Comédie dramatique de Tennessee Williams, mise en scène d'Elsa Royer avec Gaëlle Billot-Danno, Alexandre Chacon, Violaine Fumeau-Silhol et Nicky Marbot.
"Un tramway nommé désir" de Tennesse Williams, salué par ses contemporains comme le nouveau génie du théâtre américain, celui arc bouté entre réalisme et psychologisme, est une œuvre troublante et riche à l'écriture belle et ciselée qui manie à la perfection l'art de brouiller les pistes.
La mort, la folie et le désir sont au cœur d'une tragédie qui se noue autour du personnage de Blanche et qui réside dans le refus de la différence.
A la Nouvelle Orléans, Blanche, petite fille schizophrène de Scarlett O'Hara, a pris un tramway nommé "Désir" puis un autre nommé "Cimetière" pour venir aux "Champs-Elysées", quartier sordide où vit sa soeur qui a épousé un simple ouvrier violent et frustre. Des noms évocateurs qui scandent et scellent le destin de la jeune femme. Face à ces terriens que sont sa sœur, son beau-frère et un ami de celui-ci, Blanche apparaît comme un trublion dérangeant qui engendre violence des sentiments et conflit psychologique.
Dans une mise en scène singulière et inspirée, faite de réalisme et de poésie, des rideaux de plastique semi-opaques délimitant ces univers inconciliables, Elsa Royer a pris le parti d'axer sa mise en scène sur le personnage emblématique de Blanche, interprétée de manière intense, sensible et habitée par Gaëlle Billaut-Danno qui rend à merveille l'ambivalence du personnage, et c'est par son regard que le spectateur appréhende les autres protagonistes de ce réglement de comptes.
Réglement de comptes car aucun des personnages de Tennessse Willimas n'est monolithique et autant Violaine Fumeau-Sihol, Alexandre Chacon que Nicky Marbot parviennent à les incarner avec justesse et humanité.
Du beau théâtre. |