Pour son nouveau disque, Babx a laissé sa voix à des enfants, au chœur de La Maîtrise Populaire de L’Opéra-Comique pour "Une œuvre consacrée à la révolte actuelle de la jeunesse confrontée à un avenir incertain et au dérèglement climatique" qui fait forcément sens en ces jours troubles (en plus de la pertinence du choix du chœur de la Maîtrise Populaire de L’Opéra-Comique qui rassemble sous la même bannière (artistique et éducative) des enfants d’origines sociales ou géographiques différentes).
Si David Babin (Babx) s’est occupé de la musique, il s’est appuyé sur des textes du poète anglais William Blake, de l’écrivain américain James Baldwin ou de Pasolini. Un disque comme un véritable engagement (ce qui n’a rien de surprenant quand on connait le chanteur) : "L’on me demandait d’écrire pour un chœur d’enfants au moment même où des milliers d’entre eux se mobilisaient à travers la planète, emmenés par Greta Thunberg, pour ouvrir les yeux de leurs ainés sur la situation climatique. À quelques mois près, une jeune femme américaine de 16 ans à l’époque, Emma Gonzalez, prononçait le plus puissant discours jamais entendu jusqu’alors pour éveiller son peuple sur le fléau des armes à feu dans son pays, juste après le massacre perpétré dans son lycée de Parkland tuant dix-sept personnes dont quatorze enfants".
Pas un spectacle pour enfants mais Babx a "imaginé une sorte d’oratorio ou de suite liturgique-païenne (il n’est jamais question d’un quelconque dieu dans cette France) dans lequel les enfants marcheraient de l’ombre que "nous" leur laissons vers la lumière et la Vie". Pas véritablement un oratorio au sens strict du terme mais donc une œuvre musicale où il est au piano, accompagné de cinq musiciens (violoncelle, contrebasse, clarinettes, percussions) et de la cinquantaine d’enfants et adolescents de la Maîtrise. Une œuvre où l’on retrouve toute sa poésie et sa force musicale rappelant parfois Fauré, Duruflé, la musique minimaliste, le blues, le gospel ou le free jazz.
Le résultat est d’une grande beauté musicale et d’une grande force narrative, parce que les enfants représentent notre avenir "Je n’ai surtout pas voulu écrire de la musique "pour enfants", conscient et confiant que je suis dans les enfants pour porter et illuminer toutes les musiques et toutes les paroles, fussent-elles parfois dures à entendre et à prononcer. Leurs luttes et leurs combats, aujourd’hui comme hier, en attestent". C’est donc une musique engagée, connectée avec les interrogations et les questions importantes de notre monde. Un dépassement par l’art, la musique, et la jeunesse, par la poésie, entre lucidité, idéal et transcendance. Superbe.