Recyclage. Ne jetez pas les déchets. Conservez le passé pour mieux le resservir à vos convives. Mettez des gants en plastique et servez chaud, après avoir laissé mijoter à petit feu vos influences et vos presets.
Psapp est une usine écologique, une entité emmenée par Carim Classmann et Galia Durant, sans qu'on sache trop d'où ils viennent, ces gens qui proposent des versions "alternative s" de folk tambouriné comme des châteaux de sables waterproof.
The Only Thing I Ever Wanted en est un beau de château, une bonne surprise estivale pour se détendre autrement qu'avec le son Nouvelle Vague, en plein revival des mélodies sans cibles. Psapp distille une pop raffinée sur laquelle il est difficile de mettre des mots, au pire les comparer à Cocorosie pour l'utilisation de pianos jouets et instruments toys.
L'art de détourner la pratique au profit de l'art, comme sur "New Rubbers" et ses bruits de machines à écrire donnant la cadence. On imagine difficilement comment ce disque pourra passer l'été indemne tant la naïveté semble ici éphémère. La naïveté peut elle être plus qu'éphémère ?
Et paradoxalement il est difficile de concevoir la moindre critique sur "King of you", titre séducteur et sensuel avec ses arpèges minimalistes rappelant une sortie récente, Tunng. Une même manière de concevoir la musique, comme rognée jusqu'à l'os, pour en extirper son essence par le tripatouillage. Une pluie fine s'abat sur "This way" , titre sur lequel Feist n'aurait pas vomi, et l'on pense à la beauté des mondes imaginaires, loin du métro et des canicules. Une évasion soudaine, une musique de film imaginaire rythmée par ces musiques dont la série Nip Tuc s'est déjà largement inspire".
Et justement, on peut parfaitement parler de chirurgie dans le cas de Psapp, tant la philosophie du Copier/Coller/Créer leur va bien, tout en gardant la cohérence des perles pop sixties et intemporelles ("Hill of your home"). Sans être génial, mais toujours créatif, Psapp rentre directement dans le panthéon des artistes au petit grain de folie. Le genre à bifurquer là où on ne penserait pas ("Eating spiders"), la langueur du chant pouvant même, si on force un peu le trait, faire penser à Saint Etienne, le groupe, pas la ville.
Avec ses melodica, ses clavecins et ses batteries organiques, Psapp réussit, quoi qu'il advienne, un one shot fort intéressant, à écouter en lisant le roman de l'été, ou par-dessus un match de foot, histoire de donner un peu de poésie à ce monde de brutes. |