Textes de Fabrice Malquiot, mise en scène de Jean-Pierre Garnier, avec Sylvain Dieuaide.
Le 11 septembre 2001 à 8h45, Bone se lavait les mains dans les toilettes d’une tour du World Trade Center quand l’instrument de la mort a jailli. Il est jeune, il aime Clue, il ne veut pas mourir. Il voit les corps se jeter dans le vide. Lui joue les funambules.
Fabrice Melquiot pratique une écriture extrêmement travaillée, belle, singulière, aussi rageuse que poétique, qui casse la syntaxe de l’écriture pour la conformer à l’essence de la pensée.
Avec "Je rien te deum", il explore la dilatation du temps et la prise de conscience de soi dans l’instant ultime, cet instant qui devient l’éternité, celui qui précède l’extinction de la conscience quand le corps est suspendu dans le vide au dessus du néant et que l’esprit cherche celui qui sera le dépositaire de sa survie. Pour une quête du salut qui passe par la parole, une parole transcrite par une écriture en boucle, pour que la vie ne finisse pas dans le vide du non-sens.
La mise en scène d’une évidence imparable de Jean-Pierre Garnier, épurée à l’extrême, pour servir le texte, et non se servir du texte, l'érige en véritable célébration.
Le jeune comédien au visage d’archange et au nom prédestiné, simple coïncidence ?, Sylvain Dieuaide, confronté au difficile exercice du monologue frontal, a cette fragilité et cette tendresse de la jeunesse indispensables pour incarner celui qui avait "un cœur encore à polir". |