Un disque de Sparklehorse ça fait toujours plaisir. Ça permet au moins de savoir que Mark Linkous est encore en vie, et vu la nature autodestructrice du garçon, c’est assez miraculeux qu’il soit encore de ce monde.
Il y a quelques années, une mauvaise chute dans les escaliers en fauteuil roulant avait failli sceller le sort de cet éternel écorché vif, auteur compositeur surdoué mais imprévisible. Oh bien sûr, malgré cinq ans de silence, il n’a pas chômé, travaillant avec son pote déglingué Daniel Johnston (ça doit être sympa les après-midi entre ces deux-là : tu reprends un peu de valium ? Nan merci, j’ai déjà fini tout mon lithium…) Wahou !!!
Un autre signe particulier du bonhomme : sa parcimonie. En une dizaine d’années et de livraisons au compte-gouttes (quatre disques), Linkous a tout de même réussi à s’imposer comme le nouvel orfèvre de la musique pop du nouveau continent. Quelle improbable muse ou démons ont-ils fait sortir l’ermite de son mutisme ? Préparez-vous à être déçu : une basse broutille matérielle, il n’ avait plus de sous pour payer son loyer…
Dreamt For Lights Years in the Belly of a mountain est donc une semi-déception au vu de l’indéniable potentiel du garçon. On a l’impression d’entendre un gigantesque remix de ces précédents efforts. "Ghost In The Sky" est construit sur la même dynamique que "Piano Fire" naguère chanté avec PJ Harvey. Comme à son habitude Linkous égrène quelques morceaux folk aux forts relents de bourbon, très plaisants mais rappelant d’anciens morceaux.
Heureusement, quelques jolies pièces montées pop "Shade And Honey, Some Sweet day, Knives of Summertime" redonnent des couleurs à cet album pâlichon et fatigué comme un vieux cheval … Linkous enfin la grâce un peu tardivement sur le sombre et menaçant "Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain", suite d’arpèges épurés réverbérés et noyé sous un piano beau comme du Erik Satie…
Un peu décevant tout çà, mais quelques chroniques dithyrambiques et les petits soucis de loyer devraient s’arranger Mark… Par contre quand t’as le temps, tu sors un disque de tes travaux avec Fennesz, ça risque d’être un peu plus intéressant… |