Théâtre de Belleville
(Paris) du 4 au mardi 26 novembre 2024
Spectacle mis en scène par Thylda Barès, avec Victor Barrère, Andrea Boeryd, Paul Colom, Manon Dumonceaux, Nathan Chouchana, Harry Kearton et Mahtab Mokhber.
Il y a des spectacles qui vous comblent à tous les niveaux. Qui satisfont vos attentes et bien au-delà. n degrés de liberté est de ceux-là.
Lorsque les comédiens vous accueillent dans la petite salle du théâtre de Belleville, on ne sait pas encore à quoi s’attendre.
Ils sont déjà sur scène à se dépenser physiquement et l'on comprendra plus tard dans la soirée qu'il s’agissait d’un échauffement. Car les corps vont être sollicités.
Et nos esprits aussi.
En physique, "le nombre de degrés de liberté d’un système permet de déterminer à quel point celui-ci peut évoluer sans contrainte. Et "n" , c'est toujours l'inconnu"...
Si la définition de la poésie est l'art du langage visant à exprimer par le rythme l'harmonie et l'image, la compagnie In Itinere nous offre, avec n degrés de liberté, une œuvre poétique magistrale.
Les septs comédiens nous proposent une analogie avec la météorologie pour raconter la Commune de Paris. Le prisme de l'événement climatique extrême, pour dessiner la révolution, et raconter la tempête.
La conquête sociale, la force du groupe, l'espérance folle d'un avenir meilleur sont évoqués au travers d'un langage gestuel époustouflant. Les corps des sept comédiens sculptent l'espace et dessinent les perspectives de l'histoire. Ils dansent, sautent, se frôlent, se battent, et donnent ainsi vie aux Communards.
Les corps sont là pour exprimer le jeu des comédiens mais ils peuvent aussi incarner un élément du décor, un paysage, une machine, un outil. À chaque seconde, ils sont sollicités et la présence des comédiens est totale. Nous, spectateurs immobiles, semblons
souvent nous transporter au sein de l’action, à tourner autour de la scène, tant les astuces graphiques et visuelles contribuent à rendre cette histoire dynamique.
Sur la scène, un étroit tréteau est tour à tour le toit du Panthéon où vient d'être héroïquement planté un drapeau rouge, ou le fournil de la boulangère. Dans cet espace réduit, l'histoire populaire de résistance et de révolution sociale nous donne à voir et à écouter les espoirs fous des Parisiens qui tentèrent d'inventer la Commune, de réincarner les institutions et les libertés.
La mise en scène est sidérante d’inventivité. Avec peu de moyens, à savoir eux-mêmes, la troupe de In Itinere met en place l’histoire de la Commune de Paris et plus généralement des révolutions. L'analogie dressée avec les orages qui comportent eux aussi leur lot d’incertitude, de chaos et d'imprévisibilité illustre l'équation à n degrés de liberté.
Le travail d'écriture donne corps à cette période de l'histoire avec fougue, la mise en scène fourmille de créativité, les comédiens arrivent en scène brûlants d'énergie, comme on monte sur un ring.
La cinématique est bluffante.
Le rendu est une succession de diverses scènes, on peut, comme au cinéma, parler de plans, pour donner au final un récit poétique et puissant. Ces images d’une force inouïe resteront à coup sûr longtemps gravées dans nos mémoires.
Un spectacle magnifique !
La pièce se joue jusqu'au 26 novembre au théâtre de Belleville, courez-y !