Douzième édition du Benicassim Festival qui commence, peut-être la plus attendue depuis quelques années déja, tant la programmation du FIB 2006 est alléchante, mélangeant les valeurs sûres et les coups de coeur de jeunes "débutants" dans le métier. La relève en quelque sorte, qui détronera d'ici quelques années les têtes d'affiche de ce même festival. Exit donc les poids lourds pachidermiques de l'édition 2005, Dinosaur Jr, Lemonheads, Yo La Tengo Cure et consorts, pour un peu plus de fraîcheur. Plutot salutaire vue la hauteur du thermomètre...
Bref et en deux mots, EXCI-TANT. La journée d'ouverture du FIB, en ce jeudi 20 juillet, laisse déja apparaître une programmation pas dégueu , comme aurait dit l'ami Gainsbarre, puisque se bousculent sur la scène, et par ordre d'apparition, Tom Verlaine, The Sunday Drivers Howe Gelb et les Scissor Sisters . Rock abrasif, soul et electro. Au bas mot un bon préambule à la diversité.
C'est sans compter sur la présence suprise de l'inconnu, du moins en France, Sr Mostaza. groupe ibérique et combo redoutable ayant la lourde tache d'ouvrir le festival.
Mission réussie tant les médodies pop 60' de Sr Mostaza évoquent la candeur des premiers Beatles, période Rubber Soul/Revolver. Une vraie bonne claque qui rappellera aux festivaliers que le rock espagnol se porte plus que bien, nous aurons l'occasion d'y revenir, et n'a plus à rougir face à ses voisins.
Les titres s'enchainent facilement, incitant l'auditeur à rentrer dans l'univers de Mundo interior, titre bien trouvé pour ce premier album découvert live. Les oreilles plus jeunes penseront à Elliot Smith, peu importe, l'essentiel réside dans la fraicheur de thèmes déja utilisés jusqu'à la corde.Oui, mais sensible avec Sr Mostaza.
A redécouvrir du coté de chez vous, comme on dit.
L'anglais Teitur investit la grande scène, pour balancer ses contines folk de bonne facture, qui, sans être renversante, séduisent l'assemblée des festivaliers en goguette.
Au programme, l'ensemble des chansons de Poetry & Aeroplanes, son album de 2003, et la première apparition au coté de Teitur de l'ensemble classique Un-pop Classik, orchestre symphonique accompagnant de nombreux groupes sur le festival.
Le tout est fort agréable, Poétique et simple, la musique de Teitur ne rime donc pas avec torture. Facile.
Troisième concert et déja un mythe qui s'avance, avec la venue de Tom Verlaine sur la scène principale.
Soleil couchant, Tom assis, public debout. Presque trente ans se sont écoulés depuis le Marquee Moon de Television, et pourtant son ancien leader, Tom Verlaine, semble toujours au sommet de la créativité torturée. Ce sont des obus montés sur guitares que distillent ce soir Tom et son compère Jimmy Rip (pas de jeu de mot svp).
Lourdeur du riff malaxé, pesant comme trois tonnes d'émotions, déversées par sacs entiers sur la tête du public en extase. Tom Verlaine, jamais très démonstratif, reprend l'espace de quelques instants une perle de Marquee Moon, "Prove it" , puis pioche sans aucune rupture dans son catalogue personnel, ses albums solo, pour ce qu'il serait convenu d'appeller un duel de guitares entre deux experts.
L'espace d'un instant on pense à Lou Reed, pour la maîtrise et l'attitude simiesque. C'est oublier que l'ex frontman de Television a eu une vie après le groupe mythique, notamment grâce à ses deux albums les plus récents, Songs and other stories , et l'instrumental Around , largement joués ce soir.
Les titres importent peu, tant la magie du duo opère sur les festivaliers présents ce soir, de manière électrique, comme le rock & roll devraient toujours l'être, se dit-on dans ces rares occasions. En final, Tom Verlaine réalise le crossover parfait entre anciens et nouveaux titres pour donner une matière de synthèse maléable à l'infini. Deuxième concert et premiers frissons.
Throw away your television que chantaient les Red Hot......
Autre époque, autres rythmes. e groupe autochtone du jour, j'ai nommé les Sunday drivers, entrent en piste.
Bon d'accord, la musique des "conducteurs du dimanche" n'a pourtant pas grand chose d'ibérique, on est loin des castagnettes et du Flamenco (ok, ça aussi ça fait cliché !). Non c'est plutot de la Brit pop entraînante, sans grande prétention (heureusement!) et c'est ainsi qu'il faut l'entendre.
En cette soiree d'ouverture, où seule l'Escenario Verde est ouverte, le groupe se retrouve donc en presque tête d'affiche sur la scene principale. Petite nouveauté de la douxieme édition du festival, un ensemble de cordes accompagne certains groupes dont les Sunday Drvers. Le concept, appelé “Unpop classik”, consiste à marier pop-rock et classique pour le bonheur des mélomanes.
Cet ensemble classique sillonnant les plus grands festivals européens, l'auditeur est en droit d'attendre un spectacle sonore impromptu, et le public essentiellement hispanique et anglais en cette première soirée afflue en masse. Tous les feux sont donc au vert pour notre sympathique auto club.
Depuis leur dernier album A little Heart Attack qui a donné un coup d'accélérateur a leur carrière, le groupe se trouve sur la voie express du succès. Les mélodies, quoique éculées, se retiennent facilement, les paroles sont délicieusement mielleuses ("Today is the day, tonight is the night, love can make you smile…."), enfin bref tous les éléments sont réunis pour faire de ce concert un moment de bonheur simple sous la nuit peu étoilée de Benicassim.
Et le public en redemande, il adhère comme de la gomme sur le bitume lors d'un dérapage peu controlé. Les cordes se rappellent à nos bons souvenirs jouant une intro par ci, soulignant une mélodie par là, mais l'orchestre reste légèrement gadget, n'apportant rien de vraiment neuf. Les Sunday Drivers en faisant peu cas, enchaînent leurs tubes ("Time,Time,Time", "Love, our love"…) comme on avale les kilomètres qui nous mènent de Paris à Benicassim en seulement 16 heures.
Public acquis me direz vous? Totalement chauvin serait même plus approprié. Et le chanteur Jero en fait les frais lorsqu'il est sifflé suite a une effraction grave: il a osé prononcer quelques mots en anglais entre deux chansons. Voici donc le paradoxe de ce groupe espagnol adulé tant qu'il chante en anglais mais conspué s'il ose oublier son identité !!!
Heureusement, la derniere chanson "Oh my mind" reconcilie tout le monde et termine ainsi le concert le plus politiquement du jour. Ouf, tout est bien qui finit bien...
Un peu de répit, une bière, un Red Bull avant l'entame du concert d'Howe Gelb, ex Giant Sand, groupe des 80'.
Howe depuis s'en est allé vers d'autres cieux voler de ses propres ailes, direction le blues gospel avec ses "voix de la paix", ensemble negro spiritual présent ce soir pour donner la réplique au chanteur.
La rumeur veut que Howe et ses voix de la paix n'aient pas répété les chansons jouées ce soir. Cette totale improvisation ne se fait pas ressentir sur la longueur des titres distillés par le guitariste à chapeau et son compère Sno Angel.
Sans connaitre la discographie du bonhomme sur le bout des doigts, on peut néanmoins dire que l'ensemble est mou du genou, plus proche d'un Ben Harper sous méthadone que de l'incantatation vaudou blues. Le Delta étant loin, très loin, Howe parvient à séduire une partie de l'assistance avec ses compositions somme toute classiques, alternant la ballade folk à tendance bluette et l'éternel jeu du question réponse avec son ensemble gospel.
Howe joue une nouvelle chanson, "Spiral", à priori présente sur un album à paraitre, dédicace une chanson à deux volontaires ayant aidé des mexicains à traverser le désert d'Arizona. Bon.Soit.
Est-ce est-ce si bon pour autant? Réponse par la négative. Howe Gelb ressemble à s'y méprendre à un Richard Ashcroft sous cellophane. Mon Dieu.
Un grand bordel Spinal Tap à la sauce disco. Voila comment pourrait se résumer le live des Scissor Sisters, peut-être la vraie tête d'affiche de cette première soirée pour le commun des mortels.
Avec leur premier album truffé de hits tous droit sortis du meilleur d'Elton John sous acides et sans perruques, les Scissor Sisters sont ce soir attendus au tournant. Et il y a de quoi.
Les tubes comme "Take your mama out" ou "Mary" sont directement jetés à la face du public transi, en n'oubliant pas de fourguer quelques blagues du meilleur gout, au cas ou..."Mon vagin est très grand et très rigolo" clame Jack Shears, avant d'embrayer sur les inédites de l'album à paraitre en septembre, Ta-dah, avec des "I don't feel like I'm dancing" ou "Paul McCartney", de bien bonne augure pour la suite.
Sans oublier les anciennes bombes, "Tits on the radio" et le très-moyen-question-de-point-de-vue "Confortably numb", reprise du Pink Floyd.
Le torse bombé avec les 70' gravées au fer rouge, sans oublier une plume dans le derrière, la bande à Jack Shears a ce soir comblé le public, après trois shows inégaux et frustrants.
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