Les choses m'échappent
(Hellzapoppin Records) mai 2024
Les Mercuriales, ces tours de bureaux célèbres tant par leur inutilité tant que par leur architecture, sortes de mini Twin tower à l'ouest de Paris ont au moins servi à donner leur nom au nouveau projet musical de Jean-Pierre Montal, auteur, musicien et chanteur ligérien.
Il faut dire que le garçon aime l'architecture brutale des années 70 et nous régale régulièrement de ses photos sur les réseaux sociaux.
Mais il n'aime pas que la photographie d'architecture et se passionne aussi pour l'écriture ("Les années Foch", "Les leçons du vertige") et a même consacré un ouvrage à Maurice ronet ("Les vie du feu follet"). Il aime aussi le rock, voire le rock vintage et est un grand fan de Lou Reed.
Enfin n'oublions pas que Montal n'en est pas à son premier projet musical. Nous l'avions découvert en 2004 avec son projet Temper (album New place, New face), alors signé sur Talitres et chanté en anglais. Un album déjà remarquable.
Il a donc fallu 20 ans à ce touche-à-tout pour reprendre du service sur le plan musical et si l'attente a été longue, il faut reconnaître qu'elle en valait la peine. Au rayon des changements : le groupe et la langue notamment. Le groupe d'abord qui est impeccable sur disque est composé de Fred Collay, Thomas E. Florin, Stanislas de Miscault, Jean-Pierre Montal, Sam Ramon et Sophie Massa et joue un rock inspiré et un brin vintage, sec et sans fioriture mais parfaitement exécuté pour servir au mieux la voix.
La langue aussi a changé puisque Montal laisse l'anglais de côté et passe au français. Excellent choix qui permet de profiter de toute la subtilité de ses textes.
Montal se balade dans notre société actuelle comme il se balade dans les rues pour y capter les curiosités architecturales en photos. C'est-à-dire avec un certain décalage et un regard à la fois amusé et un peu cynique. Brut et pourtant finement détaillé.
Et tout y passe, des politiciens aux influenceurs, l'amour et même la mort puisque ce sont même les premiers mots que l'on entendra sur cet album. Toutes les supercheries et les travers de notre monde actuel sont évoqués. Un inventaire un rien militant mais surtout un peu désabusé. Le titre de l'album d'ailleurs en est le parfait résumé : Les choses m'échappent.
Le tout chanté par un Montal qui n'a définitivement plus peur de ses pairs et se livre voix et âme à ses amours musicales. Une voix plus que jamais évoquant Lou Reed sur des musiques que n'aurait sans doute pas renié le mythique New Yorkais.
On est là face à un court disque impeccable de bout en bout, un vrai disque de rock français. Loin des clichés mais plein de références, Les choses m'échappent ne doit pas échapper à votre écoute.
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