Après quelques dates en province, arrivant de Lyon et avant de partir
pour la Bretagne, Jack the ripper faisait une halte à Saint Germain en
Laye. Nous avons retrouvé Arnaud et Thierry qui nous ont confié
leurs premières impressions et les enseignements tirés de leurs
pérégrinations provinciales ainsi que quelques déceptions
relatives à la distribution qui freinent la montée en puissance
du groupe.
Que s’est-il passé pour Jack the ripper depuis juin où
vous nous annonciez une tournée d’été ?
Nous sommes crevés ! Sinon des festivals cet été,
et puis 15 dates prévues avec l’Olympic, le tourneur, de septembre
à décembre. Nous avons joué dans des endroits sympa comme
à Nancy Jazz pulsation, la Luciole à Alençon, hier à
Lyon, ce soir à La Clef à Saint Germain en Laye, demain au festival
son des Cotes d’Armor et nous sommes contents de tourner.
Les concerts se passent bien ? L'accueil est bon ?
Oui très bon en général. Mais nous avons pris
conscience, en jouant dans des festivals cet été, que l’accueil
ou du moins l’intérêt différait selon les endroits.
Nous nous sommes rendus compte que la musique n’est pas universelle et
si cela se passe bien dans les grandes villes comme Lyon, Paris ou Strasbourg,
il en va différemment dans certaines petites lors de festivals où
nous nous demandions ce que nous y faisions. La musique est aussi une affaire
socio culturelle. Vous allez toucher certaines personnes mais pas une masse
de gens dans des patelins paumés.
Dans un festival, le tourneur nous y a mené parce qu’il
aimait bien le côté éclectique de notre musique. On a joué
devant des familles avec les enfants qui bouffaient des merguez et après
il y a avait un groupe qui demandait de taper dans les mains enfin c'était
spécial. Il y a eu confusion sur le spectacle. Les gens voulaient des
animateurs.
Et puis jouer le jour convient mal à notre univers musical.
Ce festival en plein aire a été une expérience difficile
D’autant que les gens ne viennent pas pour vous voir…
Non, ce n’est pas vraiment ça. Ainsi hier à Lyon,
les gens sont venus pour Tanger et pourtant, le public a été très
attentif et a apprécié notre musique. En revanche, le public des
festivals de plein air s’attend à une ambiance de fête, de
bal, de kermesse…nous étions perdus avec la buvette, l’ambiance
familiale... et puis en plein jour le vampire de la nuit est vulnérable
et perd tout son pouvoir…nous étions donc totalement décalé
dans la programmation.
D’ailleurs, un des bémols est de signer avec un label
indépendant qui accuse plus durement la crise du marché du disque
et n’a pas les moyens de nous envoyer à l'étranger alors
que nous savons, par la mailing list, qu’il y a un public en Scandinavie,
Suisse, Autriche par exemple qui sont venus à Paris et ont découvert
notre disque par hasard et copient nos disques dans leur pays d’origine
où ils ne le trouvent pas.
En fait je crois qu'il faudrait cibler des villes plutôt que des pays,
car je pense qu’à Bruxelles ou Berlin ça marcherait, comme
à Paris qui est pourtant réputé pour avoir un public difficile,
alors qu’en province c’est beaucoup plus limité car les imaginaires
des gens ne sont pas les mêmes. Nous nous adressons quand même à
des gens en milieu urbain. Les concerts ne sont pas toujours très bien
ciblés.
Nous regrettons vraiment de ne pas avoir pu faire les premières parties
de 16 Horsepower, des Tindersticks ou Vénus par exemple. Il en est de
même pour Hawskley Workman qui se retrouve avec une finaliste de la Star
academy.. c'est démoralisant car on constate qu’il n’y a
plus de cohérence dans la programmation comme c’était le
cas il y a quelques années encore. Moi j'ai découvert les Tindersticks
en première partie de Nick Cave ce qui était cohérent pour
le public.Maintenant l’aspect commercial et marketing devient prépondérant...
C’est donc le premier enseignement que vous avez tiré de ces
concerts d’été
Oui, mais en même temps c’est intéressant. C’est
vraiment une bonne leçon que de jouer en plein jour devant un public
de mangeurs de merguez qui fait pisser les enfant sur les arbres et joue au
badmington pendant que nous faisions les bouffons sur les planches (rires) j'exagère
un peu le tableau là :). Mais c'est sûr que l'après midi,
c’est différent, du soir où les gens ne sont pas dans le
même état d’esprit et se rapprochent plus facilement de la
scène.
Ça doit être horrible
(rires) ....Mais il est vrai que c’est un sujet dont nous avons
débattu après le spectacle avec le tourneur.
Tous les festivals n’étaient pas du même acabit,
heureusement. Mais en même temps nous jouons pour un public très
éclectique, de tout âge, de toute classe ; nous ne jouons pas pour
une chapelle. Nous sommes appréciés tant par des fans de dark
metal que ceux de Léonard Cohen. Ils retrouvent une atmosphère
dans notre musique... nous jouons plus pour des individus que pour des masses
et nous nous insérons mal dans un créneau festif comme la déconvenue
que nous avions eu en jouant dans le sud de la France où ils attendent
des orchestres, ce qui est bien aussi – il n’y a pas de jugement
de valeur de notre part – mais ce n’est pas notre univers.
Ainsi, une fois, au tout début, on nous avait demandé de jouer
pour des fiançailles et ça s'était terminé en rixe
:) (rires)
Vous tournez dans une formation aussi importante que celle qui a joué
à l’Européen ?
Nous sommes 8. A l’Européen nous avions invité
la violoncelliste et le trombone qui avait joué sur l’album mais
c'est la seule différence.
Et quel enseignement en tirez-vous au niveau relationnel de la vie du groupe
en tournée ?
Ça s'est très bien passé, au plan humain, il n’y
a pas eu de dissension.
En revanche, nous avons constaté qu’il y a certains morceaux ou
des arrangements que nous n’arrivons pas encore à faire en passant
du disque au live,. certains passent certains soirs…. et d'autres qu'on
arrive pas a arranger comme on voudrait.
Nous abordons là un troisième volet. Quel enseignement avez-vous
tiré au niveau de la musique elle-même. Pour les concerts, la playlist
est toujours identique ?
Oui, toujours la même.. c'est sur que si quelqu'un vient 3 fois
nous voir mais ... c'est son problème (rires)
Nous avons vraiment formater la playlist car nous sommes nombreux et
ce formatage présente tous les avantages pour trouver les automatismes
et éviter des enchaînements trop longs entre les morceaux. Nous
travaillons donc à partir d’un set bien précis même
si ensuite il peut y avoir quelques changements à la marge au gré
de la durée du concert, mais globalement l’ossature est bien déterminée
aussi pour trouver un set équilibré avec des moments d'énergies
et des moments plus calmes etc...Il nous a fallu plusieurs concerts avant de
trouver le bon dosage.
Mais chaque concert est différent , le public réagit différemment
notamment sur les passages plus lents en milieu de concert. Ainsi, hier à
Lyon les gens étaient très réceptifs à ces morceaux
qui sont parfois moins applaudis habituellement et qui paraissent certains soirs
des morceaux un peu faibles. A Paris, il en va différemment pour ces
morceaux qui reçoivent un bon accueil parce que les gens les connaissent.
Mais le public qui nous découvre est moins réceptif sur ces morceaux
plus atmosphériques.
La structure des morceaux évolue-t-elle?
Non pas énormément et d’ailleurs il y a des morceaux
sur lesquels nous aurions dû travailler l’évolution de la
structure. Par exemple, un pour un morceau comme Martha qui fonctionne bien
sur disque du fait de la présence de deux claviers, il est difficile
sur scène de pouvoir avoir ces deux claviers et simultanément,
en répétition, nous nous sommes rendu compte que plus on réduisait
en lui donnant un aspect acoustique presque voire sans batterie, sans section
rythmique où plutôt que la rythmique soit donnée par les
claviers, serait beaucoup plus intéressante.
Ou il y a des morceaux comme la femelle du requin assez long qui est joué
avec un final un peu raccourci mais qui, si le son n’est pas excellent
dans la salle et qui nous ne sommes pas très précis, a du mal
à trouver sa place, malheureusement parce qu’il est très
agréable à jouer . Donc nous ne le jouons pas toujours, ou alors
en rappel pendant lequel nous modulons la playlist selon la réceptivité
du public.
Donc vous allez retravailler certains morceaux…
Oui, il faudrait mais en même temps, on ne peut pas y travailler
pendant des plombes...d’autant qu’Adrien n’était pas
là pour certains concerts et nous avons dû former un autre violoniste,
ce qui nous a coûté du temps et l’énergie pour des
tâches annexes. Ce qui n’est jamais du temps perdu puisqu’il
nous amène de fait à revisiter les morceaux.
Mais maintenant nous avons envie de se libérer la tête, de dire
allez aujourd’hui répétition, papier blanc et on y va, récréation.
Pour le moment nous avons plusieurs ébauches mais rien
de prêt pour un troisième album, juste quelques riffs intéressants
pour travailler.
Votre série de concerts s’achève à la fin de
l’année ?
Le dernier de cette année est le 13 décembre à
Limoges mais il y a encore quelques dates en début d’année
2004 jusqu’en février (Saint Etienne, Poitiers, Lens, Lille, Strasbourg)
et nous espérons une date parisienne mais sans plus de précision
pour l’instant.
En fait, pour des raisons financières, nous avons besoin d’un éditeur
pour la campagne d'affichage pour une date qui serait au Trianon et notre label
ne dispose pas des fonds nécessaires. Pourtant nous pensons pouvoir remplir
cette salle, car l'Européen était complet 3 semaines avant...
rien que sur la mailing liste de Jack the ripper. Donc c’est frustrant
de se dire que bien que le tourneur soit bien, lui et le label manquent d’audace
sur ce coup là. il y a un manque d'audace,... enfin rien n’est
définitif et nous espérons que ça pourra se concrétiser.
C’est vrai que parfois on ressent bien les inégalités
sociales, genre, l'instituteur qui dit que tu es un bon élève
mais papa maman ont pas de sous pour tes études.
Cela ne vous consolera pas mais même des groupes très connus
et talentueux sont confrontés aux mêmes difficultés. :(
Non non on se plaint pas mais bon... quand même on aimerait bien
jouer au Trianon et c'est tout !!
Oui d’autant que nous avons constaté que la majorité
des ventes de disques interviennent à Paris intra-muros, presque 4000
sur 6000 disques vendus. C’est donc très ciblé.
Mais notre cas est symptomatique de la crise du disque et de la restructuration
des magasins de disque et il faut le dire. A savoir que la Fnac fonctionne avec
un logiciel Ariane qui tend à une gestion avec un stock zéro et
elle met l'accent sur les grosses pointures, en accord avec les majors, faire
croire grosso modo que tout ce qui n’est dans mon filet n’est pas
poisson ; on cible sur quelques gros trucs et les gens n’ont pas de curiosité
pour le reste.
Par exemple nous sommes sélectionnés sur le best off
2003 de Indétendance, la compil de la Fnac, et à la Fnac de Lyon
on ne trouve pas notre disque....De plus le distributeur de
notre premier disque a fait faillite, donc on ne le trouve plus non plus.
Ce qui est dommage c’est que la Fnac qui s’inscrivait dans
une démarche de promotion des labels indépendants est devenu comme
les autres soumise à une logique commerciale. A Paris, il ne restera
plus que Gibert... ou alors peut être que cela va relancer les petits
disquaires.
Et la vente par le net ??
Oui mais comment se retrouver dans cette masse d'information...
Et ce phénomène affecte même les salles... ça
se ressent, on nous sollicite d'ailleurs pour écrire un single car les
programmateurs préfèrent programmer ce qui est diffusé
à la radio. Ils ne prennent plus de risque, ils veulent s’assurer
de remplir les salles.
Et cela est encore aggravé par le contexte politique qui entraîne
la diminution des subventions pour les petites salles et les petites compagnies
qui ne peuvent plus se permettre des programmations incertaines en termes de
recettes.
Auparavant, le public allait dans une salle dans un esprit de découverte
en faisant confiance au programmateur ; maintenant il vient pour écouter
ce qu’il a entendu à la radio, ce qui veut dire que le live n’aura
peut être rien à voir avec le single où le morceau est parfois
complètement massacré par la production. Mais c’est l’estampille
"Vu à la télé, entendu à la radio".
De plus, il faut formater les chansons d’une durée de 2minutes
30 pour la radio ce qui ne correspond plus à une liberté d’expression
musicale, à la découverte... par exemple à Lyon, il y a
eu 150 entrées ce qui est très peu pour une métropole ce
qui est un peu décevant… Aller voir les pointures devient un must
culturel.
Certes, mais le disque est devenu un produit de consommation comme un autre
et au déjeuner du dimanche il faut aborder des sujets fédérateurs
et être dans la norme en parlant de ceux qui passent à la télé
et à la radio
Oui, et malheureusement pas uniquement le disque, mais le groupe aussi,
comme la Star ac avec laquelle on atteint le paroxysme du système, on
prend des individus, on les fout dans un truc, on les essore, ils ressortent
et ils chantent avec 15 danseurs derrière et la première date
live de leur vie c'est direct l'Olympia; c’est extraordinaire... (rires).
Et le troisième album ?
Avant la fin de l'année prochaine...mais…non on y arrivera
pas.... début 2005 peut être...
Il y a déjà des morceaux écrits ?des textes ?
Des bribes…mais pas de textes
Et l'avenir immédiat ?
No future !!! (rires)
Se reposer ? Prendre du recul ?
Non nous sommes un peu fatigués aujourd'hui parce que nous nous
sommes couchés tard ajouté à la route mais sinon on est
en bon état (rires) …donc pas de repos. Nous n’allons pas
prendre une année de villégiature parce que nous avons fait quinze
dates.
Envisagez-vous une nouvelle direction musicale ?
Il est un peu trop tôt pour le dire d’autant que notre
manière de composer est assez spontanée donc cela peut évoluer
rapidement, mais la structure musicale restera identique, on retrouvera donc
le même son, le son de Jack the riper (sourires) …mais peut être
plus de machines, plus acoustique, plus en électro, rien n’est
encore déterminé.
Personnellement, la couleur très rock-électrique me tente maintenant
mais dans 2 mois…En ce moment je trouve très intéressants
des choses comme Interpol, The rapture qui sont très électriques.
Le fait de tourner vous amène à jouer souvent des morceaux
pour lesquels va s’instaurer peut être une certaine lassitude donc
vous serez amenés à enrichir votre répertoire
Oui même si hier un mec qui nous avait déjà vu
a Roanne a trouvé qu'il y avait de nouveaux morceaux alors que non :)
nous avons donc dû les revisiter….mais il est vrai qu’il va
falloir s’y mettre…mais pas de scoop encore
Nous avons cru constater un peu de déception par rapport au label
?
C'est dur financièrement pour le label, il y a toujours de bonnes
raisons…comme les assassins on peut toujours les excuser mais nous regrettons
quand même l’absence de suivi et de rigueur. Le groupe vit tout
seul, sans directeur artistique ; c'est nous qui l’informons qu’à
la Fnac machin il n’y a plus de disque etc... Wagram le distributeur ne
veut pas nous parler directement parce que c’est Village vert le producteur,
on doit les appeler pour qu'ils relancent le distributeur et il n’y a
pas de fedd-back, donc nous ne sommes pas tenus informés.
Mais il faut reconnaître qu’à la base ils ont été
bien, ils nous ont fait confiance, sans rechigner pour des chansons en anglais,
l’enregistrement a été un peu laborieux parce que fait dans
l'urgence etc…donc tout s'est bien passé au lancement mais après
le passage chez Wagram, mis à part avoir pris une attachée de
presse, nous avons eu le sentiment qu’ils passaient à autre chose…
hop au suivant...
La grande déception c’est l’absence de distribution
à l'étranger... on pourrait je pense vendre 2500 disques à
Berlin etc...
Mais si le label manque déjà de rigueur pour une gestion
au plan national…
Je crois qu'il faudrait plutôt axer la distribution sur des villes
européennes ciblées que sur un pays entier. Par exemple je suis
persuadé que nous ne vendrons jamais de disque à Perpignan (il
y a moins d'indé à Perpignan !)). La cartographie des ventes est
révélatrice ; les villes qui ont marché ce sont Paris de
loin donc en tête, puis Lyon, Toulouse, même un peu Marseille et
ensuite viennent la Bretagne, le Nord et Strasbourg. Il faudrait donc cibler
les grands pôles culturels ; quand on joue dans le coeur de l'Eure et
Loir, l’impact reste très limité : on va toucher 10 personnes
sur 1000 dans un festival.
Vous avez sans doute un public potentiel dans des pays comme l’Allemagne
ou l’Italie où le rock indé marche bien.
On le sent bien par les mails que les gens en Suisse, en Allemagne
sont demandeurs mais ... ils font des copies car ils trouvent pas le disque.
Officiellement, il y a une distribution à l’étranger
?
Oui, en Belgique et un peu en Espagne. A Bruxelles sans promo ni concert
il s'est vendu 300 disques, ce n’est pas énorme mais c’est
quand même révélateur.
Et passer sur un label allemand tel que Glitterhouse?
Nous avions contacté Glitterhouse qui nous ont répondu
– ils ont été un des arres à avoir répondu
au demeurant – mais de manière assez sèche : musique pas
originale, sans intérêt, bref genre ça nous casse les pieds
votre tagada :)) mais ça a eu le mérite d’être franc
Et Arnaud, l’écriture ?
En ce moment j'ai une vie personnelle difficile et je dois bosser à
côté et cela ne me laisse pas de temps pour écrire.. c'est
la galère avec le statut d’intermittent qui est remis en cause
dans mon cas, je pensais pouvoir écrire cette année et je dois
bosser pour gagner ma croûte et c'est vraiment bloquant...je suis emmerdé
par l'alimentaire...
Pour la tournée, il n’y a pas eu de difficultés ceux
qui travaillent ?
Non ça va car le tourneur a été compréhensif
et les concerts ont lieu plutôt en fin de semaine. De plus le calendrier
a été connu suffisamment à l'avance ce qui nous a permis
de prendre nos dispositions.
Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
J’insiste sur le fait qu’actuellement nous avons besoin
d'un éditeur... pour nous aider à financer la campagne de publicité...
en se payant sur les recettes par exemple. Donc un apport financier complémentaire
de ceux du tourneur et du label. Cela devient indispensable et vital sur Paris
pour espérer pouvoir faire le Trianon et le remplir sans difficulté
en élargissant notre audience. Car sans vitrine il y a tout un public
qu'on ne peut pas toucher.
Même la billetterie de la Fnac ne fait plus son boulot car elle n’affiche
plus toutes les salles gratuitement. Il n'y a donc que quelques concerts affichés
sur un tableau sélectif ce qui est regrettable. L’économie
de marché dans le disque a gagné tous les stades et a vraiment
des conséquences dommageables pour les artistes.
Il y a un goulot d'étranglement avec la production.. et même
si les distributeurs sont responsables du prix élevé des disques
le piratage n’a pas aidé en affectant d’autant plus la petite
production ; les gens ont l'impression que la musique est gratuite et les ventes
en diminuent d'autant ce qui fait baisser leur chiffre d'affaire des labels
et ils ne réinjectent pas dans les projets.
Oui mais ils ne réinjectent pas non plus la plue value des grosses
ventes dans les autres groupes...
Cela existait avant... plus maintenant en effet... c'est dommage.
mais le marché est tel qu'ils ont même plus envie de le faire ...L’idée
d’une major à l'étranger reste tout autant improbable car
les ventes ne sont pas suffisamment importantes.... les majors ne veulent plus
produire pour du long terme, elles veulent des hits qui marchent tout de suite
et qui rapportent.
C’est un constat général et qui touche aussi des artistes
confirmés. Par exemple Anthony Reynolds ne trouve pas de label non plus
même en Angleterre cela se ressent...
Oui ... c'est surréaliste .... sachant tout ce qu'il a fait,
qui il a produit c'est étonnant....
Mais vous ne baissez pas les bras ??
Non non non pas du tout !! on est juste crevés (rires)
Mais c'est vrai que nous avons parfois l'impression qu'il y a une espèce
de chat noir qui nous poursuit. Nous chantons en anglais au moment où
les quotas sont votés, certains d’entre nous pensaient vivre de
la musique et intervient la modification du statut des intermittents.... Nous
avons eu de bonnes ventes avec un disque autoproduit et le marché du
disque chute quand on passe sur un label et les ventes s’effondrent...enfin
tout ça ce sont des choses tellement fragiles, on ne peut rien prévoir...
Et puis j'ai horreur de cette histoire de bénévolat en
ce moment, induite par le gouvernement, pourquoi ne pas réintroduire
la corvée, le servage, un jour pour le seigneur par mois... comme l'affichage
dans le métro... j'ai de l'énergie à revendre, je la donne...
.... Et si nous vous reposons la question relative au choix des 3 mots
caractérisant votre musique ? Ont-ils changé ?
"Bande originale pour un rêve"... non c'est toujours
la même chose...(NDLR : nous sommes très contents qu’ils
s’en souviennent)
Et le rêve n’a pas tourné au cauchemar ?
Non non c'est toujours ça, à part la fatigue ça
va :) |