Adrienne Pauly est une jolie petite brune toujours vêtue de noir qui promène sa silhouette frêle et sa voix rauque le long des 11 titres d’un premier album éponyme qui sort des sentiers battus de la chanson féminine actuelle. Un album à l’univers chaotique à la fois intemporel et terriblement contemporain.
En vrai, elle a un charme fou et se plie avec gentillesse au stakhanoviste exercice de promotion.
Vous venez d'un milieu familial plutôt artiste. Cela explique-t-il que vous avez commencé par faire du cinéma puis de la chanson ?
Adrienne Pauly : Il est vrai que j’ai été élevée dans une famille qui faisait un peu du cinéma et nous allions beaucoup voir des films et nous nous racontions des histoires. Il y avait une volonté de dépasser les réalités de la vie pour partir dans une rêverie. Ou en tout cas de transfigurer la réalité qui nous paraissait parfois menaçante.
Vous alliez au cinéma et vous vous faisiez votre propre cinéma ?
Adrienne Pauly : Oui et je vivais à travers le cinéma. Quand je repense à mon enfance, des images du film "Les 400 coups" de Truffaut me reviennent en mémoire même si j’ai des souvenirs de ma vraie vie. Cela m’a toujours amusé de voir des films comme "Certains l’aiment chaud" avec Marilyn Monroe, de faire des films, et de chanter devant ma glace comme toutes les petites filles. Et je ne me voyais pas ma vie autrement. Je me disais que je serai comédienne, chanteuse ou majorette. C’est une façon de vivre.
Une façon de se mettre sur scène et en scène ?
Adrienne Pauly : Non, une manière de vivre.
Vous avez commencé par chanter dans des bars du 18ème arrondissement de Paris. Mais quand et comment en êtes-vous venue à la chanson ?
Adrienne Pauly : Il y a 5 ans j’étais actrice et je ne savais pas si je voulais continuer dans cette voie d’abord parce que ça ne marchait pas très bien donc c’était très ennuyeux Il fallait que j’évacue certaines choses et j’ai commencé à écrire des trucs et notamment des textes de chansons.
Il y a 3 ans et demi j’ai rencontré à la terrasse d’un café un jeune homme qui s’appelle Christophe Ernault qui est monté chez moi voir on piano dont il a joué.
Nous avons fait ainsi une chanson puis une maquette avec 5 titres. J’ai rappelé des potes d’enfance de mon frère parce qu’à l’époque j’avais plus d’amis, plus rien, une vie plutôt chaotique. Nous avons formé un groupe il y a donc 3 ans et nous avons commencé à jouer dans les bars comme l’Olympic, les Trois Frères et puis quelques salles.
Et vous y avez pris goût ?
Adrienne Pauly : Oui totalement. Ca a été une révélation. Quand j’ai fait mon premier concert à House of live j’étais à la fois très émue et rassurée pour l’avenir. J’avais trouvé quelque chose qui me plaisait vraiment et puis qui dépend beaucoup de soi contrairement au métier de comédienne pour lequel il faut attendre d’être appelée. Il faut donner un peu de son âme, mettre sa peau sur la table mais en s’en remettant à un metteur en scène et à un texte. Exprimer quelque chose de personnel n’est pas facile dans ce métier.
Chacune de vos chansons constitue un petit film ?
Adrienne Pauly : Un peu. Cela résulte de choses que j’ai observées. Au début on écrit un peu pour régler des comptes avec soi-même, avec la vie, tuer des fantômes, des angoisses. Cela relève de la survie ou simplement d’une façon de "faire le ménage".
En dehors de cet aspect psychanalytique chiant, c’est aussi amusant de jouer avec les mots. Ces chansons reflètent un peu mon état d’âme pendant ces 5 ans.
Et quand tous ces comptes seront réglées, qu’en sera-t-il de l’inspiration ?
Adrienne Pauly : Il y a quelque chose en moi de profondément inquiet et sans doute que vivre la vie de tous les jours ne doit pas me suffire. Donc je ne pourrais pas me ranger des voitures pour faire quelque chose de complètement différent.
Les concerts vous permettaient une catharsis et de vivre autrement la vie quotidienne. Pourquoi avoir institutionnaliser cette démarche en entrant dans l’industrie du disque ?
Adrienne Pauly : A un moment il faut gagner sa vie. C’est important et jouer dans les bars ne le permet pas.
Comment avez-vous intégré l’écurie de Warner ?
Adrienne Pauly : J’avais entendu parler en bien de Marc Lumbroso (ndlr : parton du label "Remark Records" chez Warner) et je suis allée le voir. Je crois qu’on s’est plu et une semaine après il me rappelait pour me proposer de faire un album.
Comment s’est passé le choix des titres qui figurent sur l’album ?
Adrienne Pauly : Il résulte d’un choix commun.
Un des titres a-t-il été repéré comme tube potentiel ce qui n’est pas aisé puisque vos chansons n’ont pas un format standard notamment pour le passage radio ?
Adrienne Pauly : Le single "J’veux un mec" est un peu raccourci pour cette raison. Pour les tubes, il y a des chansons plus évidentes que d’autres. "Nazebroke" est plus grave et difficile peut être et s’adresse peut être à un public moins large que "J’veux un mec" qui est un cri du cœur que pas mal de femmes ont du pousser
Il en va sans doute de même avec "J’ai fait l’amour avec un con" ?
Adrienne Pauly : Oui. Et cela est partagé autant par les filles que par les mecs.
Vous vous inscrivez plutôt dans un registre réaliste qui correspond à votre manière dont vous voyez la vie ?
Adrienne Pauly : Oui parce que j’aime beaucoup Billie Holliday, Fréhel, qui ont une forme de gravité qui devient poétique et qui m’émeut. Je ne trouve pas ce registre ridicule et il y a de l’humour aussi. Et puis la vie n’est pas angélique, faut pas déconner, même si j’aime beaucoup rire ! La vie est en perpétuel mouvement et elle peut être chaotique un instant puis s’illuminer.
Vous écrivez donc les textes et qui les met en musique ?
Adrienne Pauly : Il y a des chansons que j’ai signé avec les musiciens parce que je suis arrivée en chantant la chanson. Quand j’écris la chanson, elle est accompagnée d’une mélodie d’un rythme que j’ai en tête.
Sur le livret accompagnant l’album les chansons sont illustrées par vos soins avec des dessins, des photos, des collages. L’illustration, l’écriture sont des domaines qui vous intéressent ?
Adrienne Pauly : Il est vrai que j’écris beaucoup, je jette sur du A4 mes conneries, ça me fait du bien. J’en ferai peut être un jour un livre ou un film, je ne sais pas.
La période de promotion de votre album commence. Y a-t-il déjà des concerts et une tournée prévus ?
Adrienne Pauly : Pour cette fin d’année il y a quelques dates : le 28 novembre au Nouveau Casino et le 15 décembre à l’Argo’notes de Montreuil. 70 concerts environ sont actuellement prévus pour 2007.
Les musiciens qui vous accompagnent sur l’album comme Adanowsky ou Michael Garçon, continueront-ils de le faire pour ces dates ?
Adrienne Pauly : Adanowsky continuera effectivement d’être mon bassiste jusqu’au moment où il sera trop sollicité par son album qui vient de sortir. Michael Garçon reste également. Et puis je serai accompagnée par Alice Beauté à la guitare et Olivier Ferrara Mitchum à la batterie. Je connais ce dernier depuis 3 ans et il fait partie de la famille.
Cette notion de famille est importante et participe de votre univers ?
Adrienne Pauly : J’ai écrit ces chansons dans une grande solitude et quand j’ai commencé à les mettre en musique avec Christophe Ernault c’était un peu différent. Il y a 2 chansons que j’ai faites avec Adam d’autres avec Nicolas Ullmann. Yarol Poupaud qui joue de la batterie et qui a produit l’album a eu un rôle important dans la mise en musique de l’ensemble.
Vous avez d’autres chansons en stock pour les concerts voire pour un éventuel prochain album ?
Adrienne Pauly : J’ai quelques chansons d’avance mais surtout 150 chansons non terminées dans mon ordi. Cela étant, une nouvelle période commence donc un prochain album comportera de nouvelles histoires qui ne sont pas encore écrites parce que pas encore vécues.
Votre album comporte une reprise de Gainsbourg qui est une de vos références ?
Adrienne Pauly : Oui, il a quand même fait de belles chansons et la chanson que je reprends "L’herbe tendre" a aussi été chantée par Michel Simon dans un film (ndlr : Ce sacré grand-père de Jacques Poitrenaud). Cette chanson que je trouve jolie constitue une respiration dans le disque. Il y a en a une autre de cette veine c’est "Chut". Il y a quand même des moments de tendresse dans la vie !
Sur scène, vous ferez des reprises ?
Adrienne Pauly : Oui Bombe sexuelle (ndlr : Sexbomb de TomJones) et Blonde, brune qui est l’histoire d’une bière qui demande à un type de la décapsuler et que j’ai co-écrit avec Camille Bazbaz. Je reprends aussi "Teddy Bear" d’Elvis Presley et tout un tas de joyeusetés !
|