Avec Portraits publics, portraits privés, le Grand Palais propose, à travers une étonnante mise en perspective de la peinture et de la sculpture, de se pencher sur un genre, qualifié de mineur dans la hiérarchie établie par l’Académie, qui s’est avéré être un domaine très productif voire créatif entre 1770 et 1843 et connut un engouement qui dépassait les simples frontières nationales.
Ainsi certains bustes étaient destinés à être reproduits pour être diffusés tels des photographies. La démocratisation du portrait était en marche et ce nouveau genre constitua une activité lucrative pour les artistes surnommée le "pot-au-feu".
La scénographie de cette exposition d’une exceptionnelle richesse a été judicieusement confiée à Hubert Le Gall, à qui l’on doit la merveilleuse mise en espace de l’exposition Mélancolie qui s’est tenue dans ce même lieu. Impossible de ne pas retrouver sa patte dans la palette des tons chauds de brun et bronze, l’orchestration intelligente, parfois facétieuse, des statues et des peintures et la mise en scène à plusieurs niveaux réjouissant l’œil tant en grand angle que dans le détail.
Par ailleurs, elle épouse complètement le fond du propos en conférant à chaque thématique une atmosphère appropriée, de la niche toute en douceur consacrée aux portraits d’enfants en passant par la salle de sculpture néoclassique déclinée en Parthénon moderne, de la délicieuse salle au portrait féminin au panthéon des hommes célèbres, le majestueux et spectaculaire en marbre de Pigalle à la gloire de Voltaire dans le grand escalier assurant la transition entre les deux étages consacrées à l’exposition.
Les oeuvres des plus grands artistes de leur temps, David, Houdon, Ingres, Goya, Reynolds, Gainsborough, Lebrun, Rude sont appariées par genre qui s’inscrivent dans une anthologie de l’être et du paraître qui sont de plus en plus intimement liés avec la démocratisation du portrait.
La sphère politique
Le portrait est bien évidemment d’abord l’apanage des grands hommes de l’époque avec les représentations officielles des souverains.
Le classique portrait politique orné des insignes du pouvoir se modernise. les souverains sont représenéts en pied et la tournure est plus réaliste ou penche vers l’allégorie.
De même pour les portraits des personnes proches du pouvoir, militaires ou hommes d’Etat, dont la condition participe de la dramaturgie sociale.
Le portrait iconographique passe par le portrait d’histoire (Marat assassiné, l’idéalisation (Bonaparte) ou l’héroïsation à l’antique (Apothéose de Napoléon).
La sphère intime
Le portrait connu également un bel essor dans le domaine privé de la famille. Mais son réalisme teinté de grâce et de naturel affichés est souvent le fruit d’une mise en scène plus ou moins évidente.
Le portrait féminin demeure essentiellement normatif avec parfois une héroïsation.
Le portrait de famille, souvent traité à la manière de scène de genre, répond aux exigences de la représentation d’un ordre moral, politique ou tout simplement social.
Seuls quels portraits de famille d’artiste s’inscrivent dans une veine vraiment réaliste (Portrait d’un homme et ses fils).
La sphère de l’individu
Cette époque voit naître le portrait culturel qui immortalise les grands hommes comme véhicule de leur pensée ainsi que le portrait, ou autoportrait, d’artiste.
On remarquera l'autoportrait de Messerschmidt qui est éminemment moderne voire futuriste.
Le portrait féminin commence à s'émanciper des codes en vigeur comme la domestique noire peinte par Elisabeth Vigée Le Brun ou les portraits d’artistes telle l’actrice Mrs Abington qui est représentée sur l’affiche de l’exposition.
Et naît le portrait de convention où l'individu s'affirme au delà de sa fonction.
Les portraits antiques
Le portrait antique garde toute son actualité et sont réunis dans une très belle salle dans laquelle figure une très intéressante statue en double portrait de Volpato.
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