Complet dès son ouverture, le Festival des Eurockéennes s'est déroulé cette année du 30 juin au 2 juillet, laissant les 96 000 festivaliers profiter de l'affiche proposée sous un soleil de plomb contrairement à l'adage.
Vendredi, mon arrivée sur le site prendra du retard, tout comme le soundcheck d'Anais sur la grande scène.
Le public n'est pas encore très nombreux, et l'une des "révélations de l'année" aux Victoires de la Musique plaisante du fait d'ouvrir le bal avant les Deftones. Se samplant, elle se dit émue de jouer devant tant de public et cela s'entend : couacs et erreurs parsèment son concert.
La performance solo est certes difficile mais Anais y gagnerait à ne pas vouloir communiquer excessivement avec le public, l'exercice finissant inlassablement en jeux de mots, finalement lassants.
Sous le chapiteau, on retrouve les coqueluches de la presse de ce début d'année, les Arctic Monkeys.
Si les fans (jeunes et excités) et, disons-le, sans doute sans réelles références musicales semblent avoir pris du bon temps, on ne retrouve pas grand chose d'original dans leur prestation. Peut-être victimes de ce qu'on a dit d'eux prématurément, on les laissera grandir et on y rejettera une oreille.
Retour sur la grande scène pour les Deftones.
Le public est déjà plus nombreux et prêt à accueillir la première vraie tête d'affiche de la journée. Promontoire au dessus des retours pour aller défier le public, la main aux parties génitales, Chino Moreno se laisse aller aux falbalas du genre et c'est plutôt dommage car ses acolytes dégagent une énorme énergie qu'il tend à rendre assez risible. A vouloir trop en faire...
Vint ensuite Dionysos et la Synfonietta, de part et d'autre de la scène.
Mathieu saute partout comme d'habitude, et Babette l'imite.
La Synfonietta apporte finalement peu aux morceaux tant on n'a d'yeux et d'oreilles que pour Dionysos.
Une création des Eurockéennes légèrement décevante qui aurait mérité de laisser plus de place aux belfortains. Les Strokes arrivent ensuite, visiblement très attendus.
Le groupe enchaîne ses tubes de manière très professionnelle et carrée et ne semble pas prendre particulièrement de plaisir. Les titres sont heureusement correctement interprétés, mais on aurait autant écouté le disque sur galette.
Je quitte la grande scène pour rejoindre le chapiteau et retrouver Gossip emmené par son imposante chanteuse Beth Ditto qui revendiquera plusieurs fois son surpoids, ses formes et la manière dont elle est endimanchée.
Le groupe mélange tout ce que le rock a pu produire de plus brut et de féminin : PJ Harvey ou le Tigre, jusqu'à s'essayer à la soul. La formule du trio permet à chaque musicien une implication totale. Un très bon concert où chaque morceau révèle une nouvelle facette du groupe et où chaque musicien s'amuse.
A la Loggia, atmosphère plus tendue pour le concert de Non Stop. Fredo Roman, jeune protegé d'Arnaud Michniak en pause avec Programme et accompagné desex batteurs et bassistes de Diabologum distille son mal être sur une musique oscillant entre – justement - Diabologum et Programme, parfois plus hip hop car la formation est accompagnée d'un scratcheur.
Fan de Diabologum et de Programme, je suis particulièrement sensible à la noirceur des paroles de NonStop, à cette plainte revendicatrice ou au contraire désabusée, mais une programmation si tardive (1h30) rend l'immersion dans cet univers difficile.
Juste après, le changement est radical et difficile en ce qui me concerne sur la grande scène où l'on monte une énorme pyramide dans laquelle embarquent les Daft Punk pour leur retour après 8 ans d'éclipse scénique.
Tout juste voit on deux têtes masquées projetées sur les écrans géants. Les titres sont rapidement enchaînés, on y prend plaisir et à cette heure, on n'a pas à en demander plus à un groupe qui n'a d'autre intention que de nous faire danser. Quoi leur reprocher si ce n'est cette lubie de vouloir être anonymes ? |