Drame d’Henri de Montherlant, mis en scène par Idriss, avec Christophe Poulain, Marie-Hélène Viau, Nicolas Beauhaire, Christian Chauvaud, Marie-Véronique Raban, Laetitia Bouix, Diane de Segonzac, Jean-Mathieu Hulin, Jacques Trin et Frédéric Touitou.
Au Théâtre du Nord-Ouest, Idriss met en scène "L’exil" une pièce de jeunesse d'Henri de Montherlant dans le cadre de l’Intégrale consacré à cet auteur aujourd’hui oublié voire méconnu.
Ecrite en 1914, alors que Henri de Montherlant n’a que 19 ans, cette pièce témoigne déjà de la maîtrise d’écriture et de l’acuité de son regard sur la société et les hommes qui l’entourent.
Madame de Presles, femme dévouée par orgueil, mère psychorigide, possessive et patriote pragmatique, refuse de laisser son fils, jeune adulte hypersensible et artiste, suivre l’exemple de son meilleur ami qui s’engage dans la drôle de guerre.
Pour ce faire elle n’hésite pas à user de toutes les arguties, de la prière au chantage, de l’ordre au sacrifice, pour arriver à ses fins au cours de scènes d’une violence extrême, à la mesure de leur réciproque amour passionnel.
Pièce foisonnante, riche en thématiques intemporelles, "L’exil" traite à la fois de la quête d‘identité de l’adolescent incompris qui se ressent comme exilé de l’intérieur, son image que lui renvoient les autres ne correspondant pas à son ressenti, du couple infernal mère-fils, de la guerre comme instrument de solidarité nationale et de mixité sociale, de l’héroisme et du patriotisme qu’il soit décliné sur les champs de bataille ou au quotidien, dans le don de soi ou dans l’orgueil absolu, et d’une certaine manière, du statut de la femme.
Dès lors, dans le confort douillet d’un salon bourgeois, les joutes orales et les affrontements à fleuret mouchetés font rage sans que le ton ne soit haussé ni le verbe déplacé.
Sous la houlette d’Idriss, dont la mise en scène écarte tout pathos et sait laisser poindre les éclaircies de l’humour et de la dérision maniées avec dextérité par l’auteur, les comédiens, tous au diapason, sont portés par le texte.
Les scènes tout à fait poignantes entre Marie-Hélène Viau, mère "admirable" qui fonctionne sur le mode ambivalent face à Christophe Poulain, immature et buté, sont des modèles du genre. |