Le Festival international de la Chanson de Granby (FICG) est un événement majeur de la musique francophone qui se déroule chaque année à Granby, au Québec, dans les Cantons de l'Est, une région connue entre autres pour ses vignobles. Ce qui est déjà la promesse de faire des découvertes au-delà du domaine de la musique.
Il s'agit cette année de la 56ème édition du festival. Le FICG a été créé le 8 mai 1969. En 1989, le festival s'est internationalisé, adoptant son nom actuel. Depuis plus de 50 ans, le FICG s'est imposé comme un tremplin incontournable pour les artistes francophones émergents en Amérique du Nord. De nombreux artistes désormais connus y ont concouru comme Fabienne Thibeault en 1974, Jean Leloup, Linda Lemay ou plus récemment Klô Pelgag ou Lisa Leblanc.
Le FICG récompense les participants à ce concours à travers divers prix qui incluent des opportunités de carrière, une exposition médiatique et un soutien financier pour les lauréats. Le festival joue un rôle crucial dans la promotion et le développement de la musique francophone au Québec et auprès des francophones vivant dans les autres provinces du Canada (Ontario, Alberta, Nouveau-Brunswick...).
Le FICG n'est donc pas exactement un festival tel qu'on pourrait l'imaginer, avec plusieurs scènes sur un site fermé. Comme le Printemps de Bourges par exemple, il y a des concerts ouverts au public, mais c'est aussi un haut-lieu de rencontre pour les diffuseurs canadiens et européens, l'occasion de voir les spectacles d'artistes émergents en live et de favoriser les échanges. Par exemple, lors de ces "vitrines" (showcases en français européen), on a eu l'occasion, lors des éditions précédentes, de voir par exemple Giedré, Lonny, Martin Luminet ou Mansfield Tya... venir présenter leur travail à des programmateurs d'Amérique du Nord.
En suivant ce festival sur plusieurs années, c'est aussi l'occasion de voir l'évolution du marché de la musique et de se rendre compte de nouveaux thèmes qui infusent dans la musique.
Le 13 août, avait lieu la première demi-finale du concours de la chanson, au Palace, jolie salle de 900 places au cœur de la ville. Chaque candidat ou groupe, soutenu par un "house band" si besoin (par exemple, chez Jimmy Fallon, le house band de l'émission, ce sont The Roots).
Ce soir-là, on a vu la disco 70's, inspirée par Edwig & the Angry Inch, du groupe Flight of the Oryx, la pop folk très douce de Julia Larochelle, le rap biberonné à Radio Radio de Jono, le r'n'b d'une ancienne chanteuse de La Voix (l'équivalent québécois de "The Voice" sur les chaînes françaises), Marie-France Lantin, la pop chanson concernée d'Alexandre Evans, et enfin le punk amidonné façon comédie musicale de Luc Plamondon de Véloce André.
Tous les projets de ces jeunes artistes ne sont pas au même niveau de maturité. Un jury choisit les candidats qui poursuivront en finale, et le public vote pour son coup de cœur. A titre personnel, j'ai aimé le rap à l'ancienne de Jono, avec un DJ, sosie de Yann Marguet, qui scratchait, et les textes responsables d'Alexandre Evans qui entrent en résonance avec l'éco-anxiété qui a saisi le Canada l'année dernière suite aux feux de forêts géants.
Néanmoins, on ne peut que constater la masse de travail abattu par tous les participants, leur énergie, leur enthousiasme, et se dire que la scène francophone, ici, au Québec, est bien vivace.
Suite à ce spectacle, un concert de Cayenne était proposé au Louis' Pub. Cette ancienne de l'Ecole Nationale de la Chanson de Granby, dont elle est sortie en 2019, interprète, seule à la guitare, un blues folk aux paroles pimentées. Les conditions n'étaient pas forcément les meilleures pour apprécier son tour de chant qui mérite néanmoins d'aller s'y intéresser. |