Un nouvel album de Godspeed You ! Black Emperor peut-il encore surprendre ? Est-ce que ce groupe canadien devenu une légende vivante du post-rock peut encore se renouveler ?

Il faut dire que le groupe a eu des hauts et des bas en 30 ans de carrière. On l’a même cru disparu pendant presque 10 années entre 2002 (sortie de Yanqui U.X.O) et 2012 (sortie de Allelujah ! Don't Bend ! Ascend!) alors que les membres vaquaient à d’autres occupations (A Silver Mount Zion notamment).

Depuis, le groupe a continué de sortir des albums, Asunder, Sweet and Other Distress, Luciferian Towers et G d's Pee at State's End! de 2015 à 2021.

Et voici donc en 2024 leur nouveau disque qui porte un titre qui dit littéralement qu’il n’a pas de titre. Pour être précis, le titre est "Pas de titre au 13 février 2024, 28340 morts" soit No Title as of 13 February 2024 28,340 Dead. Ce titre fait référence au nombre de victimes au 13 février dans la guerre d’Israël contre la Palestine.

Si vous en doutiez, le groupe est donc toujours aussi militant et sa musique est plus que jamais la parfaite bande son de notre monde qui change, pour le meilleur mais surtout pour le pire.

La musique à la fois puissante et subtile de GY!BE est en effet capable comme aucune autre et sans l’aide du moindre mot (mais les images en concert sont remarquablement à propos) de retranscrire la sidération, l’angoisse, les drames, les incertitudes, les peurs d’un monde en pleine autodestruction au travers d’une musique aussi sombre et hypnotique que brillante.

Le son signature du groupe est toujours là et apporte énormément de texture à un son quasiment palpable. Comme toujours, on retrouve aussi beaucoup de dynamique dans le son, ce qui oblige à écouter l’album fort pour en appréhender chaque instant, y compris ces moments sublimes de chaos organisé, véritable onde de choc, renforcé par la présence de deux batteries (impressionnant en live).

De "Raindrops cast in lead" et sa sublime mélodie très dark et à la fois magnifique grâce au violon de Sophie Trudeau à "Broken spires at dead kapital", morceau extrêmement noir, façon drone encore une fois illuminé par le violon de Trudeau, GY!BE donne le meilleur de lui-même sur cet album qui fera sans doute date.

Alors au final, pour répondre à la question introductive, est-ce qu’un nouvel album de GY!BE peut encore nous mettre une claque, il s’avère que oui, et une claque encore plus belle qu’elle arrive alors qu’on ne s’y attendait pas.

Non pas que le groupe soit si secret, mais ce n’est pas non plus le roi des réseaux sociaux et si un titre était sorti en août, rien ne présageait davantage à cette sortie automnale accompagnée d’une série de concerts autour du monde.

Ce disque est superbe et pourrait même s’envisager comme la meilleure porte d’entrée dans le monde merveilleux de GY!BE. N’hésitez pas et si possible allez les voir en concert où leurs morceaux prennent vraiment leur envol.