Drame de Stephen Adly Guirgis, adaptée et mise en scène par Marianne Groves avec Edouard Montoute, Dimitri Storoge, Beata Nilska, Morgan Perez et John Berrebi.
"Dura Lexest l’adaptation française d’une pièce de Stephen Adly Guirgis, dont le titre original est "Jesus Hopped the ‘A’ Train", auteur et scénariste américain connu pour sa propension à traiter de la violence urbaine et de la rédemption messianique.
La thématique n’est pas originale. La justice anglo-saxonne, le système pénitenciaire américain, les serial killers illuminés, la frontière entre le bien et le mal, la contingence des lois pénales, la loi et la morale autant de sujets maintes fois abordés. Mais le vrai sujet est la rédemption par le crime. Culpabilité, expiation, rédemption sont autant d'ingrédients solides suceptibles de toucher le grand public.
Et Stephen Adly Guirgis est un dramaturge et un scénariste habile et percutant qui connaît les ressorts de l’âme humaine et sait qu’un uppercut est parfois plus salutaire qu’un raisonnement. Plus un postulat erroné est asséné avec force et conviction plus il insinue le doute.
Ensuite, il ne choisit pas ses personnages au hasard : un dealer noir psychopathe doublé d'un serial killer (Lucius au prénom janusien, prénom de saint et prénom apparenté à Lucifer, le plus grand des anges qui avait le privilège de s'asseoir à la droite de Dieu) et un portoricain naïf qui a plombé les fesses d'un gourou (qui répond au doux prénom d'Angel) préfigurent le combat titanesque qui va se dérouler dans une prison de haute-sécurité américaine quand on sombre dans l'infra humain..
Et c'est terriblement efficace même si l'auteur biaise et brouille les cartes.
L’adaptation et la mise en scène de Marianne Groves est au diapason. Une succession de scènes dures, fortes, voire paroxystiques qui ne laissent pas un instant de répit au spectateur. Les dialogues scandés, hurlés, assénés font l’effet de rouleau compresseur qui mettent ce dernier sous tension permanente où alternent compassion et répulsion pour les détenus.
Il faut absolument saluer la performance d’Edouard Montoute, fabuleux dans l'incarnation du pouvoir de séduction malsain des psychopathes et de la suavité fallacieuse des prédicateurs, et de Dimitri Storoge en victime expiatoire. |