Difficile d’avoir échappé à Sufjan Stevens cette année. Tout le monde s’est à juste titre intéressé au jeune prodige américain à la sortie de son album Come On Feel The Illinoise, sorti un peu plus tôt cette année.
Comment ne pas succomber aux morceaux de cet album gargantuesque et rabelaisien sur lequel le garçon revisitait avec une assurance et une maestria exceptionnelles le meilleur des cinquante dernières années de la musique populaire américaine.
Devant tant d’élégance et de versatilité, on pensait même tenir le fils caché de Brian Wilson, à l’aise pour échafauder de luxuriantes symphonies pop, mais également assez érudit et talentueux pour faire chialer dans les chaumières avec le banjo, plutôt réputé pour faire danser les bouseux ricains dans les kermesses redneck…
The Avalanche n’est pas à proprement parler un nouvel album, il s’agit seulement de chutes de Come On Feel The Illinoise. La pochette nous précise d’ailleurs que les morceaux présents sur ce disque ont été "effrontément compilés par Sufjan Stevens". Et le bougre ne se gêne pas pour faire l’étalage de son indéniable talent…
Cette compilation permet de se faire une idée de la facilité déconcertante avec laquelle le garçon accouche de mini symphonies pop, comment il recycle brillamment l’héritage des minimalistes américains sans sombrer dans le verbiage post rock, sans oublier les pépites de folk mélancolique et/ou pleurnichard jouées au banjo (sur le magnifique "The Avalanche" ou "Mistress"). On peut aussi redécouvrir "Chicago" décliné en trois versions différentes.
Ne reculant devant rien, il s’essaie même le temps d’un cotonneux "Undivided Self" à l’electronica sans lasser son monde… Bref, Sufjan Stevens fait son crâneur et chambre un peu (malgré lui) en compilant ses fonds de tiroir.
A l’époque où on nous sert "le nouveau super songrwiter qu’il faut absolument découvrir" toutes les semaines ou presque, Stevens recentre sérieusement le débat et place la barre assez haut. On peut même dire qu’on tient là le Serguei Boubka du song-writing. |