Voilà là un ouvrage d’histoire qui traite d’une période s’avérant être un peu tombée dans les oubliettes de notre mémoire. A la baguette de cet ouvrage couvrant la période 1944-1954 se trouve Eric Branca, un historien et journaliste bien connu chez Froggy's Delight.
La Quatrième République n’est souvent connue que par sa crise finale qui déboucha sur l’avènement de la Cinquième. Ses débuts, dans le sillage de la Libération, constituent pourtant l’une des périodes les plus folles de l’Histoire contemporaine.
Au cours de cette période, d’immenses fortunes se sont édifiées sur le crime et la corruption, des carrières fulgurantes sur l’imposture se sont mises en place avant de s’effondrer dans la honte. On a pu voir aussi d’anciens collaborateurs parvenir au sommet de la hiérarchie judiciaire grâce aux procès de l’épuration.
On apprend énormément de choses sur cette période trouble en lisant les six chapitres qui composent l’ouvrage. A tous les étages de la société, il apparaît évident que le travestissement fut l’artifice le plus usité pour s’adapter aux temps nouveaux. Certains n’hésitent pas à s’inventer un passé de résistant, un autre, complice des nazis parvient à se faire élire député sous une fausse identité. On invente de faux complots, on dissimule d’authentiques séditions aussi. Les mensonges règnent et l’impunité aussi à l’époque.
Pour pouvoir nous proposer cet ouvrage, nous raconter cette histoire oubliée jamais évoquée, l’auteur a fait un travail de recherches conséquent sur des archives oubliées ou jamais consultées. Tout cela nous dévoile des personnages douteux de cette Quatrième République, ce qui résonne évidemment avec notre époque où de nombreux hommes politiques ne sont pas toujours d’une très grande honnêteté.
Joanovici, qui arrive à se faire passer pour un héros, Jacques Ducreux, élu alors qu’il fut un espion au service de l’Allemagne mais aussi Roger Peyré, ancien membre de la milice font partie de ces imposteurs que nous raconte l’auteur. Branca s’intéresse aussi au contexte de cette période, en pleine guerre froide, au moment du plan Marshall aussi et de la création de l’Europe.
Il s’intéresse aussi à ceux qui n’ont pas fauté pendant la guerre mais qui n’ont pas oublié de devenir malhonnête après 1945. On apprend des choses très intéressantes concernant Raymond Aubrac notamment.
Tout cela au final, pour un ouvrage d’histoire qui se lit très facilement, nous dresse un tableau très trouble de la Libération, sur une période glorieuse qui ne l’était pas tant que cela au final.
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
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