Sautillante. Pimprenelle de la chanson française, piquante, mutine et intelligente, tout à été dit sur Jeanne Cherhal depuis des années, à mesure que sa renommée se faisait, avec une phrase ritournelle : "La Jeanne, il faut la voir sur scène". C’était le cas, mardi 5 décembre dernier au Rive Gauche, la salle de St Etienne du Rouvray, près de Rouen.
En effet, depuis son premier album, enregistré live à Nantes, c’est sur scène que Jeanne Cherhal met tout le monde d’accord. Le concert, l’un des premiers qui fait suite à la sortie de son nouvel album - toujours commencer ses tournées à Rouen, le public est froid, c’est ce qui se dit, c’est souvent faux mais les rumeurs sont tenaces - commence par une Jeanne au piano dans un noir quasi complet. La chanteuse entame par deux chansons de son nouvel album au piano.
Moins orchestré que sur l’album, plus de la veine de ce qu’elle faisait avant, plus cru, et finalement dans quelque chose où on la sent finalement plus à l’aise…
Triomphe d’un public acquis à la cause et qui attend, en vain dans un premier temps une intimité plus grande avec la chanteuse.
Ca viendra. Le Rive Gauche est de ces scènes chaleureuse malgré sa taille, et le dialogue va peu à peu s’instaurer, et plus facilement sur ses anciennes chansons que sur les nouvelles, peut être plus accessibles mais en même temps moins personnelles. Le show, roule. Löhrer, son guitariste, ancien d’Olympic Gramophon prend plus de place que lors de la précédente venue à Rouen en 2004, et la prestation générale y gagne en musicalité, en puissance rock aussi. La bassiste/choriste Annick Agoutborde apporte un peu plus de cette puissance d’ailleurs, tout en offrant à la chanteuse un peu plus de liberté au chant, même si elle a remplacé la basse par la guitare…
La nouvelle Jeanne est d’ailleurs plus rock, et se détache peu à peu de la filiation qui la rapprochats plus des arabesques de la belle Pascaline Herveet, chanteuse des Elles et d’Higelin que de la pop aérée qu’elle semble défendre aujourd’hui, en témoigne la réorchestration beaucoup plus dure de "La Déchetterie", par rapport à sa précédente tournée…
Avec un peu de mauvais esprit, on pourrait dire qu’en chanson, on monte le son quand on a moins de choses à dire ; sans aller jusque là, c’est vrai qu’on a l’impression que la chanteuse n’assume ou ne maîtrise pas encore complètement son nouvel album si différent des précédents, et surtout moins personnel, moins piquant…
Il y a eu tellement de changement, et pas seulement capillaire entre les premiers morceaux au vitriol, la prise en production de Vincent Ségal et ce dernier album très produit mais aux paroles plus convenues, que l’on se dit, peut être que cette tournée débutante n’a pas encore tout intégré.
C’est une sensation personnelle, qui est loin de refléter celle du public, visiblement pas heurté par le changement de genre de la demoiselle, et qui devient complice à mesure que la chanteuse se détend… Mais est-ce toujours le même public qui vient voir Jeanne Cherhal ? |