Dans "Les liaisons dangereuses" actuellement à l'affiche du Théâtre des 5 Diamants, Sylvie Mauté et Audrey Sourdive jouent une mère naïve et sa fille ingénue, respectivement Madame de Volanges et Cécile de Volanges.

Pour les deux, comédiennes précoces, le théâtre est certainement une vocation et une passion.

Comment êtes-vous venue au théâtre ?

Sylvie Mauté : J'ai commencé à 11 ans le théâtre. Ma première passion c'était la danse mais il s'avère que j'ai fait du théâtre parce que là où je vivais il n'y avait que des cours de théâtre.

Ensuite, j'ai suivi les cours du Conservatoire de Nice après avoir réussi le concours d'entrée avec le rôle de Phèdre à 18 ans, pendant 2 ans. Puis j'ai suivi les cours de Julien Bertaux qui était sociétaire de la Comédie Française et qui était professeur à Paris.

J'ai joué dans plusieurs compagnies et ai animé beaucoup d'ateliers pour aussi bien des enfants que des adultes et également en milieu psychiatrique pendant 5 ans. J'ai également écris pour les enfants.

Et puis, j'ai rencontré Andréas Voutsinas dans les années 90 où j'ai rencontré notamment Marine Gandibleu. C'était pour moi un honneur d'entrer dans cet atelier du Théatre des 50 où j'ai beaucoup appris. J'ai également travaillé avec un autre professeur Jean Darnel. Chaque enseignement a constitué un complément.

Audrey Sourdive : Pour ma part, j'ai commence le théâtre très jeune à l'âge de 5 ans où je suis montée sur les planches. J'ai beaucoup joué dans des tournées avec mon papa qui était comédien et metteur en scène et ma maman qui était tapissière-décoratrice est devenue costumière de théâtre.

Une enfant de la balle ?

Audrey Sourdive : Oui. Mes frères et soeurs ont opté pour d'autres métiers mais moi j'ai attrapé le virus du théâtre. J'ai donc joué dans de nombreuses pièces, à raison d'une 1 ou 2 par an, quand il y avait des rôles de petites filles comme "Ubu roi", "Le sorcières de Salem".

Ensuite j'ai beaucoup joué au sein du Théâtre de l'Equipe qui est un théâtre de la SNCF. A 17 ans, j'ai décidé d'arrêter de jouer, mon CV est blindé, et de reprendre la base en m'inscrivant au conservatoire du 11ème arrondissement et du Centre, conservatoire municipal assez difficile, pour suivre un cursus de 35 heures de cours par semaine que j'ai suivi parallèlement au lycée puis à l'université. J'y suis resté 4 ans tout en jouant un peu.

Et Les liaisons dangereuses ?

Sylvie Mauté : J'ai retrouvé l'année dernière Marine Gandibleu qui est venue me voir dans un spectacle que j'ai co-adapté et qui était mis en scène par Oscar Sisko qui est un de mes amis, "Jusqu'au bout de la vie" que j'ai joué l'année dernière avec Catherine Perrotte au Théâtre des Déchargeurs. Et un soir elle m'a contacté pour me dire que le rôle de Madame de Volanges dans Les liaisons dangereuses était à pourvoir. C'est ainsi que j'ai rencontré Nicole Gros et que je participe à cette aventure.

Audrey Sourdive : Pour "Les liaisons dangereuses" j'ai tout simplement déposé mon CV au Théâtre du Nord-Ouest sur les conseils de mon amie Isabelle Desalos qui joue également sur ce spectacle. Nicole Gros m'a choisi sur audition.

Parlez-nous un peu de votre personnage.

Sylvie Mauté : Madame de Volanges et d'une grande naïveté quant à ce qui l'entoure et aux rapports humains. Elle a une fille qu'elle vient de faire sortir du couvent pour la marier. Elle fait une confiance aveugle à sa cousine, Madame de Merteuil, qui la manipule au point où elle se perd elle-même et quand elle ouvre enfin les yeux il est un peu tard. Sa fille est repartie au couvent et elle a perdu sa meilleure amie Madame de Tourvel.

Audrey Sourdive : Je joue Cécile de de volanges qui est un rôle magnifique, superbe, d'une fraîcheur, d'une naïveté, d'une douceur qu'on a rarement dans un rôle. Et dans cette pièce à chaque scène Cécile évolue. Elle est naïve puis malicieuse, puis coquine. Et cela est très jouissif pour une comédienne.

Le raccourci de l'œuvre en un format théâtre vous amène effectivement à être différente chaque scène.

Audrey Sourdive : Effectivement d'autant que je ne joue que dans 5 scènes et de plus dans la première partie. Mais le rôle est important car on en parle beaucoup même s'il n'est plus sur scène et participe à l'action car Cécile est la marionnette de Valmont et de Madame de Merteuil ce qui attendrit les spectateurs.

Donc je suis contente. Et pourtant au départ ce n'était pas forcément un rôle pour moi car on me propose souvent des rôles plus sensuels, des rôles de femmes. En juillet, j'ai ainsi joué "La veuve" une comédie de Corneille transposée dans les années 50 et je jouais un rôle de femme fatale. Le contraste est donc total avec Cécile de Volanges.

Parlons un peu de vos projets.

Sylvie Mauté : Pour le moment je n'ai pas de projets précis. Je cherche mais il y a moins de rôles féminins que de rôles masculins. Nous sommes aussi plus nombreuses et l'opportunité des rôles dépend aussi de l'âge.

Audrey Sourdive : Je travaille actuellement sur la pièce "Port Royal" de Montherlant mise en scène par Jean-Luc Jeener qui se jouera très prochianement au Théâtre du Nord-Ouest dans le cadre du cycle Montherlant qui vient de commencer. Changement total de registre à nouveau puisque que je joue le rôle d'une religieuse.

Dans "Les liaisons dangereuses" je joue le rôle d'un corps qui vit alors que dans "Port Royal" le corps est contraint par un costume et le jeu se fait de manière plus intériorisé sans manifestation physique. Je joue le très beau rôle de Sœur Françoise ce qui me prend beaucoup de temps puisque nous répétons quotidiennement.

Et puis pour cette année, j'ai décidé de privilégier la fac - je passe en DEA en master II en lettres modernes filière arts et littérature qui est intensif - et de commencer les castings pour l'image, pour essayer de pour jouer dans des courts et longs métrages. Car j'ai un CV énorme mais uniquement de théâtre. J'ai fait un peu de films publicitaires mais quand j'étais enfant.

Y a-t-il également d'autres buts liés à la mise en scène et/pour l'écriture ?

Sylvie Mauté : J'ai fait quelques mises en scène. Mais pour le moment je me consacre plutôt au jeu.

Audrey Sourdive : La mise en scène m'intéresse et je voudrais le faire de manière professionnelle pour faire tourner ma pièce. Or pour cela il me faut du temps et cette année je n'en aurais pas. De plus je vais également essayer d'obtenir le statut d'intermittent du spectacle. Donc ce projet est à plus long terme d'autant que je voudrais monter une pièce qui inclut la musique et la danse.

Mon papa mettait en scène des pièces très "riches" comme "Le bourgeois gentilhomme" en costumes d'époque avec ballet et danseurs. C'étaient de grosses productions. Or mon instinct me guide vers des pièces plus centrées sur la direction d'acteurs. J'affectionne les huis clos comme "12 hommes en colère", "Le circuit ordinaire" de Jean-Claude Carrière. Et pourtant il y a avait deux pièces qui m'intéressaient : "Autour de ma pierre il ne fera pas nuit" de Fabrice Melquiot mais elle est à l'affiche en ce moment et "Chaise" d'Edward bond. Deux pièces très différentes mais un peu sombres.

Cette année vous avez donc travaillé avec des metteurs en scène différents Qu'avez-vous particulièrement apprécié chez Nicole Gros ?

Audrey Sourdive : J'ai apprécie tout le travail de cadrage qu'elle a fait avec moi sur le personnage pour un qui n'était pas proche de moi et que je n'avais pas l'habitude de travailler. Elle m'a fait découvrir le personnage par couches successives et m'a laissé ensuite une vraie liberté. Ce qui m'a permis de réinventer mon personnage à l'intérieur de ce cadre et cela tous les metteurs en scène ne le permettent pas. Et cette liberté existe également au niveau des déplacements alors que je venais de travailler avec un metteur en scène pour qui les déplacements étaient prévus au millimètre. Je l'en remercie ainsi que de m'avoir proposé un joli rôle.

Question traditionnelle : allez-vous au théâtre et avez-vous eu des coups de cœur ?

Audrey Sourdive : Je dispose de peu de temps et j'y vais donc rarement. Trop peu à mon goût mais il y a une vrai question de temps et aussi de disponibilités financières. Il faudrait vraiment que je puisse y remédier !

Sylvie Mauté : Je vais bien sûr au théâtre et j'ai eu un gros coup de cœur pour "A la recherche de Proust" qu'a joué Jacques Sereys au Petit Montparnasse que j'ai absolument adoré. Il était absolument éblouissant et c'était une grande leçon de comédie. Je n'ai jamais pu lire Proust que je trouve ennuyeux et avec lui c'était magique !