C'est quelques minutes avant leur concert parisien au Divan du Monde que 3 membres du collectif The John Venture répondent à nos questions tranquillement installés à une terrasse de café.
Angil, Fabb et Raize nous racontent avec passion et humour l'aventure Venture promise, souhaitons leur, à un beau succès.
Commençons l’interview en parlant du concert de ce soir, au Divan du Monde. C’est un lieu idéal pour vous non ?
Angil : Oui, c’est un lieu idéal pour nous, l’ambiance cabaret du Divan du Monde nous va parfaitement, c’est étonnant un lieu comme ça dans Paris ! Et le penchant cinématique de John Venture s’adapte tout à fait à cette scène. Le truc marrant c’est quand même la limitation sonore du lieu avec les ingés son qui s’arrachent les cheveux au-delà d’un certain volume !
Et je pense que c’est assez visuel sur scène, avec 7 musiciens au total. L’envie de défendre le disque sur scène commence à venir en fait !
Donc, en parlant de live, on imagine la jonction entre vos deux groupes, Angil et Broadway, c’est une fusion acquisition ? Qui a racheté l’autre groupe ?!
Raize : (Rires) En fait je pense que tu n’as pas compris le sens du nom de groupe. Nous sommes une joint venture ! C’est la réunion de deux groupes de St Etienne, avec le groupe de Angil et sa folk bizarre, et puis Broadway, notre groupe bordélique electronica. Au départ c’est un accident.
Angil : … Et pour la faire courte, tout est parti d’un délire, celui d’organiser une soirée concept dans une salle assez connue à Saint Etienne, la Fabbrique qui est conçue sur deux étages.
Raize : L’intéressant pour nous était donc de créer deux live en direct, avec Angil qui jouait au premier étage, et Broadway qui récupérait au rez de chaussées les prises directes du live d’Angil pour mixer le tout et en ressortir quelque chose avec le filtre Broodway. L’expérience était tellement réussie que nous nous sommes posés la question d’une suite.
Angil : Et l’enregistrement a commencé comme ça, dans notre maison remplie de matos jusqu’à la gueule, des micros partout et les allers-retours dans les pièces pour enregistrer en et mixer l’ensemble de l’album en 18 jours, à composer en direct toutes les chansons.
Raize : Bon il faut que tu comprennes que le point central de tout cela pour nous, c’était la cuisine. Ca semble stupide mais c’était un lieu de rassemblement. Voila, on commence par une grosse bouffe et après on y va ! C’est avant tout une rencontre entre amis et passionnés, plus qu’un objectif.
Oui, mais comment faut-il considérer John Venture, c’est plus qu’un one shot non ?
Fabb : Oui évidemment. Mais c’est surtout une envie sur le moment, celle de s’amuser, nous n’étions même pas sur de publier le disque au départ, et au fur à mesure nous avons commencé à enregistrer. C’est une récréation dans un sens. Mais juste une question. Comment pourrais tu définir l’album, en quelques phrases ?
Euh uh.. Je dirai un bordel organisé, cela part dans toutes les directions sans perdre l’unité, du rock au rap en passant par l’electro. J’ai bon ?
Fabb : (Rires) Oui c’est assez bien résumé oui.. En fait il n’y a jamais eu de conflits sur le choix de telle ou telle piste, car tout était écouté en direct et nous savions d’office si c’était bon ou non.
Raize : Et SURTOUT nous n’hésitons jamais à dire aux autres que c’est pourri si cela l’est ! Il y a une franchise assez libératrice !
Angil : Si tu prends Steinwaltz par exemple, le Raize est arrivé avec son laptop et cette introduction electro très Boards of Canada, on ne savait pas trop quoi en faire au départ, et puis les couches se sont empilées. Apparemment le titre fait son petit effet…
Raize : Si tu prends Boards of Canada, puisqu’on parle d’eux, je suis toujours impressionné par leur "poumtchak", l’utilisation des batteries qui claquent avec trois fois rien. Je m’use à essayer sur certaines parties sans avoir le dixième du résultat de ces mecs, c’est sidérant…Le fait qu’on ait tout enregistré c’est également l’envie d’urgence, ne pas avoir à réfléchir trois ans sur un titre.
Aucun souci de budget dans l’histoire ?
Angil : Non pas du tout, c’est vraiment l’urgence et la rapidité qui nous a guidé, car nous avons tous nos groupes en parallèle et il fallait que ça aille vite. Mais maintenant que le projet est sorti, nous pensons sérieusement à une suite, car c’est un projet excitant sans frontière ni étiquette musicale. Comme tu l’as entendu, nous avons tous des préférences musicales différentes et cela donne des mélanges étonnants.
Raize : Et puis il faut quand même dire qu’à St Etienne, les relations humaines sont différentes. Si tu parles avec un mec intéressant tu ne lui dit pas "Faut qu’on s’appelle pour faire un truc", tu lui dis "Reste là qu’on parle des projets". C’est un autre rythme de création avec plus de temps et moins d’activités qu’à Paris. Rien qu’aujourd’hui notre programme était tellement plus chargé qu’à St Etienne..
Angil : Je pense que nous tenons à notre indépendance, à nos racines de province, nous ne rentrons pas forcément le moule parisien. Et la scène de St Etienne est franchement excitante ! Tu prends un groupe comme Deschanel, c’est assez renversant…
Si on revient à l’album, j’ai l’impression que la pochette est directement inspirée des couvertures de Newsweek ou Time, je me trompe ?
Raize : Non exactement ! Je suis content que quelqu’un s’en rende compte, enfin ! Vous voyez les mecs ? Oui c’était un délire visuel qui est venu comme ça.
Fabb : Il faut quand même dire qu’il nous a bassiné pendant plusieurs jours pour que même le code barre soit présent sur la pochette…
Raize : Et si tu regardes le DVD qui est inclus avec le Cd, tu verras le travail que nous avons effectué chanson par chanson pour accompagner chaque piste avec des vidéos. J’ai choisi le thème de la prohibition pour toutes ces vidéos, les années 30, cette période où plus les choses étaient interdites et plus les gens étaient tentés de consommer..
C’est un petit peu rétro comme thème non ?
Angil : Oui et non. Si tu regardes bien l’actualité du moment, la prohibition est développée sous toutes les formes possibles. En écoutant les paroles de John Venture, on peut se rendre compte que nos textes sont assez engagés, politiquement ou civiquement du moins. Et le parallèle avec les vidéos est intéressant.
Raize : Il faut quand même dire que moi l’anglais je n’y comprends rien, ca c’est le truc de Angil, il bosse sur cette matière, et moi de mon coté j’aborde l’aspect visuel.
Angil, l’influence de dEUS semble énorme, lorsqu’on entend l’album de John Venture C’est revendiqué ?
Angil : Oui tout à fait, je prends même ca pour un compliment. Je suis totalement fan des deux premiers album de dEUS, "My sister = clock" et "In a bar, under the sea". Je trouve que c’est un travail admirable. Mais je pense que John Venture va plus loin que cela, c’est également l’addition de toutes nos influences, et vu que nous sommes sept…
Messieurs. Bon concert.
Raize : C’est drôle une interview où le journaliste ne te coupe pas la parole toutes les 30 secondes ! |