Texte de Marguerite Duras, mis en scène par Jacques Osinski et interprété par Sandrine Bonnaire, Frédéric Leidgens et Grégoire Oestermann.
Ce sont des morceaux de corps humain retrouvés au hasard des trains et des voix de chemins de fer qui ont fini par mener à l'arrestation de Claire Lannes pour le meurtre de sa cousine sourde et muette.
C'est en s'inspirant d'un fait divers réel et en l'adaptant que Marguerite Duras a écrit "L'Amante anglaise" qui plonge dans la psyché de Claire Lannes pour comprendre ses motivations.
La première partie montre Pierre Lannes (Grégoire Oestermann, épatant de détachement et de mauvaise foi) sur le siège de l'interrogé. Celui-ci donne quelques indices sur les relations délétères qu'il entretenait avec sa femme.
Puis c'est au tour de Claire Lannes depuis la prison où elle est enfermée de répondre du crime. Elle arrive l'air à la fois hagard, buté et perdu. Et pendant plus d'une heure s'amusera à faire tourner en rond le pugnace enquêteur (Frédéric Leidgens, impressionnant) qui tente de percer le mystère.
Tout au long de ce thriller, le public cherchera a comprendre ce qui n'est jamais dit mais murmuré à travers les phrases ou dans quelques brefs mouvements de dégoût ou d'émerveillement chez cette femme en apparence tout ce qu'il y a de plus normale.
Il y a chez Sandrine Bonnaire cette sincérité dans le jeu qu'elle a toujours montré au cinéma et qui lui donne ici toute la vérité de ce rôle. Une composition sans effets ni esbroufe mais toute en subtilité qui convainc dans la mise en scène toujours aussi sobre de Jacques Osinski qui s'attache à faire entendre le texte brillant de Marguerite Duras.
Sandrine Bonnaire parvient à rendre poétique la petite musique de Duras et ce texte aux confins de l'horreur. Claire Lannes avec une douceur désarmante ne justifie jamais son crime mais peu à peu laisse échapper un mal-être profond et la folie engendrée par un appel jamais entendu...
Un portrait glaçant et remarquable d'intensité. Une comédienne merveilleuse. |