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Interview  (Paris)  24 octobre 2006

"Claire Maïro se donne en spectacle" au Petit Gymnase avec un one woman show roboratif. Elle mouille sa chemise au sens propre comme au sens figuré, a une énergie incroyable et une spontanéité rafraîchissante.

A la ville, pareil. Elle est vive, spontanée, lucide, déterminée et d’une certaine manière intransigeante et surtout envers elle-même, qui sait ce qu'elle veut et surtout ce dont elle ne veut pas.

Dans votre one woman show vous dites que vous êtes tombée dedans toute petite et que vous avez enfourché votre mob pour venir jouer à Paris. Qu'en est-il en réalité ?

Claire Maïro : C'est vrai que depuis l'enfance de manière réactive j'imitais les profs, les copains et j'élaborais des micro spectacles au sien de la famille. Ce qui n'a rien d'original. Et à l'époque, je ne savais pas qu'humoriste était un métier jusqu'au jour où j'ai découvert Jacqueline Maillan devant laquelle je suis tombée en admiration.

Cela me trottait dans la tête mais je ne savais pas si j'étais capable d'écrire des sketchs et de faire rire un public ce qui est très différent de faire rire les copains et ce que tout le monde n’a pas compris d'ailleurs. Il y a 3 ans je me suis décidée à m'y mettre pour voir de quoi j’étais capable et je suis venue à Paris, où je suis née, parce que c'est l'endroit où tout se fait. Je ne suis donc pas du tout passée par le rodage en province pour ensuite monter à Paris.

Envie d’être humoriste et auteur mais pas comédienne?

Claire Maïro : Non? Cela est venu plus tard. Je suis autodidacte et je n'ai jamais pris de cours de théâtre, je n'ai pas fait de conservatoire. C'est la rencontre à Paris de Myriam qui est co-auteur et metteuse en scène de ce spectacle et réalisatrice qui m'a coaché pour me faire travailler les personnages comme une comédienne. Tous les sketchs sont plus ou moins autobiographiques car on ne fait bien que ce que l'on connaît un minimum. Je n'aborde pas des thèmes qui ne me parlent pas bien ou qui ne m'inspirent pas. Ce spectacle est le fruit de près de 3 ans de travail.

Et avant le Petit Gymnase ?

Claire Maïro : Il y a eu un an de scène mais de manière très périodique et ponctuelle. Puis ensuite j'ai joué un mois au Pixel Théâtre qui est un petit théâtre de 40 places idéal pour se rôder. C'est là qu'un programmateur du Petit Gymnase m'a repérée.

Vous disiez que tout passe par Paris mais Paris n'est-ce pas plus difficile que la province pour démarrer ?

Claire Maïro : C'est effectivement très difficile et Paris est une ville épuisante. Après le Petit Gymnase je pense aller jouer en province déjà pour m'aérer un peu l'esprit. A Paris, il y a énormément de spectacles chaque soir et le public est saturé. Donc quand on n'est pas connu il est difficile pour le public de vous identifier.

Et puis le milieu du one man show est un milieu très particulier et très dur ce dont j'étais loin de me douter quand je regardais jouer Jacqueline Maillan. L'avantage que j'ai est d'être une femme car nous sommes moins nombreuses que les garçons. Nous avons donc un peu plus de chance d'être sélectionnées pour un plateau d'humour.

Mais l'inconvénient est d'être attendue au tournant. Par ailleurs le registre des femmes est différent de celui des hommes car les femmes ne peuvent pas se permettre ce que font les hommes. Ainsi la vulgarité passe beaucoup moins bien dans la bouche d'une femme. Du moins c'est mon avis. Un homme peut imiter une femme même s'il tombe dans la caricature mais l'inverse est moins aisé.

Pour ma part, j'axe beaucoup mon travail sur le visuel parce que j'ai 30 ans et dans 20 ans je ne pourrais plus faire ce que je fais actuellement. Donc j'en profite maintenant.

Il est vrai que dans le sketch de la salle de sport vous mouillez votre chemise au sens propre du terme !

Claire Maïro : Et ce gros travail sur le corps me convient. Je ne me situe pas dans du tout dans le rapport de séduction classique qu'instaurent les femmes. Quand je suis sur scène je ne crains pas le ridicule, ni de jouer avec mon image.

Quelques femmes osent casser l'image de la femme sur scène, comme Elisabeth Buffet qui passait récemment au Petit Gymnase.

Claire Maïro : Oui c'est vrai.

Le plus difficile est de se faire connaître, de trouver une salle, d'avoir un budget promotion?

Claire Maïro : Les 3. Les colonnes Maurice ne suffisent pas. Leur coût est très élevé et le talent me paraît être de moins en moins un critère de réussite. Le critère essentiel est financier c'est-à-dire que les directeurs de théâtres sont plutôt des loueurs des salles. Certains spectacles médiocres marchent bien en raison d'un très gros budget de communication. De plus il faut une publicité tous azimuts et sur une longue période. Il faut le métro, les colonnes Maurice, la télé. Mon spectacle fonctionne essentiellement par le bouche à oreille.

Il commence à avoir une petite visibilité grâce à l'affiche, certaines personnes pensant même m'avoir vue à la télé alors que je n'en ai encore pas fait au moins plan national. C'est un vrai business. Il y a maintenant des gens qui veulent faire "connu" comme métier, peu importe le registre ce qui sature le marché car il y a environ 200 one man par soir à Paris.

Le bouche à oreille est très important et ça n'a pas de prix tout en étant gratuit. L'autre problème est celui des invitations. Il y a de plus en plus d'invitations pour le public notamment sur internet et pour ma part j'y suis opposée car je pense que cela déprécie le travail de l'artiste.

Car ce n'est pas dire 3 blagues sur scène pour faire rire la galerie. Il y a un réel travail derrière. Et il faut savoir que le comédien paie la salle et les salles de théâtre sont de plus en plus chères car les directeurs prennent de moins en moins de risques.

Vous avez raison mais cela étant cela ne résout pas le problème de la baisse de fréquentation des théâtres en général.

Claire Maïro : Il y a un autre problème qui tient à la qualité des one man. Sur les 200, il y a environ, et cela sans aucune prétention de ma part, il a environ 50% de spectacles qui sont des merdes ce qui va susciter frustration et déception quand les personnes férues de one man voient plusieurs mauvais spectacles d'affilé.

Vous disiez vouloir partir en province mais il ne faut pas non plus trop s'éloigner car on vous oublie vite.

Claire Maïro : Oui. Je disais effectivement aller voir en province mais je garde bien sûr mes attaches à Paris pour essayer de conserver le maximum de visibilité. Je connais un humoriste qui utilise les colonnes Maurice uniquement pour la visibilité auprès du milieu. Pour ma part j'ai l'immense chance de pouvoir jouer et d'être aussi très bien entourée par des gens lucides et expérimentés qui ont pris des claques avant moi.

Nous faisons un énorme boulot qui demande de l'assiduité et de la générosité et je trouve qu'il y a de moins en moins de générosité dans ce métier. Déjà qu'il n'y a pas plus égocentrique et narcissique que le one man show ! Je ne fais pas dans le stand up, que je n'aime pas, mais qui connaît un grand engouement en ce moment parce que c'est encore plus égoïste dans la mesure où non seulement on est seul sur scène mais en plus on ne parle que de soi. Parler de moi ne me paraît pas spécialement intéressant pour les autres.

Je me sens vraiment comédienne et je travaille le comique de situation par le biais de personnages clairement identifiables qui sont parfois très loin de moi.

Comment avez-vous choisi les sketchs et structuré ce spectacle ?

Claire Maïro : Mon premier sketch était "La recherche d'appartement" qui est un thème un peu basique parce qu'il résultait d'une réalité quand je suis arrivée à Paris. Les sketchs naissent de situations que je rencontre, de choses entendues ou vécues car je suis très observatrice. Cela étant, je ne passe ma vie un crayon à la main pour noter les idées de sketchs. Par ailleurs j'ai un sketch "SOS enfants battus » qui est plutôt grave et qui est très important dans mon spectacle. Il est porteur d'un vrai message.

Ce sketch crée une rupture de ton avec les autres sketchs et ramène le public à une réalité.

Claire Maïro : Oui.

Vous êtes très "démonstrative" sur scène.

Claire Maïro : Tout ce qui est visuel me convient bien. Je n'ai pas les dispositions vocales pour faire des imitations de personnes connues mais je peux utiliser ma voix pour imiter mon coiffeur ou mon boucher par exemple. Et cela parle à tout le monde puisqu'il s'agit de la vie quotidienne. Je n'ai rien inventé.

Je suis arrivée en me disant que j'allais révolutionner le genre et je me suis vite rendu compte que peu de gens ont fait de la vraie innovation. Il y a eu Desproges, Coluche, Devos. Pour ma part je n'inventerai rien mais je propose de dire les choses de manière différente avec un côté très physique comme dans le sketch de fin "Victimes" où je joue 4 rôles simultanément.

Y a-t-il eu des sketchs sur lesquels vous fondiez de grands espoirs et qui n'ont pas marché ?

Claire Maïro : Très honnêtement non. Certains sketchs ont été retirés du spectacle parce qu'ils ne s'inscrivaient plus dans la trame du spectacle qui subit une évolution au fil du travail et des représentations. D'autres sont venus les remplacer. Chaque représentation est différente car il s'agit de spectacle vivant et que je ne me vois pas répéter chaque soir la même chose.

Le rire fonctionne dans la spontanéité. Bien sûr il y avait Devos mais ses textes sont extrêmement écrits et jouent sur les mots. Il faut également tenir compte des réactions du public car cela reste interactif. Et il n'y a rien de mieux que de voir le public rire. Etre sur scène est le meilleur moment de ma journée, le moment de ma vie où j'ai vraiment l'impression d'exister.

Et ces fameux tremplins que sont les festivals d'humour ?

Claire Maïro : Je vais en faire quelques uns l'année prochaine.

Les priorités à venir ?

Claire Maïro : Reprendre la scène début 2007 et puis aussi défricher du côté de la télévision car la médiation est importante. Un des exemples récents est le cas de Florence Foresti avec un passage récurrent dans une émission diffusée à une heure de grande écoute.

On a parlé de faire rire les autres mais qu'est-ce qui fait rire Claire Maïro et allez-vous voir les autres humoristes ?

Claire Maïro : Depuis que je fais ce métier j'ai du mal à aller voir les autres car je ne suis plus une spectatrice ordinaire et je décortique. Quand on décortique le mécanisme il ne reste que le texte qui n'est pas forcément hilarant. Mais j'ai de l'admiration pour Sylvie Joly qui est impressionnante sur scène alors qu'elle ne bouge pas. Muriel Robin aussi dans un autre style.

J'aimais le cynisme de Desproges et le fait qu'il était toujours dans la sincérité. J'apprécie les gens qui donnent l'impression de naturel sur scène alors qu'il y a un énorme travail derrière. J'aime le côté cabotin de Jacqueline Maillan. Il y a aussi Zouc, Valérie Lemercier. J'aime beaucoup Devos aussi parce que c'était un immense bonhomme humoriste, poète, musicien et clown. Un artiste à part entière.

Dans ce métier il faut du talent, de la chance mais aussi beaucoup de travail. Et je ne vendrai pas mon âme et je ne me mettrai pas une plume dans le derrière pour réussir !

 

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La chronique du spectacle "Claire Maïro se donne en spectacle"


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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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