Spectacle de Estelle Danière et Flannan Obé, mis en scène par Flannan Obé avec Estelle Danière, Patrick Laviosa, Philippe Brocard, Raphaël Bancou.
On a déjà dit tout le bien qu'on pensait des spectacles mis en scène par Flannan Obé, notamment celui sobrement intitulé "Les Caroline" où deux Caroline (Montier et Loeb) chantent et dansent et enchantent.
Cette fois-ci, il n'y aura qu'une Estelle sur scène... Mais quelle Estelle !
Danseuse et chanteuse, elle aussi, Estelle Danière a surtout été meneuse de revue. Dans les pas des plus grandes, et avec des jambes, un port, une élégance, une faconde, un entrain qui les valaient bien, elle a succédé aux Folies Bergère à Zizi Jeanmaire et à Lisette Malidor.
A l'instar des précédents spectacles de Flannan Obé, il suffit d'un pianiste (mais pas n'importe qui, puisqu'il s'agit de Philippe Brocard (en alternance avec Raphaël Bancou), de chansons magnifiques et d'une artiste de classe internationale, pour recréer la magie du show business et du cabaret. En prime, Estelle Danière, ici, va raconter sa vie pas commune, pour ne pas dire extraordinaire. Elle commence par le commencement attendu : la dure loi de l'apprentissage de la danse, les déconvenues, les embûches, les dents qu'il faut serrer pour que le rêve qu'on a gravé en soi ne finisse pas en cauchemar.
Au fil des chansons qu'elle interprète, presque toutes issues du répertoire de Zizi, et composées par Kurt Veil, Joseph Kosma ou Gainsbourg, avec des paroles de Jean Constantin, Jacques Prévert, Bernard Dimey et là encode de Gainsbourg, Estelle se raconte, distille ses bons et ses mauvais souvenirs. Elle ne se vante jamais et devient peu à peu un peu plus elle-même, en enlevant ses bas, son maquillage et son rimmel. Elle ose un striptease mental où tout sonne juste. Avec son pianiste, elle fait d'une petite scène un grand endroit. Evidemment pour que l'écrin soit à la hauteur du personnage, elle s'est entourée des meilleurs. Une nouvelle fois, on pourra constater qu'il faut toujours profiter des lumières de Jacques Rouveyrollis. Le décor est peut-être minimaliste mais il fallait que Christian Vallat s'en assure et que Jean-François Castaing l'habille et la déshabille pour être à la fois la meneuse de revue d'hier et l'Estelle Danière d'aujourd'hui.
Il ne faut pas la rater sur scène dans ce "Passage en revue" et désormais, on la suivra dans toutes ses prochaines aventures qui, on en est sûr, ne devraient pas manquer pour qu'elle exprime son grand talent. On se doute que Flannan Obé ne sera pas bien loin, lui qui est toujours prêt à faire briller les authentiques artistes, ceux que son grand art de touche-à-tout sait attirer et transfigurer.
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