Textes d’Henry Bauchau, mise en scène, adaptation et scénographie de Benoit Théberge avec Marie Delmas et Benoit Théberge.
Dans l’exigüe salle Lautréamont de la Maison de la Poésie, cave voûtée tout en pierres et totalement hermétique, se déroule avec la mise en espace des textes d’Henri Bauchau non pas un spectacle mais une immersion dans les territoires de l’inconscient, de l’onirisme et de la poésie.
A la manière de la discipline picturale du collage, Benoît Théberge a réuni des fragments de textes d’Henri Bauchau, écrivain, poète, dramaturge, peintre et psychanalyste, qui traite de l’inconscient, de la recherche de soi, de l’affect, de l’amour et de la mort et du désir immanent de la fusion avec la matrice originelle.
Acteur et metteur en scène, prônant la théorie de l’acteur organique, il opte pour une mise en espace singulière d’une intensité bouleversante et d’un esthétisme lumineux. A la parole véhicule de l’écrit, il adjoint la dramaturgie du corps qui développe la quintessence du sens.
Benoît Théberge est l’officiant qui proclame "Chaque matin entre ignorance et béton, je me prosterne devant rien", à la fois énigmatique, sensible et sensuel. Il s’essaie au franchissement de la porte de l’inconscient, tel un portique sacré de l’entrée du tombeau royal des pharaons, derrière le verre dépoli duquel se trouve celle du dedans, la belle, l’aimée, la muse, la sybille, l’âme, incarnée par Marie Delmas. Dans les lumières d'un ailleurs mythique, les énergies rayonnent, les corps se cherchent.
Avec ce spectacle très exigeant et très maîtrisé, il livre sans doute une clé pour aborder l'oeuvre complexe qu'est la prose introspective et la poésie de l'espérance d'Henri Bauchau.
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