Spectacle écrit et mis en scène par Jacques Descorde, avec Patrick Azam, Gaspard Liberelle, Cédric Veschambre.
Un père journaliste a bien du mal à établir le contact avec son fils adolescent qu'un nouvel ami, mystérieux ange noir aux cheveux rouges, va éloigner encore davantage.
Jacques Descorde ne s'embarasse pas de fioritures mais propose du concret et des dialogues tendus pour décrire la relation conflictuelle entre un fils et son père. Une fracture qui semble insurmontable et une incommunication grandissante encore attisée par le troisième personnage, l'ami du fils, qui sera l'instigateur du meurtre du père.
Interprété par trois comédiens remarquables (Patrick Azam, Gaspard Liberelle et Cédric Veschambre), "Ce que nous désirons est sans fin" tiré d'un fait divers sordide (l'assassinat du journaliste Bernard Mazières) offre une tentative d'explication du crime dans un drame sombre et sans concession.
Tandis qu'une nuée d'oiseaux noirs traversent le ciel (beau travail vidéo de Fanny Derrier) comme un présage funeste dans la scénographie glacée de Camille Allain Dulondel et qu'un compte à rebours s'égrène à l'écran, les scènes deviennent de plus en plus anxiogènes dans une tragédie où nul espoir n'est permis (si ce n'est l'image finale).
Avec cette allégorie de notre société, Jacques Descorde à partir d'une écriture de plateau construit un suspens insoutenable jusqu'au malaise que sa mise en scène nerveuse conduit avec maestria, une histoire de douleurs qui ne se rencontrent jamais.
Édifiante et implacable, une pièce à couper le souffle. Du très grand théâtre. |