Comédie dramatique d'Henry de montherlant, mise en scène par Jean-Luc Jeener, avec Laurence Hétier, Colette Venhardt, Jean-Claude Sachot, Audrey Sourdive, Aurore Ly, Isabelle Desalos, Charlotte Hirsch, Alexia Papineski et Appoline Roy.
Port Royal. Une croix. Une épure. Jean-Luc Jeener, homme de foi et de théâtre, met en scène Port Royal avec une austérité et un humanisme fervents.
Port Royal est une pièce classique, un lieu, une action, une journée dans le parloir du fameux monastère de Port Royal devenu un des camps retranchés du jansénisme qui sert de cadre historique à Montherlant pour aborder ses thématiques de prédilection et notamment la primauté du choix personnel quel qu’il soit, l’exigence extrême imposée à soi-même et l’insensibilité aux contingences du siècle.
L'Abbé de Saint-Cyran, confesseur des moniales et ami de Jansénius qui fût l'ennemi des jansénistes, influença fortement le monastère de Port Royal des Champs qui se trouva ainsi propulsé dans la querelle janséniste qui secoua le catholicisme. L’exigence de sainteté et de grâce animant certaines des sœurs de Port Royal ne pouvait que trouver un écho dans la doctrine janséniste qui professe une élection très restrictive.
Animées d’une foi ou d’un orgueil immense, elles s’opposèrent à tout pouvoir, qu’il soit temporel ou spirituel, refusant au nom de la primauté de Dieu et de la fidélité à leur engagement de suivre les directives de leur propre supérieur.
Face à l’archevêque rubicond, homme de foi trop impliqué dans le monde mais aussi homme de pouvoir assailli par le doute mais cédant à la raison politique, brillamment interprété par Jean-Claude Sachot, les sœurs sont toutes littéralement habitées. Leurs scènes d’opposition avec l’archevêque ou entre elles sont magnifiques et le spectateur est vraiment transporté dans une autre dimension.
Laurence Hétier dans le rôle de Sœur Angélique de Saint Jean est bouleversante et impressionnante de force, d’émotion et de sensibilité. Face à elle, tel un miroir de ce qu’elle fût en son noviciat, la jeune Sœur Françoise qui trouve en Audrey Sourdive une limpide et émouvante incarnation. Elles donnent une vraie âme aux personnages et le propos et le verbe de Montherlant ne sauraient trouver de meilleur véhicule.
Un spectacle rare. |