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Interview  (Paris)  octobre 2006

C’est certain il a le regard sûr des gens qui se posent plein des questions. Cherchant les réponses, obsédés par la recherche et les vertus thérapeutiques du saint Rock & Roll. Moonman.

Et un deuxième album plus abouti, Necessary Alibis, ses pics et ses sommets alternant l’alternatif et la low-fi, l’expérimental. "Toute création que l’on considère comme expérimentale" est une création ratée disait l’autre, celle de Moonman est musicale. Réussie, avec au moins deux tubes indie de premier plan ("Necessary alibis" et "Mascara and glitch").

Moment de confusion émotive, où l’auditeur ne sait s’il doit pleurer ou sécher ses larmes, Necessary Alibis vaut la peine de l’avoir, avec sa gueule d’album à la rage contenue. Rencontre avec Michel, l’homme leader / orchestre de Moonman forcément pas terre à terre, pour voir l’autre face de la lune et les étoiles qui brillent derrière.

Michel, "Necessary Alibis" est sorti voila quelques semaines dans les bacs, on peut dire que c’est un album hybride, avec de grandes incursions intimistes comme "Self made man", des morceaux rageurs comme "Mascara and Glitch"…Comment juges tu l’album avec le recul ?

Michel : Eh bien… J’en suis vraiment content. Bizarrement je n’éprouve pas de difficulté à l’écouter comme si j’étais un auditeur extérieur à sa conception Le crossover était nécessaire entre les chansons à format pop et l’expérimental, qui est très marqué avec "Team of secrets rivals" se décomposant en quatre parties de natures hétérogènes mais cohérentes entre elles. Je suis par ailleurs très content d’une chanson comme "Everything is kind of Grey", qui est un morceau purement pop, mais avec un tas d’interférences qui reflètent la dualité des textes. Chaque morceau de cet album résonne comme s’ils étaient des amis qui me racontaient des histoires.

Tu considères l’album comme pop ? Je voyais des parallèles avec l’album posthume de Jeff Buckley, "My sweetheart the drunk", pour le coté brut et poétique…

Michel : "My Sweetheart the drunk", non je ne l’ai jamais écouté, on m’a déjà fait la réflexion sur Jeff Buckley et c’est flatteur, même si je ne peux pas dire qu’il m’ait vraiment influencé !(rire). C’est très pur et impressionnant mais je préfère Low ou Wilco, à l’époque de Jim O’Rourke. Dans l’ensemble oui, l’album est pop. Une pop à l’atmosphère mystérieuse ambiance noisy, dû à ma passion de la pop indé. Plusieurs titres sont des mélodies pop de base, même si j’aime bien développer au-delà sur certaines chansons.

J’aime les mélanges, tout en ayant la nécessité de la cohérence et de l’homogénéité. Au départ l’album devait s’arrêter sur "Bunch of liars", ce qui aurait donné un ton pop avec chansons en radio edit. Mais finalement il m’était nécessaire d’inclure cette pièce expérimentale en 4 parties, qui retrace malgré elle beaucoup de sons que j’ai écouté jusqu’à plus soif, le post-punk de Chicago, Sonic Youth dans leurs moments plus calmes et retenus, entre "The Diamond Sea" et "Sonic Nurse".

D’où viens tu Moonman ?

Michel : Tout a commencé en 2003, avec une présélection à Bourges, suite au premier album "Manipulators", qui touchait à la fois à mes influences indie pop/rock avec un soupçon d’électronica (j’écoutais alors énormément Autechre et Boards of Canada). Rapidement, la nécessité d’enregistrer des titres s’est fait sentir, il a fallu refondre les pistes en urgence, avec des enchaînements en live guitare/voix/batterie, la basse s’est rajoutée après. Et je me suis finalement dirigé vers un nouveau projet d’album, plus en phase avec l’objectif du live.

Entre temps, j’ai enregistré dans la foulée "Letters to the dearest", un album basé sur des auto-samples de guitare acoustique et des superpositions de voix à plusieurs octaves différentes, et puis sur deux ans, il y a aussi eu la trilogie des "Pièces pour guitare préparée", qui touchait à mes tentations expérimentales. Et puis enfin, j’ai eu la chance de rencontrer Duncan Roberts et Gilles Deles (qui a aussi travaillé à la production d’Angil, Half Asleep, Dana Hilliot, Melatonine ou The John Venture) et ils m’ont beaucoup aidé à la mise en forme et à l’enregistrement du nouvel album.

Le choix de l’anglais, alors que les majors refusent souvent les groupes français anglophiles, c’est un choix de rébellion ?

Michel : Non, c’est avant tout une facilité naturelle, mes études d’Anglais m’y ont sûrement poussé cela dit ! Je préfère l’anglais, pour moi l’écriture y est instinctive. C’est ma culture anglo-saxonne qui a pris le dessus, et j’ai trop d’estime pour les vrais chansons françaises dans le texte, comme Bashung, Dominique A , Françoiz Breut ou Mano Solo que j’ai beaucoup écoutés , pour m’y aventurer, je veux dire, c’est une part de soi qu’on livre aux autres, il n’y plus de nuance ou de mystère en chantant en français, tout est directement accessible à l’auditeur.

C’est également ma passion pour Sonic Youth, découvert avec "Washing machine" il y a dix ans, une claque.. Tout comme les Liars, découvert dans un festival sous un chapiteau, le chanteur totalement habité en pantalon blanc trop serré, qui craque…Et le chanteur qui finit le set quasi à poil. Et puis des groupes mythiques comme Sebadoh, Pavement, Shellac…

Nous parlons de langues et de traductions.. Peux tu nous dévoiler le sens du titre de ce deuxième album, "Necessary Alibis" ?

Michel : Comme tout le monde, j’ai eu des périodes de doute, des moments où tout tourne mal, sans raison.. Tu es heureux, tu as tout, une compagne, des amis, un confort matériel, et du jour au lendemain tout dégringole, tu te retrouves seul, avec plein de doutes, limite à la rue. Des gens qui t’ont trahis, tendus des pièges… Il y a de la vengeance dans cet album, et la titre "Bunch of liars" parle de cela. Tant mieux si les gens se reconnaissent. Il a bien fallu se justifier à un moment, tenter de trouver des explications pour avancer…

C’est un album règlement de comptes à OK Corral ?!

Michel : Oui, dans un sens. Cela parle également des alibis nécessaires, d’où ce titre d’album, que chacun est obligé de trouver pour défendre sa position. Ces gens qui te font du mal, qui ont du justifier leurs actes, et moi-même dans un sens. En ce sens, on peut parler de catharsis ou d’exorcisme musical, un voyage en état second, qui me ramène aux souvenirs. La première chanson, "Necessary Alibis", est par exemple le récit d’un voyage aux Etats-Unis, je retrouve les souvenirs de ce voyage en écoutant la chanson. Tout comme sur "Self made man". Les morceaux ont une vraie histoire et les textes sont disponibles sur le site du label.

Michel, cette pochette western est assez intrigante, à force de la voir on se l’approprie, mais quel en est le sens ?

Michel : Tout est parti d’un dessin trouvé par terre, ressemblant parfaitement à celui de la pochette à quelques détails près, que j’ai immédiatement adoré et qui m’a suivi tout au long de la conception de l’album. Je n’ai appris que plus tard qu’il s’agissait d’un dessin connu illustrant un film western assez culte. Je ne peux même pas dire de quel film il s’agit (Rires).

Bref, cette illustration devait être provisoire, et finalement elle a suivi tout le projet bêta jusqu’au jour où j’ai commencé à faire écouter les démos en gardant le même visuel. Finalement, pour des raisons de droit d’auteur, j’ai demandé à un ami graphiste de redessiner la pochette suivant ce modèle, et j’aime beaucoup l’anachronisme entre le devant (un règlement de compte entre cow-boy) et l’arrière ou l’on voit un vaisseau futuriste.

C’est également un dessin à double sens, car les deux cow-boys semblent s’affronter, mais à l’intérieur l’un des deux braque son flingue sur une personne inconnue ? Qui est ce ? L’auditeur, la femme qui les regarde ? Personne ne sait, il y a plusieurs sens de lecture, de nombreuses entrées et interprétations possibles. Et puis l’auditeur peut s’approprier cet univers comme tu dis…

En plus de Moonman, tu diriges également le label Greed Recordings, sur lequel tu t’es autosigné. N’est-ce pas perturbant d’avoir plusieurs casquettes, à la fois musicien, bookeur, directeur de label….

Michel : Non pas du tout, c’est un cliché mais c’est une question de passion. Les anglophones disent « Labour of Love », personne ne t’y oblige , mais tu le fais, tu t’infliges ta propre pression et tu bénéficies de tes propres résultats dans un certain nombre de domaines. Cà limite les périodes de création personnelle pure, mais en même temps, je peux prendre du recul en travaillant sur les sorties d’autres groupes qui nous font confiance et qui me plaisent.

Et la naissance de Greed c’est déjà un peu loin, ce sont de vieux débuts, 98/99, j’étais alors influencé par Sub Pop, Sentridoh, des trucs un peu foutraques... Cela avait déjà commencé avant avec des cassettes de compilations de morceaux folk enregistrés en lo-fi par la force des choses, avant que la lo-fi existe (rires) que je donnais à mon entourage, qui ne les écoutais pas bien sûr, en pleine période postpunk..

Comme John Cusack dans "High Fidelity" ?

Michel : (Rires) Oui… En fait tout est né du constat évident que si je ne faisais pas les choses, personne ne les ferait pour moi. C’est d’autant plus vrai dans le milieu musical…Au départ Greed Recordings s’appellait "Greed Recordings Coompany Ltd", d’où les références en GRCL des disques, tu vois ! (Rires) C’était une manière de signifier la lucidité sur cette industrie avec un clin d’œil cinique.

Aujourd’hui, les choses commencent à bouger et nous commençons à avoir plusieurs signatures intéressantes, avec les Italiens d’Action Dead Mouse, Century of Aeroplanes, qui peut être comparé au travail de Steve Reich, et la nouvelle signature des Cornflakes Heroes.. J’ai reçu leur album et j’ai tout de suite pris une claque, en me demandant comment un tel truc pouvait ne pas être signé ! Leur album sort le 5 décembre prochain, et çà devrait bien fonctionner pour eux !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Necessary alibis de Moonman
La chronique de l'album Mascarade Labyrinthe de Moonman & The Unlikely Orchestra
Moonman en concert à L'Ouvre Boite (28 octobre 2005)
L'interview de Moonman & The Unlikely Orchestra (dimanche 12 février 2012)

En savoir plus :

Le site de Greed Recordings

Crédits photo : DR


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

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"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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