Spectacle écrit et mis en scène par Laurent Contamin avec Lorena Felei.

Luna fait ses cartons, et part vivre sa vie de jeune femme avec son compagnon, laissant sa mère, Lorena, seule avec ses souvenirs. Les souvenirs de ses origines, et son destin de petite fille en exil en France, avec ses parents.

Lorena nous raconte l'histoire de son pays natal, le Chili, et les dramatiques événements de 1973 lorsque la junte militaire réalise un coup d'état pour destituer Salvadore Allende et son gouvernement, pourtant élus démocratiquement.

La répression est sanglante, et la révolution sociale engagée par Salvador Allende sera empêchée. Les conséquences pour la famille de Lorena sont immédiates, et la famille doit fuir le Chili, car le couple est dorénavant persona non grata.

Qu’emporte-t-on avec soi lorsqu’on part si subitement, sans savoir si ce sera pour quelques semaines ou pour la vie ? Pour Amanda, la mère de Lorena, il est inconcevable de partir sans son paravent. Un paravent en bois de flambloyant, arbre typique du Chili, orné de magnifique fleurs rouges. Les fleurs rouges, symboles aussi de l’engagement social de cette famille chilienne puis française.

Lorena fait une embardée historique et rend hommage à Louise Michel qui, un siècle plus tôt, était exilée vers la Nouvelle-Calédonie, après que la Commune de Paris ait été renversée au cours de la Semaine sanglante, et qui fera l'objet de très nombreux massacres. Son rêve d'une société égalitaire meurt sous les balles de Thiers et des Versaillais.

Ce seule-en-scène met en perspective les trajectoires de vie de ces deux femmes éprises de justice sociale et de la liberté, les faisant résonner l'une avec l'autre, et leur rend un vibrant hommage. Qu’en est-il, aujourd’hui, de notre devis "liberté, égalité, fraternité", héritage de la révolution ?

La comédienne, Lorena Felei, juste et touchante, entre nostalgie et idéal, nous interroge sur notre propre vision de ce que veut dire faire société, société juste et égalitaire.

La mise en scène et le décor sont sobres et épurés, le fameux paravent de famille sert de support aux projections de photos, et à l’évocation du passé familial.

Du théâtre politique, entre fiction et documentaire intime, qui fait écho à nos destins universels.