La seconde journée du festival de Granby débute l'après-midi par des showcases d'artistes venus présenter des extraits de leur nouveau spectacle à des bookeurs ou des programmateurs de salle. Ces rencontres entre professionnels, mais néanmoins ouvertes au public, ont lieu au Central, une salle installée dans une ancienne friche industrielle. Si la proximité est de mise, les professionnels, dont c'est le métier de croiser des artistes toute l'année, ne sont pas le public le plus facile à chauffer.
Soraï est une artiste beatmakeuse queer d'origine montréalaise. À trois sur scène, avec une guitariste, qui alterne avec les claviers et les boucles, et un batteur, les mélodies sont là. L'énergie aussi. Soraï est à l'aise en devant de scène. Néanmoins pour un Européen qui découvre ses textes pour la première fois, le message n'est accessible que par bribes, et il demeure alors l'impression de manquer la portée politique des textes.
La variété aux accents synthétiques et cold de Cosmophone est relevée par la voix très claire de Catherine Laurin. Au FICG, le groupe originaire de Trois-Rivières vient présenter son premier album Feu Toi, Feu Moi, sorti à la fin 2023. On regrettera le peu d'interactions entre ce groupe aux arrangements sophistiqués et son public.
Lou K est le projet punk noise de la Belge Lucie Lefauconnier. C'est la première fois que le groupe traverse l'Atlantique. La basse lourde, agressive, participe beaucoup de l'identité des morceaux. En parlant d'identité, plusieurs chansons abordent le thème de la transidentité, mais aussi de la place des femmes dans la société. On pense à des cousines belges de Dream Wife.
Vice E Roi est un duo montréalais pop. Habillés tout de noir, accompagnés de deux musiciens, on notera l'attention qu'ils portent à leurs arrangements.
La pop d'Amay Laoni s'inspire des musiques soul et rock. La jeune femme originaire de Sherbrooke a déjà sorti deux albums et composé pour de nombreux autres artistes. Son savoir-faire est indéniable. Elle pousse la voix. Les mélodies enlevées peuvent faire penser à Anastacia. En septembre et novembre 2024, elle donnera une poignée de concerts en France, dont une première partie pour Christophe Willem.
Après une pause bienvenue pour écrire, trier les photos, profiter d'un peu de calme, on se dirige en début de soirée vers la salle du Palace. Ancien cinéma de 900 places, les jeunes artistes du Concours de la Chanson de Granby sont là pour séduire des professionnels. A la clé, les prix remis aux candidats choisis leur permettront d'avancer dans leur carrière soit en termes de promotion, de concerts au Québec ou dans d'autres provinces canadiennes, ou de réalisation de maquettes et démos.
Première candidate, La Belladone arrive sur scène en costume de mariée. La jeune femme de Montréal s'épanouit dans un univers gothique de bande dessinée, créant un univers entre la Mylène Farmer nympho des années 80 et Christina Ricci chez Tim Burton.
Mitaine, originaire du Saguenay, a étudié à l'Ecole Nationale de la Chanson de Granby. Soutenu efficacement par le house band, il propose un rock FM qui touche le public.
Isabelle Mercier, chapeau à larges bords sur la tête et bottes aux pieds, joue son personnage d'ingénue venue de la lointaine ville de Saskatoon dans le Saskatchewan. Elle peut passer d'une chanson comique à une ballade touchante.
Victorella est un groupe indé de Montréal. Très inspiré par la variété rock FM des années 90 genre Stereophonics, on sent déjà chez eux une certaine maturité professionnelle.
Passé par l'Ecole Nationale de la Chanson de Granby, Jérémie Arsenault est un chanteur à voix. Excellent interprète, on regrettera toutefois des textes un peu maladroits. Par exemple, on fera le parallèle entre son titre "Noir Soleil", et "Agonie d'un Soleil" que Dominique A avait écrit adolescent.
D'origine argentine et vivant en Gaspésie, Luan Larobina intègre quelques vers en espagnol à sa folk aux rythmes latino. Son timbre de voix assez bas amène une nostalgie particulière à ses ballades. Coup de cœur personnel pour cette artiste à la sensibilité à fleur de peau qui s'est forgée sa petite carapace par l'humour.
Après avoir découvert 30 artistes différents en 48 heures, un peu de repos est bienvenu. Le FICG s'apparente à un marathon pour les oreilles. |