Comédie dramatique de David Hare, mise en scène de Laurent Terzieff avec Laurent Terzieff, Benjamin Bellecour et Dominique Hollier.
Comédien charismatique au physique christique, Laurent Terzieff séduit, subjugue, enchante. Il pourrait lire le bottin …pensent certains et le charme agirait tout autant. Mais il ne lit pas le bottin et transcende les textes, qu'il choisit avec une rare intelligence, participant du même questionnement métaphysique de l'existence.
Il choisit de mettre en scène "Mon lit en zinc" de David Hare, auteur dramatique anglo-saxon à la plume habile, élégante, traversée de traits d'humour mais extrêmement incisive.
Un homme d'affaires millionnaire, ex-communiste, qui a épousé une jeune femme alcoolique qu'il a sauvée de la mort engage un jeune artiste alcoolique en voie de repentance. Dans un décor de métal et de verre sous une lumière froide se noue alors un huis clos dans lequel ambivalence, ambiguïté, manipulation et perversion se disputent le rôle principal.
Dans un monde sans croyances, sans foi ni loi, l'homme contemporain se débat avec ses propres doutes. La question taraudante tient à l'essence de l'homme : doit-il s'affranchir de toute passion, de toute addiction, quelle qu'en soit sa manifestation tangible, pour être libre et pouvoir affronter la réponse qui ne sera dévoilée qu'à l'ultime instant sur le lit en zinc de la morgue : Ma vie a-t-elle value d'être vécue ?
Laurent Terzieff dans le rôle du colosse aux pieds d'argile est magnifique et face à ce monstre du théâtre, grâce à une judicieuse distribution, Dominique Hollier, qui donne une belle crédibilité à son personnage de femme dominée par la haine de soi, et Benjamin Bellecour, en homme fragile assailli de toutes parts, se montrent tout à fait à même de lui donner lui donner la réplique. Et notamment ce dernier qui montre, sur toute la distance, ne quittant pratiquement pas la scène, un talent, une sensibilité et une aisance tout à fait remarquables.
Dans ses notes de mise en scène, Laurent Terzieff écrit : "La vie de chaque homme a son prix, que lui seul est capable d’assumer. Elle le condamne à être libre, dépositaire d’un projet de liberté qu’il réalisera ou non".
Tout semble avoir été dit. |