De nos jours, la mode est au folk. Les sorties musicales de la rentrée en sont encore la preuve et le succès de Devendra Banhart et sa bande confirme.
Comme le rock garage, lui aussi remis à la mode il y a quelques temps, le folk retrouve donc une nouvelle jeunesse et un nouveau public, de moins de 30 ans, voire même moins de 20, et permet de remettre au goût du jour quelques vieilles stars oubliées ou idolâtrées (l'un va d'ailleurs souvent de pair avec l'autre).
Derrière The Black Swan, et sa jolie pochette parmi les plus sobres, ne se cache pas un jeune éphèbe barbu à l'air vaguement baba cool pour piéger les minettes mais un vieux briscard de 63 ans qui distille son folk depuis plus de 40 ans.
Venu d'Angleterre (d'Ecosse en fait), les connaisseurs comparent Bert Jansch à un Bob Dylan anglais. Roi des charts folk dans son pays, il est là-bas l'éternel challenger du grand Bob.
Connu dans le milieu pour son incroyable touché de guitare en "fingerpicking", Bert Jansch ne déçoit pas sur ce nouvel album et aligne sans sourciller quelques superbes folk songs au jeu de guitare aussi remarquable que pourtant humble et discret.
Elégant sans être tape à l'oeil, l'homme n'a rien à prouver. Il n'a pas peur non plus de confronter son talent à celui de la relève qui pousse à la roue et se frotte à Devendra Banhart le temps d'un "Katie Cruel". Titre adapté d'une chanson traditionnelle sur lequel on reconnaît sans peine la voix du beau barbu.
C'est une autre star de la folk, Beth Orton que l'on croisera également sur l'album, tout comme un autre compère de Banhart, Otto Hauser de Vetiver.
Mais il ne faut pas se tromper sur l'intention de Jansch. S'entourer de la sorte n'est sans doute pas une façon de se chercher une audience auprès d'un plus jeune public qui aurait raté quelques décennies de musique.
C'est au contraire à entendre comme un parrainage à l'envers, une reconnaissance du patriarche envers ses enfants spirituels. Ces collaborations sont sans doute la plus belle façon de légitimer cette nouvelle scène folk qui renouvelle le genre, et fait passer pour branché ce qui, il y a encore peu, paraissait franchement ringard.
Le fait est que Bert Jansch s'affirme davantage encore, depuis son premier album en 1965, comme un des derniers dinosaures en activité et comme un des meilleurs représentants de ce style musical. Et même si la moitié des titres de ce nouvel album sont des adaptations de chansons folk traditionnelles, on trouve une belle cohérence entre les titres, doux et chaleureux dont on aurait tort de se priver comme bande son de l'automne naissant.
Black Swan est en plein dans la mode, en plus c'est un album formidable, deux raisons pour écouter de la musique de vieux et vous réconcilier enfin avec vos parents ! |