Grégoire Bouillier
(Editions Flammarion) août 2024
Si vous suivez avec attention les publications de chroniques sur notre site, vous n’êtes pas sans savoir l'amour que je porte aux écrits de Grégoire Bouillier depuis maintenant bien longtemps. Fasciné par cet auteur, qui est pour moi le plus audacieux des écrivains français actuels, je suis comme un gamin lorsque je me retrouve avec un nouvel ouvrage de lui.
J'ai la chance qu'il m'envoie depuis quelques temps ses publications, ce qui me donne l'immense privilège de pouvoir dévorer ses livres quelques semaines avant les autres. J'ai donc pu passer une petite partie de mon été à lire Le syndrome de l'Orangerie qui, une fois de plus, m'a totalement conquis. Je ne suis sûrement pas très objectif, tant j'aime cet auteur (que je rêve d'interviewer) mais il est évident que cet ouvrage est une fois de plus génial.
En se rendant au musée de l'Orangerie, voici que, devant Les Nymphéas de Monet, l'auteur est pris d'une crise d'angoisse. Contre toute attente, les Grands Panneaux déclenchent chez lui un vrai malaise. Sans doute l'art doit-il autant à l'artiste qu'au "regardeur" - mais encore ? Redevenant pour l'occasion le détective Bmore, Grégoire Bouillier décide d'en avoir le coeur net. Les Nymphéas de Monet cacheraient-ils un sombre secret ? Monet y aurait-il enterré quelque chose ou même quelqu'un ? Et pourquoi des nymphéas, d'abord ? Pourquoi Monet peignit-il les fleurs de son jardin jusqu'à l'obsession - au bas mot quatre cents fois pendant trente ans ? Obsession pour obsession, commence alors une folle enquête qui, entre botanique, vie amoureuse de Monet et inconscient de l'oeuvre, mènera Bmore de l'Orangerie à Giverny en passant par le Japon et même par Auschwitz-Birkenau, pour tenter d'élucider son "syndrome de l'Orangerie". Lequel concerne plus de monde qu'on l'imagine. Lequel dit qu'entre l'oeil qui voit et la chose qui est vue, il y a un mystère qui n'est pas seulement celui de la peinture.
Bmore reprend reprend du service, pour une nouvelle enquête, bien loin de celle présente dans le cœur ne cède pas qui nous parlait d'une femme qui s'était laissé mourir de faim pendant 45 jours. Il se cache pour Grégoire Bouillier quelque chose dans le tableau de Monet qui nécessite une enquête méticuleuse.
Une fois encore, l'érudition de l'auteur et ses nombreuses digressions sont un véritable bonheur de lecture. Ça part dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. On bascule d'Auschwitz à Giverny avec talent, l'auteur réussissant à mêler les émotions qu'il a pu avoir en visitant ces deux lieux sans aucune indécence à l'égard des juifs.
Grégoire Bouillier nous parle de Churchill, de Tintin, du professeur Tournesol, d'Edgar Poe et de Monet évidemment. C'est toujours passionnant. Évidemment, il ne manque pas non plus d’insérer des éléments de sa vie au cœur de cet ouvrage dense, une fois encore. Il parle directement au lecteur, encore et toujours, n'hésite pas à nous interpeller. On se délecte de ses précisions, de ses descriptions et de son humour souvent présent dans ses écrits. On ne se lasse jamais dans ce livre, on se surprend à revenir en arrière pour lire quelques pages, on apprend plein de choses sur plein de sujets différents.
L'auteur est souvent dans l’excès, il a du mal à sortir de ses digressions pour notre plus grand plaisir mais il ne nous perd jamais. Son érudition est très souvent ludique, n’empêchant pas une véritable réflexion sur de nombreux sujets, sans éviter des immenses écarts entre eux.
Une fois encore, l'auteur nous propose donc un livre génial, dans la lignée de ses précédents ouvrages. Virtuose de l'écriture, il fait parti des auteurs qui parviennent parfaitement à mélanger réalité et fiction.
Le seul regret de cet ouvrage est qu'il ne fasse que 420 pages, quand l'auteur nous avait habitué à de véritables pavés dépassant les mille. Elles restent néanmoins les témoins de la grande intelligence de l'auteur, de son côté un peu dingue aussi (dans le bon sens du terme). Une fois encore, ces 420 pages nous embarquent dans une lecture vertigineuse dont on ressort totalement bouleversé. Chapeau bas une fois de plus, Monsieur Bouillier !
# 13 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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