Quoi de mieux que L'univers pour résumer en détail le monde de 12twelve ?
Inconnu de la plupart du commun des mortels de l'hexagone, 12twelve gagne à ne plus l'être, tant sa musique oscille avec force entre jazz et rock, perdant son identité sur les rythmes syncopés de batterie, faisant oublier à l'auditeur ses - maigres - connaissances en la matière du Bitches brew de Miles Davis aux – trop - commentés albums de Mahavishnu Orchestra et Mc Laughlin. Dernier préambule ; ce groupe est espagnol, mais universel.
12twelve, à l'écoute, c'est avant tout un collectif soudé dans le dissolu et l'abstrait. Capable de tenir éveillé et à l'écoute tout au long de ses seize plages aussi variées que lointaines. Un autre monde sans paroles, force de l'instrumental jazz, piochant allégrement dans le beat des Doors période L.A. Woman ou Break on Through ou Morphine, pour le jeu des cuivres ("Mr Gesus"). Un peu de Wah Wah par ci par là ("Professor Ali")…Du jazz dans la peau et le rock en guise de couverture.
Sur L'univers, les notes sont des mots, qui en disent long, par leurs ruptures, les mouvements, l'orgasme qui monte à l'annonce des changements de tempos, variations de tons, instruments qui se relaient sur les parties lead, font oublier l'absence de paroles. Science de l'ouverture et du contrepoint ("La habitacion de Albert"). L'auditeur se trouve nez à nez avec sa propre conscience, nu devant l'océan, restant à se demander s'il doit tremper son corps ou non.
Une fois oubliées les errances bordéliques intermédiaires, à savoir les interludes et transitions réellement psy ' et agaçantes, reste une musique dénuée de toute étiquette, jouant sur les orgues 60' ("Intonarumori") comme sur la contrebasse ronde et chaude. Mystique comme un Be-Bop placé en orbite. 12twelve joue un jazz de l'espace, groupe en apesanteur, carburant à l'apesanteur, sans s'appesantir.
Nul doute. Avec ce quatrième album, 12twelve tient sûrement la note bleue. Facile mais pas d'autres conclusions possibles. |