Damon Albarn, le beau gosse gentiment rebelle, est une star.
Charismatique en diable, il fut Blur à lui tout seul, l'homme sous les sunlights. Star à contre pied dans le projet Gorillaz, il continue de faire recette, caché pourtant derrière des personnages animés.
Pourtant, Damon Albarn n'est pas Blur. Du moins, Blur n'est pas seulement Damon Albarn. C'était aussi Graham Coxon. A la fois alter ego et faire valoir de son blondinet de chanteur. A chacun son Johnny Marr n'est ce pas?
Quoi qu'il en soit, et mine de rien, Graham Coxon, la guitare incisive de Blur, en est à son sixième album solo et il serait temps de se rendre compte, ailleurs que dans des cercles un peu trop vicieux et restreints, que ce garçon est bourré de talents.
Talent de guitariste bien entendu et avant tout. Ce garçon à l'air potache planqué derrière ses lunettes arty (qu'il pose consciencieusement sur son ampli quand il commence à s'agiter sur scène) est un grand guitariste. Pas de solo pour tester les enceintes au rayon hi-fi de chez Carchan mais un bon vieux jeu de guitare tripal et techniquement impeccable qui vous prend là et qui vous fait danser jusque là (fig. 1).
Talent de compositeur aussi, car les 13 morceaux de cet album sont tout simplement sans faille. Ô bien sûr il n'y a pas que des chefs d'oeuvres mais chaque titre tire son épingle du jeu, réussit à nous faire chantonner, gigoter, voire les deux en même temps !
Et enfin talent de chanteur puisque non content de gratter les cordes, Graham assume dans son projet solo le chant, chasse gardée de Damon dans une vie pop antérieure. Ici Graham Coxon se lâche et n'a pas peur parfois d'érafler les plates bandes de Albarn, se parant d'une voix très bluresque sur des titres qui ne le sont pas moins.
Cependant, les compositions de Coxon sont plus immédiates et, osons le dire, moins cérébro-masturbatoires (pardonnez le terme), que celles de feu Blur. Une grosse partie de l'album est même franchement punk, flirtant avec la belle époque du Clash ("Don't let your man know" à des odeurs de "Lost in the supermarket"). C'est même aux Buzzcocks que l'on pense sur "Gimme some love", titre expéditif de 2 minutes 30 qui suffit déjà à notre bonheur. Mais la frontière est mince avec la pop bluresque qui revient en force sur certains titres comme "Just a state of mind" ou "You always let me down" digne d'un "Song #2" sur lequel Coxon semble cracher son texte à la face du monde !
Et c'est en connaisseur que Coxon se livre sans complexe à un rock des plus classique à la sauce pop anglaise sur "What's he got ?". Sorte de mélange fort heureux entre le rock US des 60's (riff de guitares, harmonica) et la pop anglaise de nos jeunes années.
On en vient presque à regretter ce "Don't believe anything I say", un peu guimauve en comparaison des autres titres et venant couper un peu le souffle de l'album et de l'auditeur au mauvais moment.
Et quand bien même ce Love travels at illegal speeds se termine sur un titre très Blur, c'est définitivement lorsque la guitare grinçante est aux prises avec la voix saturée que Graham Coxon nous enchante définitivement.
Love travels at illegal speeds est un régal qui ferait presque espérer (au même titre que Gorillaz) que Blur ne se reforme jamais !
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