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Interview  (Paris)  19 juin 2006

Hadrien Raccah, 22 ans, étudiant en cinéma à la Sorbonne et élève du cours Florent est aussi un auteur précoce dont la première pièce "Terminus" s'est jouée à l'Espace Rachin une tragi-comédie furieusement belle et une écriture très foisonnante.

Rencontre avec un jeune homme intelligent, enthousiaste, impatient, entreprenant, qui travaille déjà à monter sa seconde pièce.

Comment êtes-vous venu à l'écriture ?

Hadrien Raccah : En fait, j'ai toujours été fan du cinéma américain des années 50 et de tout ce qui touchait à Marlon Brando, Elia Kazan. Ce qui m'a amené à m'intéresser à la comédie et je suis allé au cours Florent où je n'étais pas très assidu. Pour le spectacle de fin d'année, il fallait écrire une courte scène et je n'avais jamais écrit de ma vie. J'ai eu l'idée de ces 3 personnages qui se rencontraient à une station de bus.

Comme la Shoah me tourmente depuis mes plus jeunes années, j'ai voulu parler de cela, de la ségrégation, du racisme, de la difficulté à communiquer, de la souffrance. J'ai rencontré Anne Bouvier qui m'a encouragé à persévérer car elle pensait qu'il y avait quelque chose à exploiter dans ce sujet. Je m'intéresse beaucoup à la littérature des années 50 et à des écrivains comme Arthur Miller et Tennessee Williams.

J'ai écrit "Terminus" avec tout ce que j'avais sur le cœur sans vraiment, tout ce que je portais en moi. Au départ, il ne s'agissait donc que d'une seule scène. Ensuite il a fallu faire évoluer les personnages et structurer l'ensemble. Anne Bouvier en a supervisé l'écriture et son regard extérieur a été précieux. Et j'ai pris goût à l'écriture puisque j'ai depuis écrit une seconde pièce. Je ne savais pas comment serait reçu ce texte et l'aide du Ministère de la Culture m'a également aidé à prendre confiance en moi.

Vous aviez fait des études littéraires ?

Hadrien Raccah : Non pas du tout, des études d'économie et je suis étudiant à la Sorbonne en cinéma.

Aviez-vous déjà une idée de la distribution et saviez-vous déjà que vous joueriez le personnage d'Aaron ?

Hadrien Raccah : Le choix de Vincnet Barbier et Gina Ndjemba, qui sont également élèves au cours Florent, s'est fait naturellement. L'exubérance de Vincent me paraissait correspondre à celle du personnage de James l'irlandais. Pour ma part, je craignais de ne pas être assez légitime en prenant la parole au nom d'une personne qui avait été déportée.

Il était également évident qu'Anne Bouvier en assurerait la mise en scène ?

Hadrien Raccah : Au début, il s'agissait de simples monologues et c'est Anne qui m'a suggéré de poursuivre dans un format "pièce". Et donc quand j'écrivais le texte, je lui ai demandé si elle accepterait d'en assurer la mise en scène si le spectacle pouvait être monté. Elle m'a donné un accord de principe. J'ai écrit la pièce en 2 mois et ensuite nous avons travaillé ensemble pendant 6 mois.

Comment s'est passé la concrétisation de ce projet ?

Hadrien Raccah : C'était un peu compliqué parce que je n'avais pas les moyens financiers nécessaires d'où le fait que beaucoup de gens ont travaillé gracieusement. Nous avons démarché des théâtres sans avoir de réponse positive. J'ai pris contact avec l'Espace Rachi qui était réticent eu début et puis j'ai rencontré le directeur Monsieur Kadouche qui m'a fait confiance. Il m'a donné ma chance en m'octroyant un créneau de 23 représentions. C'est une belle aventure.

Avez-vous eu des retours ?

Hadrien Raccah : Nous avons eu le coup de coeur de la semaine de Pariscope mais Le Figaro n'a pas du tout aimé.

Mais il en a parlé quand même.

Hadrien Raccah : Oui mais ça fait mal quand on lit la critique. C'est aussi le risque. La réaction du public était positive et très intéressante puisque la perception de la pièce peut être très différente selon les spectateurs. En plus c'était la première fois que je jouais sur scène. Ce qui est aussi une raison et une motivation pour continuer d'écrire. D'autant que je suis très impatient de nature et cela m'angoisse d'attendre que le téléphone sonne. Je veux prendre mon destin en main et j'ai eu de la chance de rencontrer Anne. Je vais me battre pour continuer dans cette voie.

Y a-t-il des perspectives de reprise de "Terminus" ?

Hadrien Raccah : Oui, il y a une opportunité de jouer en septembre-octobre au Petit Hébertot à condition que je trouve la production. Il faut que la pièce vive ailleurs qu'à l'Espace Rachi qui est un espace communautaire. Je ne veux pas que la pièce soit étiquetée comme spectacle juif car c'est ma hantise depuis le départ.

Vous disiez que vous aviez déjà écrit une autre pièce. L'écriture s'est sans doute passée différemment ?

Hadrien Raccah : Oui, elle s'appelle "La dernière nuit" et cela traite d'une histoire de famille. Je suis resté cloîtré chez moi pendant 3 mois et j'ai vraiment pris plaisir à l'écrire. C'était devenu une nécessité absolue qui m'empêchait même d'avoir une vie sociale. Je ne pensais qu'à ça de manière obsessionnelle. C'était comme un besoin. Jean-Pierre Bouvier devrait jouer le rôle principal et Anne Bouvier jouerait également. Cela prend forme déjà. J'en suis très content.

C'est une pièce à 4 personnages, les membres d'une famille, sur le thème de la difficulté à communiquer au sein de sa propre famille, de dire je t'aime et surtout de le dire quand il est encore temps : "Parle comme s'il n'y a avait pas de lendemain pour rattraper ce que tu n'as pas dis la veille". J'attends la réponse du Ministère de la Culture pour mettre le projet en route.

Vous avez aussi réalisé un court métrage.

Hadrien Raccah : A la base de tout je voulais devenir acteur; mais au fur et à mesure, j'ai tellement d'admiration pour les grands acteurs comme Marlon Brando ou Robert de Niro, que je me dis que je n'arriverai jamais à leur niveau. Et je doute de mes capacités. Je ne sais pas vraiment vers quoi je m'orienterai. Je n'ai jamais voulu tenter le Conservatoire pour jouer les textes classiques car j'ai envie de créer des choses et de jouer des sujets qui me sont chers.

C'est très ambitieux. Vous vous placez la barre très haut.

Hadrien Raccah : Oui. En fait, je crains de rester sans travail. Je suis toujours en ébullition et j'éprouve la nécessité d'avoir toujours des projets en cours. Pour le court métrage, j'avais écrit un scénario pour un concours au niveau universitaire. Mon scénario a été sélectionné alors qu'il était très modeste d'aspect, un simple scénario dactylographié qui s'intitulait "Et puis vient la nuit", alors que les autres étaient très élaborés en véritable synopsis.

Je suis angoissé et en même temps je n'ai jamais eu l'impression de galérer. Tout s'est enchaîné un peu naturellement. Le court métrage a d'ailleurs fait quelques festivals et nous avons gagné 2 prix, le prix de la meilleure oeuvre et le prix du meilleur scénario du Festival Inter-Universitaire de Paris 2005. Nous étions contents de voir notre travail bien perçu et notre travail reconnu. Je suis content de pouvoir m'épanouir dans un travail qui me plaît et pour lequel je suis reconnu.

Le cinéma reste votre rêve absolu ?

Hadrien Raccah : Oui. Totalement. Je n'ai pas encore trouvé une école pour apprendre la réalisation. Toutes les possibilités techniques qu'offre le cinéma me séduisent et me fascinent. Chaque plan de Scorcese est précisément étudié et a un sens. Je revois les films des dizaines de fois. Je souhaite être acteur à la base mais si j'ai l'opportunité de devenir réalisateur… J'aime tout dans le cinéma même être dans la salle en tant que spectateur.

Votre écriture dénote une grande maturité.

Hadrien Raccah : Cela vient de mon environnement familial car ma mère m'a initié à la lecture très jeune et dans ma famille nous avons toujours abordé tous les sujets pour en débattre.

Donc l'avenir immédiat à part les vacances ?

Hadrien Raccah : Je déteste las vacances donc je vais travailler. Ce qui me tient à coeur c'est de reprendre "Terminus" et monter "La dernière nuit" car le sujet me tient à cœur. La famille représente ce qu'il y a de plus important pour moi.

Cela fait beaucoup de choses à mener de front.

Hadrien Raccah : Oui, mais j'adore. J'ai toujours besoin d'avoir des projets et de m'investir car cela me gêne de rester inactif. Ainsi par rapport à mon père qui a toujours beaucoup travaillé, j'angoisse de rester désoeuvré. Et toucher des droits d'auteur sur ma pièce me fait éprouver des sentiments bizarres. Je sais que c'est un travail mais en même temps c'est incroyable. Je travaille déjà sur autre chose maintenant.

Y a-t-il des spectacles récents qui vous ont marqué ?

Hadrien Raccah : J'ai vu "La sainte Catherine" qui m'a beaucoup plu mais je n'ai jamais ressenti un coup de massue au théâtre. Je n'ai jamais éprouvé ce que les spectateurs qui avaient vu "Un tramway nommé désir" d'Elia Kazan et qui ressortaient de la projection complètement sonnés. J'ai été profondément marqué en revanche par un film dernièrement. Il s'agit de "Collisions" de Paul Haggis.

Peut être ne suis-je pas né à la bonne époque. Le public a envie de comédie et de rire. Pour moi le théâtre doit dire des choses et avoir du sens. Comme quand je fais dire à Aaron qu'il est un éternel apatride sans maison, c'est une manière pour moi de revendiquer le droit d'exister pour Israël. Il me paraît important de débattre des idées et de sortir différent après avoir vu une pièce de théâtre.

 

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