"De l’importance d’être constant".
C’est le genre d’épitaphe qui pourrait figurer sur la tombe des Yo La Tengo dans quelques années.
En vingt et une années de carrière, Ira Kaplan, sa femme Georgia Hubey et leur rondouillard bassiste James Mc New ont toujours eu le souci d’offrir des disques essentiels, de Painful à I Can Hear The Heart Beating As One en passant par le magnifique And Then Nothing Turns Itself Upside Down.
A l’époque de la sortie de ce disque, nombreux furent ceux qui étaient convaincus que Yo La Tengo ne pourrait plus jamais atteindre un tel niveau d’excellence. Mais trois ans plus tard, Summer Sun avait encore une fois affolé la plume de plus d’un critique.
Bonne nouvelle, le nouvel opus des New Yorkais risque encore d’étonner les plus sceptiques. Pourtant, la formule reste invariablement la même : quelques titres bien bruitistes, gavés de guitares hurlantes ("Pass The Hatchet", en ouverture ). On peut aussi compter sur quelques morceaux de pop raffinée rehaussée de cuivres limpides ("Beanbag Chair", "Mr Tough").
I’m Not Afraid Od You And I Will Beat Your Ass regorge aussi de balades nerveuses qui sont la marque de fabrique du groupe du groupe depuis le début des années 90 ("The Race Is On Again", "The Weakiest Part"). Mais que serait un album du trio américain sans quelques titres lunaires en apesanteur comme sur le justement nommé "Instrumental" ou encore l’impeccable "Tonight".
Le groupe termine par une géniale odyssée sonique de plus d’une dizaine de minutes, mélange de l’énergie brute des guitares de Sonic Youth et de l’éther nauséeux de My Bloody Valentine. Le genre de morceau que l’on imagine prendre toute sa splendeur en concert, avec Ira Kaplan arc-bouté sur sa six cordes, noyé dans les larsens et le feed-back..
I’m Not Afraid Of You... reste avec Rather Ripped le dernier opus de Sonic Youth, un des disques essentiels de cette année. Ils prouvent au moins qu’il ne suffit pas d’être beau, jeune, lisse, maigrichon et d’être fringué chez Heidi Slimane pour écrire de solides chansons de Rock’n’roll. Et encore heureux… |