées à une terre, à un endroit.
Dijon, je n'y habite que depuis un an. Par contre, je suis en train d'écrire une chanson qui s'appelle "Pourquoi j'ai quitté Paris". Mais, a contrario, je ne vais pas faire une chanson sur Dijon pour jouer à Dijon, du genre "Ah ! Vous avez vu les gars ? Gros clins d'œil". Je préfère suivre ma route. Personnellement, je ne me sens pas sans racine, mais plutôt comme un badaud. Moi, ce que je préfère faire dans la vie, c'est marcher, rencontrer des gens et découvrir leur histoire. Je n'aime pas trop m'arrêter quelque part. La ville où je me sens vraiment chez moi, où j'ai mes racines, c'est plutôt Tours, parce que c'est là que je suis né en fait.
Est-ce que tu as l'impression de faire partie d'une petite famille de chanteurs et de musiciens ? D'une part, parce qu'aujourd'hui on se rencontre dans le cadre de l'enregistrement de ta session et qu'il y a d'autres artistes. Et d'autre part, parce que tu as aussi participé aux Siestes Acoustiques de Bastien Lallement. D'ailleurs, les Siestes Acoustiques t'ont-elles fait découvrir de nouveaux camarades de jeu ?
Nicolas Contant : En fait, le milieu de la chanson est une niche avec plusieurs familles. Il y a des chansons plus dans une cible quinquagénaire, quadragénaire, trentenaire... Et ces familles, elles ne se mélangent pas tant que ça. Mais oui, j'ai vraiment l'impression qu'il y a une petite communauté avec Fabien (Martin), avec Paul-Marie (Barbier, de Caravan Palace), avec Jeff (Hallam), Ours, Jil (Caplan), Armelle (Pioline, de Superbravo). C'est un peu une petite communauté.
Et ensuite ce sont des cercles qui peuvent grandir, parce que, après, tu as le cercle Bastien (Lallement) qui touche à celui-ci, puis le cercle Albin de la Simone. Aux confluences de tous ces cercles, tu peux aussi croiser Charles Berberian parce que ces chanteurs ont aussi des liens avec le monde de la BD. Ce sont des petites galaxies.
Et pour moi qui suis très très longtemps resté côté auditeur et fan, c'est un rêve éveillé de parler avec des gens avec qui on peut dire qu'on est collègues. On se raconte des choses du genre "Tu connais cet attaché de presse ? Tu as fait cette salle-là ? Il est sympa, Bernard. Tu devrais l'appeler de ma part...." Donc oui, je me sens faire partie d'une famille. Fabien a eu un rôle absolument incroyable. Il est venu me voir, et il m'a fait rentrer dans ce cercle. C'est une très grande chance.
Pour les Siestes Acoustiques, j'y suis allé en tant que spectateur à Dijon, où une famille, les Perrichet, organisent des concerts chez eux. Ce sont de grands amis de Bastien. Il y avait Clou, Diane Sorel et plein de super musiciens. A la fin, je discute avec Bastien. Je lui dis : "Tiens, j'ai fait cet album, dans lequel il y a un duo avec Armelle". Et il me répond : "Tu n'as qu'à venir à la sieste acoustique du 27 août". Je lui réponds : "Avec plaisir". Et là il me dit : "Mais tu viens pour jouer". Ça a été très très très très chouette de le faire. Peut-être qu'il y aura d'autres occasions de jouer avec lui. J'aimerais beaucoup parce que, encore une fois, je me sens vraiment dans ma famille.
Sur Froggy's Delight, la chronique de ton album évoque à ton propos Sheller, les Innocents, XTC, Aujourd'hui, tu portes un t-shirt de Notwist. Est-ce qu'il y a un peu de de tout ça dans ce qui t'abreuve ?
Nicolas Contant : Il y a beaucoup de trucs anglo-saxons, beaucoup plus que de trucs français. Mais la personne qui m'a vraiment donné envie de faire de la chanson, c'est Dominique A. Or, quand il parle de ses racines, il parle d'abord de ses racines anglo-saxonnes. Moi, je ne fais pas encore de choses en anglais, mais je commence à travailler avec Jeff Hallam, et j'aimerais rechanter en anglais. Mais - et je sens que je vais dire un truc très con - le français c'est ma langue, et il y a des choses que je veux dire qui sont liées au français. Je serais incapable de le faire en anglais, en fait.
Avignon se termine et on fait le plein de spectacles formidables que nous avons découverts au festival OFF. Un peu de musique, des festivals, de quoi passer un bon été, sportif ou non ! Et
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