Avec un titre ludique "Les lettres ont la forme !" le Musée de la Poste propose une exposition historique retraçant 5 000 ans d’histoire de l’écriture.
Conçue par Patrick Marchand, cette exposition est une belle réussite tant par son érudition et la richesse et la diversité des objets présentés que par la scénographie en noir, rouge et or de Patrice Bléau qui constitue un régal pour les yeux.
Et à l’intérieur de chaque de vitrine, les objets sont soigneusement mis en scène avec un réel souci à la fois didactique et esthétique.
Cette histoire de l’écriture doit être entendue au sens large du terme puisque l’exposition aborde non seulement l’écriture, l’alphabet et la calligraphie, mais aussi ses supports et ses outils.
Par ailleurs, elle revêt un caractère spatio-temporel puisqu’elle propose un double voyage : un voyage dans le temps à la recherche de l’origine de l’écriture et une exploration des cinq continents pour découvrir les écritures du monde.
L'exposition peut également se parcourir au gré de sa fantaisie car les cartels sont très didactiques.
Par ailleurs, le Musée de la Poste ne perd jamais de vue les très jeunes visiteurs et leur propose des petites animations interactives pour aménager des plages récréatives et instructives.
De l'écorce d'arbre au papier
De l’écorce d’arbre au marbre, du papyrus au papier, des dos de tortue au tissu tous les supports végétaux ou minéraux ont été utilisés par l'homme comme support de l'écriture en fonction de leur évolution et de celles de leurs techniques.
Du roseau au pinceau
Née d’encoches qui ont engendré l’écriture cunéiforme sur des tablettes d’argile 300 ans avant JC, l'écriture se retrouve gravée à la pointe du roseau sur du papyrus sur les bords du Nil.
En Chine, pays qui inventa le papier, les pictogrammes sont dessinés avec des les pinceaux dont les manches sont précieusement décorés.
En Afrique, la tunique de touareg sert de véhicule à l'écrit et en Birmanie, les feuilles de latanier reprises à l'or utilsées en Birmanie constituent de vrais objets d'art.
De la plume d’oie au stylo bille
De la majestueuse plume d’oie avec tout le nécessaire à écrire, des encriers au taille plume en passant par les essuie plumes, les artistes se sont penchés sur ces objets utilitaires pour en faire de véritables œuvres d’art.
La plume d’oie fera de la résistance. Utilisée depuis le 9ème siècle elle nécessite tout un matériel ad hoc.
Réservés à une élite, ces objets utilitaires deviennent des objets décoratifs d’une grande créativitéqui ne déparent pas les intérieurs élégants des classes fortunées.
Encrier, taille-plume, essuie plumes (voir la très jolie collection d'essuie-plumes symbolisant les animaux de la forêt), nécessaire à écrire de belle facture rivalise de décors et d'imagination.
Et au Moyen Orient, les lettres servent également de motifs décoratifs à défaut de pouvoir représenter la figure humaine
Il faudra attendre le 20ème siècle pour voir l’avènement de la plume métallique dont la fabrication industrielle n’implique pas l’uniformité.
La diversité de modèles est impressionnante et elle sert de support aussi bien à de simples motifs décoratifs qu’à des messages de propagande politique.
Et puis adieu la plume ! Vive le stylo, le crayon et le stylographe !
Du poinçon à l’impression
L’imprimerie naît en Asie sur des planches de bois gravées au xylographe et se retrouve en Europe avec la typographie de Gutemberg qui à la fin du 19ème siècle et l’imprimerie donnera naissance à la machine à écrire.
Du parchemin médiéval à la planche calligraphique et du sceau au caractère d’imprimerie, la filiation est assurée.
Une très intéressante exposition pluridisciplinaire pour une belle découverte des civilisations à partir d'une thématique inattendue.
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