Comédie dramatique d’Ivane Daoudi, mise en scène de Catherine Gandois avec Chantal Bronner, Elisabeth Catroux, Catherine Gandois et Christophe Odent.
Il y a incontestablement une petite musique dans l’écriture d’Ivane Daoudi, de celle qu’on évoque en parlant de François Sagan ou Marguerite Duras, qui participe de l’indicible.
Une langue simple, si simple, et belle qui caresse et qui griffe, qui insuffle les émotions et distille une perception extra lucide de la difficulté de vivre sous un voile de dérision et d’humour parfois noir. Du sens des mots ordinaires quand ils deviennent des notes d’une partition personnelle et singulière.
Catherine Gandois a choisi de monter "Un si joli petit voyage", pièce en trois actes, trois fragments d’histoires ordinaires qui se déroulent dans un train.
Comme les cafés, les trains sont des lieux de rencontres, de disputes et de ruptures. Dans ce train Paris-Le Croisic qui les emportent hors saison vers une destination de villégiature présumée, les couples se font et se défont, se cherchent et se trouvent, se séduisent et se repoussent dans l’espace temps un peu hors du monde qu’est le temps du voyage où tout semble possible au voyageur sans bagage. Mais on ne se défait pas si facilement de ses valises. Rêver d’un amour plutôt que de le vivre parce que la réalité ne dépasse jamais la fiction.
Les comédiens chevronnés et talentueux ont su déchiffrer la partition d'Ivane Daoudi sous la baguette magique de Catherine Gandois qui a orchestré cette ronde avec finesse, poésie et burlesque mêlés, ce qui crée simultanément une dimension onirique et une tonalité pathétique.
La distribution est parfaite. Chantal Bronner, Elisabeth Catroux, Christophe Odent et Catherine Gandois, sur le fil du rasoir entre la fragilité masochiste et l’autodérision roborative, incarnent l’humain dans ce qu’il a de plus émouvant.
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