Trop habitués sans doute aux grandes figures brésiliennes, de Vinicio de Moraes, à Jorge Ben, en passant par Bebel Gilberto, Gilberto Gil et Carlos Jobim, entre autres, nous avons un peu perdu de vue la scène musicale brésilienne, souvent réduite à des clichés, pensant à tort qu'elle resterait à jamais confite dans une dévotion classique à la bossa et la samba qui ont connu un succès international depuis les années 60 et une appropriation populaire dans tous les pays.
Et finalement, après l'année du Brésil en France en 2005, nous découvrons maintenant la nouvelle génération qui a su puiser dans ses racines de toujours, dans cette langueur colorée pleine de sensualité et de mélancolie, pour les ouvrir aux sonorités nouvelles.
Après Seu Jorge, d'ailleurs présent sur un titre vigoureux et envoûtant ("Arrête là, Menina"), voici Cibelle, précédée d'une réputation de "nouvelle sensation de la scène électro-brésilienne" qui, avec The shine of a dried electric leaves, a immergé son coeur dans un bain de jouvence électro-pop parfumé de trip-hop et de soul.
Emaillé de reprises élégantes et réussies, "Gren grass" de Tom Waits, "London, London" de Cateano Veloso en duo avec Devendra Banhart, "Por toda minha vida" de Carlos Jobim, l'album livre les compositions de la belle écrites sur mesure pour sa voix chaude et sensuelle, qu'elle chante en anglais, en portugais ou esquisse quelques phrases en français..
Au rythme d'une production classieuse, elle tisse des ambiances feutrées et addictives qui lorgne vers différents horizons, du post-rock ("Phoenix") au trip hop ("Flying high"), de l'étonnant bidouillage électro-jazzy de "Mad man song" avec les spoking words de Spleen aux sonorités plus roots ("Minha Neguinha", "Esplendor") qui sauront séduire.
Et il y le superbe "Train Station" dont on ne saurait se lasser. |