Le lendemain, 14 août, les vitrines musicales (les showcases professionnels) commencent dès 10h30 à Bromont, station de ski proche de Granby. Junes, qui va sortir son premier album Jamais Assez, Jamais Trop en octobre, a présenté un set de pop, se colorant parfois de sonorités latines. Accompagnée d'un batteur / clavier, durant son set, elle présente une chanson sur la maladie d'alzheimer. Ici aussi, le thème de la santé mentale assez présent dans les médias, vient donc infuser dans le domaine de la chanson.
Durant l'après-midi, on enchaîne avec Cédrik St-Onge. Le groupe est solide, avec deux guitares, une basse, une batterie, un clavier et deux choristes. Musicalement, le lazy rock du gaspésien a de beaux atouts, tant sur les harmonies vocales que sur les mélodies. Son premier EP, en 2017, avait été produit par Louis-Jean Cormier. On sent des influences communes aux deux artistes à aller chercher dans l'alt folk de Iron & Wine ou Noah & The Whale.
Ensuite, Parazar est une jeune artiste rap québécoise d'origine algérienne. On retrouve donc des influences diverses dans son rap féministe, qu'il s'agisse de la scène française 90's, et en particulier Diam's, ou de la scène raï qui avait explosé avec "1,2,3 Soleil". Le flow est efficace et certaines punchlines font mouche. L'attention que Parazar porte à ses textes ne fait aucun doute.
Miro est un artiste originaire de Granby, qui a déjà trois albums à son actif. Sur scène au milieu des instruments, on remarque un violoncelle car il s'agit de son instrument de prédilection, celui sur lequel il a fait ses gammes dans le classique jusqu'à 16 ans avant de se tourner vers la guitare. A 19 ans, il sort son premier album, En retard sur ma vie, et est nommé comme révélation de l'année au gala de l'Adisq, l'équivalent de nos Victoires de la musique. Epaulé par un groupe avec lequel il fait corps, sa pop funk fait mouche. Il sait tenir une scène, va vers le public. La connexion avec ses musiciens est puissante, et sa bassiste, Gabrielle Gélinas, apporte un groove incroyable. Coup de cœur partagé par tous les professionnels présents pour cet artiste déjà accompli.
Woody est d'origine belge par sa mère, québécoise par son père. Sa façon de s'ancrer au monde malgré cette double-culture est passée par le rap. Woody est très jeune. Cependant son horaire de passage entre Miro et HYL, deux bêtes de scène, n'a pas vraiment permis de mesurer tout le potentiel de son projet visiblement encore en développement.
HYL mélange rap, pop et funk. En 2023, il a sorti un premier EP, Monopoly. En France, il a remporté plusieurs prix, comme le prix Nougaro, et de nombreux tremplins chansons. Pour son premier passage au Québec, le désormais trentenaire a retourné la salle du Central où se déroulent les rencontres professionnelles. Sa casquette jaune vissée sur la tête, ill y est allé sans complexe.
Peu importe qu'il soit devant un public de 1000 personnes ou une petite cinquantaine de personnes à convaincre, il y met tout son coeur et son énergie. Son enthousiasme, malgré des textes optimistes mais sans naïveté, va toucher le public dès qu'il entre en scène. C'est, à titre personnel, amusant de devoir traverser l'Atlantique pour le découvrir, alors qu'il y venait pour la première fois pour une mini tournée de 5 dates.
Retour au Palace pour la seconde salve de demi-finalistes du concours de la chanson de Granby.
Léa Deschênes est originaire du Lac Saguenay. Elle propose des chansons intimistes folk aux textes personnels. Sa voix est bien placée. Malgré un style classique, elle impose sa personnalité.
La prestation d'Olivier Lamarre pourrait se résumer à Al Corley accompagné par l'orchestre de Champs-Elysées. Il y a quelque chose qui ne va pas entre son univers italo disco 80's et l'accompagnement du house band. Deux jours plus tard, on le croise arborant un t-shirt sur lequel est inscrit "Punk pour enfants". Or ce n'est pas faux, il y a aussi du Plastic Bertrand chez ce garçon qui, ce soir-là, avec ces arrangements, a clairement loupé le coche.
Nadia Sylvain, originaire de l'Alberta, propose une variété douce et mélancolique. Bien soutenue par le house band, la douceur extrême de la voix fait effet lorsque les mélodies tournent blues jazz easy listening. J'ai eu un coup de coeur personnel pour cette candidate.
Mercure se présente en formation groupe. Leur style rock 90's, on pense à Blankass ou Kyo, s'enrichit d'un rappeur en front. Les textes sont mieux écrits que d'autres projets présentés dans le cadre des vitrines pro.
Très belle performance
Rose-Marie Gautier est une ancienne candidate de La Voix (The Voice, en France). C'est doux. Très doux. Molletonneux. Trop doux. Et finalement soporifique.
Louis-Julien Durso a déjà un album à son actif. On se demande comment il a fait tellement rien ne va dans sa prestation. On pense à Claude François chez Bricorama qui aurait malheureusement oublié de s'arrêter au rayon électricité. Au regard des trois chansons interprétées, on se demande vraiment sur quels critères les finalistes sont choisis car il a bien été choisi pour aller en finale.
En fin de soirée, au Louis'Pub, on a pu voir les participants au concours de la chanson, même certaines chanteuses qui murmurent un folk absolument douce, pogoter ensemble sur le punk débraillé et mal élevé de DVTR. Ils ont réussi l'exploit de vider la salle du pub de tous les professionnels de la profession venus les découvrir. "On n'en attendait pas moins" me glissent-ils à l'issue de leur concert chaotique où on a pu entendre des chansons répondant au titre de "Vasectomia" ou "Crematorium". Enfants cachés québécois de Gogol Ier et de Stereo Total, ça récurait les tympans après une journée entière à découvrir de nouveaux artistes. |