Voilà une auteure que je découvre, Hélène Gaudy, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, Archipels, publié aux éditions de l'Olivier. C'est une plume sensible d'une grande beauté qui s'est dévoilée à moi au fil de cette lecture plaisante.
Dans ce roman-enquête, Hélène Gaudy interroge les vies de son père mais aussi le rapport intime de chacun aux souvenirs et à la mémoire.
""Aux confins de la Louisiane, une île porte le prénom de mon père. Chaque jour, elle s’enfonce un peu plus sous les eaux". Il a fallu que son esprit vogue jusqu’à l’île Jean-Charles pour qu’elle se retrouve face à son père. Qui est cet homme à la présence tranquille, jamais interrogée ? Le premier lieu à explorer est son atelier. Depuis toujours, l’artiste a glané et entassé toutes sortes d’objets au milieu de ses toiles, autant d’empreintes des paysages qu’il a aimés et habités. Il y a aussi les carnets qu’il lui confie et qui lui font découvrir l’homme enfant qui ne sait rien de son passé, le jeune adulte idéaliste et sentimental, le professeur en Algérie, le mari à la fantaisie inébranlable ou encore le poète. Peu à peu, leur écriture se mêle. À travers cette géographie paternelle, Hélène Gaudy se fait archiviste de la mémoire. Elle déroule le fil d’un destin : les joies, les doutes, les guerres, l’Histoire qui passe en changeant le cours des choses.En osant l’inventaire, elle offre à son père un lieu insubmersible à l’oubli. Et aux lecteurs un texte sensible d’une grande beauté."
Si vous aimez les ouvrages empreints de poésie et de nostalgie, les histoires teintées de mélancolie et de tristesse, ce livre est fait pour vous. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez passer votre chemin mais vous raterez quand même un livre subtil et sensible.
C'est un livre très intime qui pourtant n'est jamais dérangeant, ce qui peut être souvent le cas quand on rentre de trop dans l'intimité. Ici, l'auteure est particulièrement tendre quand elle nous parle de son père mais aussi du reste de sa famille.
La dimension geographique de l'ouvrage, cette geographie intime qu'elle déploie dans son livre est particulièrement touchante. Cette île qui disparaît en même temps que son père, qui pousse l'auteur à faire des recherches sur la jeunesse de son père pour mieux le connaître est vraiment une belle idée d'écriture. Son père est pour elle comme un paysage.
L'auteure parvient à nous intéresser autour d'un personnage somme toute assez ordinaire, bien que naît en 1938 de parents résistants. Le roman enquête qu'elle nous propose permet de développer chez le lecteur une très belle empathie vis-à-vis de son père. Ce père qui du coup nous renvoie aux nôtres, à notre famille et à l'importance de bien connaître son histoire et son ascendance. Alors certes, on pourra trouver parfois dans l'ouvrage quelques longueurs mais lorsque l'écriture est poétique, elle sont fortement atténuées et on s'en accommode très facilement. |