L'heure du marathon est arrivée : 6 lieux différents, plus de 70 groupes et artistes de tous styles et de toutes origines, pour des Rencontres Transmusicales totalement dénuées cette année d'énormes têtes d'affiches. Un retour aux sources en somme.
Après deux ans de démenagement forcé vers le parc des expos, Les Trans réinvestissent la ville de Rennes en ne proposant plus que les concerts du soir à Saint-Jacques. Elle va donc être de retour, l'ambiance chaude d'entre deux salles, entre les chants des mélomanes perdus et les café-concerts bondés. Pour l'instant les concerts en ville sont peu nombreux et se limitent à l'après midi sur le thème des musiques du monde mais nul doute que le grand retour attendu par de nombreux festivaliers (mais pas par nous) arrivera dans les prochaines années.
Tout commence aujourd'hui par une conférence aux Champs Libres, nouveau lieu de rencontres destiné chaque jour à un sujet différent puis par les concerts des maitres du Bèlè et de Danyel Waro et Titi Robin, souvent présent dans différentes formations musicales.
Tandis que le Grand Logis, l'Antipode et l'Aire Libre accueillent leurs concerts du soir (dont les excellents Olivier Mellano et Peter Von Poehl), il est temps d'aborder la soirée au parc des expos après une belle attente devant la porte fermée pour une soit-disant raison de sécurité qui, comme d'habitude aux entrées de festivals, provoque plutôt du danger chez les festivaliers (en l'occurence, une file d'attente sur la quatre voies). Quelques changements dans la décoration (dont un joli parterre jardin au milieu de la magnifique salle 5 totalement dédiée à la restauration et au repos) et surtout une évolution de taille pour la 'petite scène' : celle-ci devient aussi grosse que l'ancienne scène 4 et s'octroie un hangar entier. En ce qui concerne la salle principale, elle contient désormais des places assises pour que les plus fatigués des festivaliers puissent se reposer pendant la dizaine d'heures de musique de 20h à 6h du matin.
Place aux festivités avec, après les sets des différents DJ ouvrant chaque plateau, les normands de Porcelain dans le hall 4. Après les excellents Tom Violence ouvrant le festival l'an dernier, c'est encore un groupe de Saint-Lo qui nous fait le plaisir de distiller une noisy efficace. Passages post-rock ou chansons plus pop sur fond de nappes de guitares, c'est un véritable régal avec une musique péchue et complexe souvent détronée de nos jours par le fameux rock festif ou la pop FM.
Ouverture du hall 9 quelques dizaines de minutes plus tard avec The Sunshine Underground. et des britanniques enervés balancant leur rock'n roll aux oreilles encore froides du public du hall 9. Le guitariste se déchaine en portant haut sa guitare aux côtés d'un chanteur en grande forme.
Dernière ouverture de rideau de la journée sur le tout nouveau hall 3 et les étonnants Stuurbaard Bakkebaard qui mélangent brillament blues et rock, chansons déjantées et grosses guitares. Jean-Louis Brossard les avait bookés depuis janvier et il avait bien raison. Une etrangeté de Hollande plutôt excellente pour une jolie mise en bouche de cette soirée résolument rock. Un peu de courage, il reste encore une quarantaine de groupes à découvrir.
Déjà 22h et la première tête d'affiche de la soirée s'avance sur le devant de la scène. Chan Marshall, alias Cat Power, avait séduit une grande partie du public de la Route du Rock 2006. Elle en avait aussi étonné beaucoup par sa manière très expressive, très gaie, de chanter. Retour à un set un poil plus sombre mais toujours loin de l'image que l'on pouvait avoir de l'artiste. Exit le Memphis Band mais toujours pas de Chan deprimée à l'horizon. Elle est même arrivée à l'heure et a souri, c'est dire !
Suivent les belges de Montevideo dans la plus grande tradition pop rock. Chansons bien comme il faut sans excentricité. Un set peu original malgré toute l'energie des musiciens. On s'attendait toutefois à beaucoup mieux de la part d'un groupe signé sur le label de Ghinzu.
Ils sont attendus scène 3 les Viva Voce et c'est avec raison. Un peu pop mais surtout très noisy, c'est la première claque de la soirée. Telle une jolie guitare-heroine, Anita se déchaine sur sa Gibson entre deux magnifiques chants tandis que son mari lui donne férocement le rythme à la batterie. On pense aux White Stripes, oui mais les White Stripes en bien, en beaucoup mieux même.
Place à la sensation du moment avec les Razorlight, vus sur toutes les chaînes et dans tous les spots de pub. Bien sûr, c'est formaté, c'est propre, c'est bien emmené. La nouvelle vague du rock britannique est là et ils en font totalement partie. Cela dit, après la prestation de Viva Voce et avant les fantastiques I'm from Barcelona, on se dit qu'ils n'inventent pas grand chose malgré la puissance impressionante du set.
Groupe isralien, Izabo fait dans la pop agitée, plaisante, avec des paroles en anglais servies par le joli accent du chanteur guitariste. Un bon moment de musique avec une demoiselle au synthé prenant les poses les plus invraisemblables sur son tabouret et un bassiste aux dreadlocks impressionantes.
Retour dans les années 60 avec The Horrors pour du surf garage totalement barré. L'an dernier, Messer Chups captivait l'audience, dont votre serviteur, avec sa surf music sur fond de films d'horreurs, cette fois ci c'est le côté rock, Cramps de ces fameuses années qui ressurgit avec les lascars. On commence par une ode à Jack l'Eventreur et on continue l'heure de rock'n roll quasiment dans le noir à essayer de voir les looks pas possibles entre deux frissons d'horreur (simulée pour leur faire plaisir bien sûr)
On parlait de claque pour la prestation des Viva Voce mais que dire de la prestation des I'm From Barcelona ? Collectif suèdois, ils débarquent à une trentaine sur scène et, à l'instar des Polyphonic Spree ou autres Arcade Fire, ils forment une incroyable fanfare pop enjouée avec des mélodies imparables et une prestance scènique evidemment hors du commun, lançant des confettis, des ballons ou même des bonbons à la foule. C'est frais, c'est joli et leur enthousiasme est tellement communicatif que la plupart des spectateurs rentreront chez eux avec leurs chansons de hippies dans la tête. Sans aucun doute le concert de la journée.
Pas facile pour Gong Gong de jouer en même temps que les suèdois. Et pourtant leurs bricolages sonores sont tellement réussis que des curieux s'approchent et restent captivés par l'originalité et l'ingéniosité des deux maîtres d'oeuvre assistés d'étonnants numéros de projections de vidéos.
Cette belle soirée se termine avec Pop Levi, ex Ladytron, pour de l'electro rock agitée. Arrivé en impérméable et dansant parapluie ouvert sur le plateau, l'étrange personnage occupe les dernières energies du public avec sa voix étonnante, douce et piquante à la fois.
A demain pour la suite des 28èmes Transmusicales de Rennes, (presque) en direct !
I'm gonna sing this song with all of my friends and we're I'm from Barcelona
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