Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Absinthe (Provisoire)
Alejandra  (Distile Records)  octobre 2006

Sans concession, comme une pute jouissant dans un charnier, Absinthe (Provisoire) continue à chercher à distiller un mélange auparavant inouï et souvent encore inaudible tant il est bruyant, de violence et de poésie, la rage meurtrie d’une tristesse hallucinée - et autres suites d’adjectifs bigarrées, interminables, cultivant la beauté de la contradiction autant que faire se peut.

Près de quatre ans après un premier opus jubilatoire mais clairement dépassé dans les sonorités comme dans l’esprit, après remous et changements de formation, atterri chez le très jeune label parisien Distile Records, la formation, devenue quatuor (trois guitares, une batterie) poursuit son exploration d’un rock poussé au noise, jusqu’au-boutiste, assumant ses maladresses et sa grandiloquence. Le chemin parcouru est vaste, des sonorités godspeedo-mogwaïennes du premier album éponyme à l’univers beaucoup plus personnel de cet Alejandra.

Alejandra, qu’hantent tant de femmes, aux visages béants. Comme des "c’est que", ces avortons d’explications, scènes sans fin, où se meure une violence que l’on ne peut que contenir, de peur qu’elle n’emporte. Tout. Jusqu’à ce qu’elle emporte, finalement. Tout. Juste un nom, propre, d’une femme que l’on devine sale, partie, certainement, ne laissant que violence derrière elle. Romantisme, encore, celui du blues, d’une pureté toujours déjà gâchée, d’un idéalisme jamais mort, quoiqu’il ne vive plus. Ça pue. Tous les cadavres des histoires passées, assemblés en un corps immense. Celui de celle-là. Le mythe d’Alejandra, l’éternelle, l’étrangère, toujours étrangère. La lointaine. Et ces fulgurances passagères, qui illuminent tout.

Absinthe (Provisoire) défait sa propre musique, ce post-rock presque appliqué qui avait rendu son premier album si jubilatoire, à l’époque. Plus dense, folle et imprévisible, plus noire que violente, elle s’anime de mouvements nouveaux, diversifie ses sonorités, bourdonne, rumine avec noirceur, sans abandonner ses langueurs douloureuses, apesanteurs lourdes de sous-entendus. Trouve dans la déconstruction le lyrisme modeste d’une démesure trop humaine, veule. Perd jusqu’à l’application qu’elle mettait à ne pas s’appliquer. Abdique la rage elle-même, quand elle a fini de tout ravager. Il n’y a plus rien, tous comptes faits - avec le diable. Puis la démence, elle-même, l’hurlée - puis la folie du vide - puis la mort, qui plane et rôde et s’abat lentement, comme des paupières qui se ferment.

Des yeux d’Alejandra on glisse à son nombril, son propre - ce ventre sale, lui aussi, qui n’enfantera jamais - car tous les enfants seraient morts-nés. Sans avenir, à cette minute précise. Absinthe (Provisoire) y trouve le motif d’une ballade chantée, blues-folk maladif, vénéneux comme une fleur baudelairienne, aux chœurs tragiques et grotesques, l’étonnant et impeccable "Someone said : ‘your heart belongs to the dead", dont la concision bienvenue tranche avec la durée épique des trois autres pièces (jusqu’à la démesure de ce "Kocka", qui ouvre l’album de tout le poids de ses 28 minutes). Sortie du ventre de ce destin nécessairement brisé, la voix s’incarne, enfin, et assume le risque d’un chant fragile, qui donne sens à toutes les exagérations des autres pistes, à ces dents de scie, voraces, qui se cachent dans leurs partitions, avides d’oreilles innocentes. Dans le ventre du monstre. Alejandra est un ogre.

C’est surtout l’œuvre, très humaine, de quatre musiciens dont l’humanité est palpable jusqu’à en être douloureuse, à la démarche aussi radicale que candide, où l’outrance n’est jamais simple posture, mais est toujours la recherche, là où d’autres ne songent pas seulement à regarder, d’une beauté fragile. Tissé de tant de difformités touchantes, cet Alejandra est une créature de cauchemar, fantasme hideux, à laquelle on ne saurait souhaiter que la vie longue et heureuse qu’elle mérite.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album eponyme de Absinthe (Provisoire)
La chronique de l'album III de Absinthe (Provisoire)
Absinthe (Provisoire) en concert aux passagers du zinc (avril 2005)
L'interview de Absinthe (Provisoire) (janvier 2005)

En savoir plus :

Le site officiel de Absinthe (Provisoire)


Cédric Chort         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=