Une question se pose et s'impose : le Café de la Danse est-il sérieusement un endroit pour faire jouer le collectif canadien Broken Social Scene ? Pour moi, la réponse est d'ores et déjà tranchée : Non, Non et re-non !!!!
D'ailleurs, Kevin Drew, le chanteur, guitariste, clavier du groupe s'excusera après du public du Café de la Danse pour les versions un peu plus calmes des morceaux joués ce soir.
La formation présente sur scène est relativement différente de la mouture proposée lors du dernier passage parisien du groupe à la Maroquinerie en décembre dernier. Le "noyau dur" centré autour de Brendan Canning, Kevin Drew, Andy Whiteman et Justin Peroff est ce soir épaulé par le génial Charles Spearing (incroyable créateur de sons chez Do Make Say Think), Amy des Stars, Evan Crawley, lui aussi croisé chez les Stars, ainsi que d'un deuxième batteur…
Une jolie dream team musicale venue nous rafraîchir les esgourdes avec son inclassable mélange de pop épique matinée du meilleur du rock indépendant américain des années 90. Visiblement décontractés et récemment auréolés d'une participation au prestigieux All Tomorrow's Parties (Jay Mascis a invité le groupe, rien que ça…) le groupe commencera par une intro évanescente et en douceur qui se muera en un énergique.
"Cause = Time" . Malgré cette élégante mise en bouche, les Broken semblent avoir la guigne ce soir : les cordes cassent, recassent et il faut jouer en ayant un œil sur l'audimètre… Cependant, le concert se passe dans la bonne humeur et la nonchalance. L 'assurance et l'expérience des canadiens feront le reste…
La limitation sonore n'enlèvera rien aux impeccables "7/4", sur lequel Amy remplacera Feist avec autant de classe et de brio, "Fired Eye Boy" , "Superconnected" qui fera la nique à l'audimètre avec ses guitares supersoniques.
A un moment on croit halluciner en écoutant "Ibi Dream of Pavement ", mais non, il s'agit bien de nos loustics qui marchent délibérément sur le même trottoir que Steven Malkmus.
Mais Broken Social scene saura aussi caresser l'audimètre dans le sens du poil avec la jolie comptine "Anthems for a 17 Year-old-girl ", avant de repartir toutes guitares dehors sur le désormais classique et épique "Kc accidentals" dont je ne me remets toujours pas, après trois ans d'écoute assidue…
Kevin est d'humeur joviale, et il est visiblement parti pour jouer jusqu'à pas d'heure… Mais bon, l'heure tourne et la sécurité du Café de la Danse commence à se ronger les ongles et à faire les gros yeux… Il est 22 heures 28 et Kevin se lancerait bien dans un dernier morceau…
Confusion… Les musiciens quittent la scène, sauf Kevin et Andrew qui entament un petit bœuf improvisé… Kevin, visiblement très en forme, se plaint de se voir coupé en si bel élan et demande au public de le joindre à l'unisson pour témoigner son courroux : "FUCK THIS !!!!!" répète-il plusieurs fois.
Mais rien y fera, il faudra plier les guitares et rester sur cette terrible frustration…
T'inquiète Kévin, d'autres se sont déjà cassés la dents au même endroit… Demande aux gars de Mogwai… Mais bon , à l'époque ça c'était moins bien terminé…
Dans les loges, Kevin me demandera de ne pas faire de chronique du concert, considérant que celui-ci était moyen. En tout cas, le public n' y aura vu que du feu. Encore un grand concert parisien du collectif de Toronto.
On compte les jours jusqu'à leur prochaine apparition au festival Rock en scène au mois d'août… |