Texte de Zouc et Hervé Guibert, mise en scène de Gilles Cohen avec Nathalie Baye et la participation de Philippe Hérisson.
Alors que les deux Isabelle oeuvrent à leur propre mythification, Nathalie Baye nous entraîne dans l'univers de Zouc, cet univers d'une lucidité et d'une acuité sans complaisance qui est un hymne à la vie, pour être, comme elle le dit, "la passeuse de cette histoire"..
Et comme sur l'affiche où sa frêle silhouette se plaque sur l'ombre immense de Zouc, cette humoriste Nathalie Baye, la comédienne, se love dans sa chair, s'empare des mots de Zouc, ceux qu'Hervé Guibert a consigné au cours d'un entretien.
Ces mots de cette femme grosse, aux cheveux gras, au visage en pâte à modeler, qui fut internée et devint une humoriste atypique,très connue dans les années 70, sorte de dame de Copi, assise sur sa chaise, dans sa robe informe noire, qui racontait des histoires tragicomiques sans concession, suscitant à la fois le rire et le malaise, se comparant à "du steak haché suspendu à une corde à linge par jour de grand vent".
Nathalie Baye entre sur scène d'un pas décidé comme dans une arène, plante le talon sur la scène. Elle s'ancre. Et elle commence immédiatement sans laisser aux spectateurs indélicats le temps d'applaudir.
Nathalie Baye policée, tendue, investie, sans effet, raconte Zouc, Zouc enfant, Zouc à l'asile, Zouc à Paris avec les propres mots de Zouc. Une vie c'est toujours émouvant.
La passation a eu lieu.
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