Grosse
actualité pour Hood chez nos disquaires : un album (Structured
disasters), une compilation et une réédition en
un seul volume des premiers sept pouces introuvables du groupe sortis entre
95 et 98 sur différents labels bien inspirés (Orgasm, Orange,
555, Llove train, Earworm, Happy go lucky, Roket racer). Au total pas moins
de cinquante neuf titres dans ce double-CD qui permet d'approfondir encore notre
affection pour ce groupe qui ne connait pas le succès qu'il pourrait
très légitimement mériter (comme tant d'autres certes mais
bon là c'est criant).
Des titres très courts qui se réclament "lofi et fiers de
l'être" et qui vont droit à l'essentiel ou au superficiel,
mais en tout cas droit devant. Ce qui est le plus remarquable c'est toujours
ce coté inclassable déjà observé dans la discographie
"officielle" du groupe tâtant autant de l'indie-rock à
la slanted & unchanted, de la noisy-pop, des expérimentations plus
ou moins avant-rock et bruitistes, cette variété étant
poussée à son extrême pour notre plus grand plaisir.
Le défaut de ce genre de compilations réside souvent en effet
dans le volume d'information massif peu commode à ingérer, pourtant
ici malgré la quantité de titres différents la succession
de ballades informelles ou de bande son dégénérée
est assez (d)étonnante et en ressort contrastée et dynamique.
La clé vient sans doute du fait que ce n'est pas une compilation patchwork
mais bien justement la concaténation de huit quarante-cinq tours (comme
on dit de ce coté ci de la Manche), conservant ainsi toute la spontanéité
et l'authenticité du format court qui se suffit à lui même
et décrit à lui seul un univers et une espérance.
Je précise qu'il s'agit ainsi d'avantage de véritables mini-albums
plutôt que de singles agrémentés de B-sides censés
assurer la promotion d'un album comme on les rencontre plus couramment chez
les groupes établis. La bannière lo-fi n'aura jamais été
portée avec autant de fierté et de conviction que par la formation
de Leeds, certains morceaux tiennent curieusement davantage de la démo
que du titre abouti, l'approche étant de jeter sur le vinyl des propositions
musicales et de ne pas se perdre à vouloir les aboutir par une production
pesante et perdre alors la vitalité, l'évidence, l'évocation
et l'imaginaire associé.
Le résultat est confondant, c'est une vraie réussite : c'est
chaud, dur et surtout sincère dans un univers de rage, de désenchantement,
de foi et de simplicité. Un condensé très fort et réjouissant
qui enrichit la discographie du groupe disponible en format CD, mais peut être
pas la meilleure occasion d'entrer dans le monde multiforme et brulant de Hood.
On lui préferera alors la compilation pour une découverte plus
classique sortie en parallèle de ce recueil et elle aussi sobrement intitulée
: Compilations 1995-2002.
Dans tous les cas faites-moi plaisir découvrez les, vous ne le regretterez
pas.
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